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26 août 2006

Paris,je t'aime.

      Je l'ai vu, j'ai oublié de vous en parler. Alors voilà les petites pellicules tranches de tendresse à savourer. D'autant plus appréciable qu'avec l'amie qui m'a emmené au cinéma (Jiji!), nous nous sommes amusées en attendant la scéance, à observer les passants et à inventer l'histoire de leur vie.     

       Quand la ville lumière conjugue projecteurs et feux de l’amour de la passion, les Je t’aime tombent comme des pièces de monnaie. Chute tintante ou assourdie en un murmure. On en récupère en peu n’importe où, surtout dans les endroits incongrus. Les petites pièces de la comédie humaine s’enchaînent, rythme d’abord déroutant, puisque l’on voudrait se garder un petit instant pour rêver. Mais l’on s’adapte, et naviguer d’un univers à un autre devient un véritable jeu – de l’amour et du hasard. Il y en a de plus pour tous les goûts : de la douceur entre Nathalie Portman et son ami aveugle, jusqu’à une conversation acide entre un vieux couple divorcé, en passant par le doux-amer de l’homme qui se retrouve contraint d’aider sa femme atteinte d’un cancer alors qu’il voulait la quitter ; ou encore le morceau saignant du vampire séducteur (et qui m’a moyennement plût).
       Impossible de citer tout et tous ce(ux) qui plaît(sent), mais dans ce grand patchwork où brièveté rime avec intensité , chacun peut picorer selon son goût. Il est néanmoins conseillé d’aimer la sauce british/american, parce que si Paris est bien la capitale française, le french kiss se décline en langue anglaise, qu’il soit question de mots ou de référence à (la tombe d’)Oscar Wilde :
“Deceiving others. That is what the world calls a romance” Dès lors, il n’est pas étonnant que l’art de l’illusion et l’amour fassent bon ménage !

25 août 2006

Je suis un contraire - et tout son bon sens.

              Il y a un réel plaisir à ne pas faire les choses dans l’ordre qu’on leur a assigné. Pas forcément par goût de l’interdit (bien que l’esprit de contradiction n’y soit pas tout à fait étranger). Simplement pour bouleverser d’une naïveté facétieuse la morne routine. Sans la faire dérailler totalement. Juste la pousser un peu, qu’elle patine dans le vide un instant. Un instant qui ne sert à rien d’autre qu’à observer cette roue (du quotidien – soyons modeste face à la fortune et au destin) tourner en rond.
            Réellement, la crêpe* banane chocolat enrichie en glace vanille, chantilly et amandes effilées se goûte d’autant plus qu’elle précède la galette steak fromage. Les papilles papillonnent, butinent un nouveau miel qui n’est pas englué par le suc collant de la convention. De même, déguster des pépitos* alors que l’on vient de se réveiller à trois heures du matin – en jouant à la bataille corse- nous les fait découvrir sous un autre jour nuit. D’où le mystère des conversations qui filent sans problème la nuit. « Il faudrait dormir quand même », intercalé à intervalles réguliers, histoire de se donner bonne conscience. La condition du plaisir est le conditionnel. Je ne devrais pas donc j’aime.

* testé et approuvé  

21 août 2006

Ce blog va prendre racine

... pour modèle.

      Je sais que je deviens quelque peu ennuyeuse ces derniers temps, mais vous jugeriez de ma liste de lectures obligatoires que vous admettriez qu'on le peut être à moins. Ampoulé n'est-il point ? C'est que je suis noyée plongée dans tout ce qu'a pu produire de plus classique dans la littérature frnaçaise. Là je sors d'Andromaque, mais pas plus tard que ce matin, j'étais chez Molière à disputer avec son misanthrope d'Alceste. Puis il y a eu ces derniers temps quelques visites au Cinna d'Horace et à ce repoussant Bardamu. Amusements et grincements de dent, en somme. 
      
      Mais Racine... ce n'est pas à lui que je ferais la tête au carré.

        Par un mètre qui est parfois jugé pompeux

        Racine émerveille, ce n’est pas dire peu.

        Suite de douze pieds pour une seule main

        De maître qui administre maintes destins,

        Le vers du dramaturge se montre éclatant,

        Révèle pour chacun un dessein transparent.

        A un rythme enlevé s’élèvent les passions

        Qui grondent et s’amplifient avec déraison,

        Qui oscillent et mettent en balance l’honneur,

        Avec les jours, la vie, sans parler du bonheur

        De personnages nobles ou encore courageux.

        Ceux-ci sont à un tempérament orageux

        Par l’éclair d’un regard amoureux condamnés :

        Quand bien même leurs feux sont pour madame nés,

        Ils n’osent aimer celles qu’ils ne veulent haïr,

        Tandis qu’à la honte ils préfèrent périr.

        C’est vous, ô ! Grands dieux ! qu’ils ne cessent 
                                                             [ d’invoquer,

        Que je blâmerais pour ces drames provoqués,

        S’ils n’avaient pas été source pour le génie

        Ainsi que pour mon bon plaisir, je ne le nie.

                       Point, c’est entendu.

 

10 août 2006

Le ciel est bleu Klein ce soir

            Ciel !

           

 Il y a quelques soirs de cela, j’ai ouvert ma fenêtre pour fermer les volets et là, ça m’est venu out of the blue : « Le ciel est bleu Klein ce soir. » Je ne cherchais pas une docte comparaison ou métaphore parnassienne ; je l’ai reçu de plein fouet. Rien de bien grandiose, il est vrai,  mais il est tout de même surprenant que des références « culturelles » s’ancrent à ce point en nous… Surtout une de la sorte que j’assimile à du foutage de gueule. Bien qu’il soit possible que je manque de maturité, je ne vois pas en quoi une toile uniformément enduite avec une couleur –aussi profonde soit-elle- puisse être une œuvre d’art. On l’a décrétée telle et c’est cette assertion même qui l’a consacrée et élevée au rang d’œuvre. A se demander si l’artiste lui-même y croit ou s’il entretient une illusion très rémunératrice.

 

                 C'est gentil tout ça...

          

            Cette réflexion (minime, je suis en vacances tout de même !) fait écho à un article que j’ai lu il y a quelques jours dans Philosophie magazine (Là, après Proust, je crois que je signe l’arrêt de mort de ce blog. Si vous en êtes déjà à l’extrême-onction, may you R.I.P.)
Ouvrez les manuels p.20 pour ceux qui ne regardent pas par la fenêtre (autre que celle de Windows s’entend). Je lis le chapô pour situer rapidement : « En matière de culture, qu’est-ce qui fait événement ? La quantité ou la qualité ? Le battage autour du film Da Vinci Code plaide pour la seconde réponse. Pour Pierre Jourde, il est temps de respecter le public : les médias ne doivent pas fonder le réel mais l’interpréter. »
           Je ne me prononcerai pas sur le film que je n’ai pas vu. Aussi voici le paragraphe qui m’intéresse : « L’événement a cessé de tenir au fait, il est événement parce qu’on le dit. I réside tut entier dans le discours. […] Au moment où m’on dit que le fait est un événement, il le devient. Nous arrivons donc à cette définition : un événement est ce qui est déclaré tel par les médias. Ce qui implique [que] publicité et journalisme sont une seule et même chose [et que] le rapport du réel et du discours s’inverse. »

Pour vous dédomager de la peine que je vous donne avec de tels articles, je voulais vous offrir un extrait de conversation msn concernant le choix de la photo, mais j'ai fermé la fenêtre avant de penser à sauvegarder.
* boulette forever *
Attendez, je me souviens de deux répliques ("réplique" parce qu'on aurait pu croire à du théâtre de l'absurde) :
Dre - C'est plutôt joli cette couleur orange sur le violet [Dre au passage, à quand les lunettes ?]
Moi - Je dois dire que je n'avais jamais remarqué avant. Faut dire que les volets ne sont pas vraiment de nature à m'inspirer des envolées lyriques, vois-tu...
Dre - Sans blague...
Dre - C'est dingue !!!!  [Le niveau de nos conversations aussi... mais que voulez-vous ? Great minds think alike.]