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24 juillet 2006

Le manuel du parfait chasseur de petits rats - vol. 2

Ou comment l’approcher

       Le moyen le plus sur de l’observer est sur scène, là où il est apprivoisé. Le phénomène est alors magique, se garder de toute analyse et de tout esprit critique.

 

Dans la rue
        Le repérer est très difficile, hormis le cas exceptionnel de l’opéra. Les autres peuvent cependant être soupçonnés lorsqu’ils sortent d’un cours, à leur démarche sénile qui cherche à éviter de bouger leurs articulations douloureuses. L’affalement est ensuite notoire dans les moyens de transport. Vous pouvez en apercevoir un dans l’attente d’un feu vert pour piétons, s’il balance sa jambe en attitude à la seconde (en remontant le genou vers l’épaule) ou s’il se balance sur le côté, mains sur les hanches avec une jambe décollée du sol : il se fait craquer la hanche. Moment ô combien délectable. Passons. Il peut également faire le héron, ce qui se traduit ici par l’étirement de la cuisse.
Si vous avez beaucoup de chance, le petit rat se trouvera sur le chemin de son cours et sera donc muni d’un chignon. Il sera alors très facilement reconnaissable (surtout s’il court, le petite rat est souvent un peu juste).

 

Aux abords d’une audition
         Cet endroit constitue un terrain de repérage rêvé pour tout amateur de rat. On y trouve la raideur manche à balai due au stress et surtout la fameuse marche des canards. Eh oui ! De même que les paons font la roue, le rat laisse cette curieuse esbroufe au gymnaste et parade ridiculement en-dehors (du propos) pour impressionner ses petits concurrents. Mais le rat n’est pas toujours aussi impitoyable qu’on le dit. Il sait être solidaire et se sauver de concert lorsque le navire prend l’eau ; c’est-à-dire quand il échoue plus ou moins lamentablement, ce qui ne manque pas d’arriver en raison du nombre restreint de places disponibles – quand des rats rapaces ne les ont pas déjà accaparées par audition privée, hem. Sales bestioles.
          Avant l’audition, en bus ou à l’hôtel, le petit rat donne des petits coups de tête pour repérer ses congénères. Il fera alors montre de petits yeux inquiets. S’il s’agit d’un pestiféré il aura l’air d’une fouine. (Le rat ne montre pas souvent les dents, mais il n’est pas non plus tendre).
          Après l’audition, il est très probable de le voir pleurer à chaudes larmes de crocodile, escorté par ses géniteurs ou plus sûrement sa mère poule. A votre avis, pourquoi le haut du théâtre s’appelle-t-il un poulailler, hein ?

 

En stage
          Du concentré de rats à observer. Dès l’extérieur, il se repère grâce à son gros sac. Comme l’escargot, le rat trimballe son capharnaüm avec lui. Dans une énumération à la Prévert : tickets de bus, horaires de cours de l’année dernière, paquets de mouchoirs ; des tuniques à gogo parce qu’on ne sait jamais laquelle choisir mais surtout parce qu’il est impératif d’en changer souvent (et d’essorer la précédente- j’exagère à peine) ; des demis pointes trouées dans lesquelles on se sent comme dans des chaussons (pas étonnant, c’en sont) ; une paire de pointe en cours qui a connu quatre cours et dans un temps égal sera dans un état de décomposition avancé, une encore toute bonne à finir mais qui en réalité en est déjà au stade avancé de décomposition (stade beurre mou par canicule) et des toutes nouvelles qu’il va falloir briser ( et fait de quoi ce sont plutôt les pieds qui sont brisés au premier essayage).  A quoi s’ajoute une serviette pour les gouttes qui roulent dans le dos comme des petites perles de rocaille, ou au coin de l’œil –hum… ; du dédorant ; de la laque les jours de grandes occasions, des filets, des pinces qui disparaissent mystérieusement de leur boîtes et dont on retrouve quelques survivants en farfouillant au fin fonds du sac (alors que l’on est pressé, il va sans dire) non sans se piquer à l’aiguille qui dépasse du nécessaire à couture -en cas d’extrême urgence ; un peu de maquillage beaucoup pour certaines ; téléphone ; bouteille d’eau ; pansements ; argent ; brosse à cheveux… Le tout sans dessus dessous.
          Avec sa maison, le rat va donc au stage. Une aubaine pour le chasseur puisque le terrier est parfois prêt à excepter les visiteurs et  épater la galerie. Les cours sont bondés, ça bat, frappe, brosse, fouette, saute et tourne de toutes parts. Le rat fait ici la rencontre de ses pairs. Il en connaît toujours plus ou moins quelques-uns et chuchote sur les autres. Tout se sait. Il n’y a que la désignation qui ne soit pas toujours facile : « Tu vois, elle, là-bas, avec le chignon (vachement identifiant), celle qui se place, là, mais siiiii, celle avec la tunique, le short et le collant noir, non pas la brune, la blonde, là, oui elle… bah elle rentre en deuxième division ». Suit généralement un petit juron d’admiration, un soupir de langueur –« mais pourquoi je ne suis pas comme ça ??? »- et un « hm » conclusif.

En stage, le rat enchaîne les cours et rentre totalement exténué. Là, il est facile à attraper… mais il n’a alors plus rien de tout ce qui fait sa légende.

23 juillet 2006

Le manuel du parfait chasseur de petits rats - vol. 1

Ou comment apprendre à le connaître

Description du petit rat
       Il convient d’emblée de procéder à l’identification de cette espèce qui se décline en plusieurs races. Vous avez le vrai petit rat qui occupe l’école de danse de l’opéra national de Paris. Celui-ci est reconnaissable à son coup de pied à pâlir d’envie, ses jambes interminables, sa ligne filiforme à tendance vraiment maigre mais surtout à un port de tête made in Opéra de Paris, reconnaissable entre mille. En étudier quelques-uns vous fournira un modèle parfait pour l’ensemble – qui par ailleurs est assez réduit, puisque l’exceptionnel est par définition rare. Vous avez ensuite à l’opposé de l’échelle, le petit bout qui rêve au petit rat. Il se reconnaît à sa panoplie rose bonbon et affectionne particulièrement les portes-clefs souris en tutu, les tuniques à froufrou et tout ce qui ressemble de près mais aussi et surtout de loin à un nœud (rose, est-il besoin de le repréciser ?). Au milieu se trouve la danseuse (le cas de l’opéra étant mis à part). En cours de danse, il se remarque par sa tenue, ses jambes musclées, sa grâce et autres clichés connus de tous. Mais il est beaucoup plus difficile à repérer hors de son environnement naturel. Car contrairement à la légende – je vais détruire un mythe- le rat ne marche pas comme un canard h24. Et quand bien même il marcherait ainsi, la comparaison avec ce vilain petit volatile serait fort éloignée du noble cygne qu’il s’efforce d’imiter. [Bien qu’à mon humble avis, une danseuse accomplie soit plus gracieuse qu’un cygne, m’enfin…]

La tenue
        Traditionnel et presque incontournable : le chignon.
Attention, le tutu est réservé à la scène –sauf dans Billy Eliot. Les cours se prennent en collant et justaucorps, plus souvent désigné par le générique tunique. Les couleurs pastel –à forte tendance transparente une fois trempées de sueur- sont le plus souvent réservées aux auditions, aux petits et aux filles de l’Opéra. Les couleurs foncées sont affectionnées, de même que tout ce qui dissimule –parfois de manière purement psychologique- les formes de vacances : collant noir, mini short de la même couleur, chauffe (-muscle) , aussi connus sous le nom de pingouins, pyjama (précisons que le cache-cœur, ce n’est plus ça côté cœur, il n’a plus cours pour des raisons thermiques). Les superpositions sont les bienvenues, ainsi que les T-shirt customisés : non pas pailletés de toutes le couleurs, bande de fashion victims, mais découpé en décolleté (danseuse) à l’arrache, avec une paire de ciseaux (empruntés à machine dans le but premier de se couper une bande de pansement ou le fil qui a recousu vite fait mal fait l’élastique ou le ruban qui vient de se désolidariser à la dernière minute du chausson). 

Langage et mode de pensée
           Certaines paroles peuvent étonner le novice. L’exemple le plus flagrant est sans conteste l’oxymore de type « Ouille, aïe, aïe, ça fait du bien » alors que le sujet est dans une position abracadabrante et semble totalement désarticulé – ce qui n’est pas sans arracher une petite grimace de douleur au spectateur – qui elle-même n’est pas sans faire sourire le petit rat. Car le petit rat vu de l’extérieur a un léger penchant masochiste. Non qu’il aime délibérément la douleur, mais qu’il l’approuve puisqu’elle est la marque indubitable de l’approche d’un dépassement de soi-même et par là d’un progrès. Ce qui fait plaisir n’est donc pas la douleur, mais le contrôle que l’on reprend sur son corps. Oui, le petit rat est subtil.
            Un " Ouille, aïe, aïe, ça fait maaaal "  pourra également être entendu mais dans les vestiaires ou loges. Il s’agit alors de l’étape cruciale du dénouement de chausson (de pointe bien sûr). Quand on est maso, on l’est jusqu’au bout (des orteils). La surprise est rarement en reste suite à la variété du résultat : le pied peut-être rouge, blanc livide, écorché, ampoulé, cors(s)é, saignant ou à point (pour les tongs). La plus grande surprise consistant à la retrouver exactement comme avant. Les désagréments sont cependant nettement diminués par l’usage de protège pointe (protège pied ce devrait être, m’enfin…) en silicone.
            D’autres paroles peuvent surprendre, d’autant plus que le rat est réputé être un animal fuyant l’eau : « Hier, on a fait le poisson du lac ». Non que le petit rat se soit payé une excursion de pêche au gros, mais qu’il ait effectué le porté appelé poisson dans un extrait du ballet le lac des cygnes. Le décodage n’est pas immédiat mais on peut y  parvenir à force d’entraînement.  
             Le petit rat pratique également le langage des cygnes signes, puisqu’il marque. C’est-à-dire que pour marquer dans sa caboche les pas qu’il doit rapidement retenir, le petit rat ménage ses pattes de derrière et bidouille avec celles de devant. Il apprend ainsi l’enchaînement de pas sans trop se fatiguer. Les mains reproduisent les mouvements des jambes, dans un langage compréhensible par tous ses pairs et pourtant non codifié. Les mains qui se croisent devant derrière pourront ainsi marquer un changement de pieds. Quand le poing fermé index en l’air tourne sur lui-même, il indique le tour ou pirouette. S’il est associé à une élévation de l’avant-bras, il peut s’agir d’un tour en l’air pour ces messieurs –parce qu’ils existent bel et bien, nous y reviendrons peut-être plus tard. S’il dure longtemps, la gorge du petit rat se serre, l’exercice s’annonce périlleux en raison d’un nombre anormalement élevé de rotations. Et un mouvement de la main vers ou par-dessus l’épaule de signifie pas « je m’en balance » mais grand battement devant. Ainsi de suite. Ce langage se double parfois d’onomatopées difficilement retranscriptibles : tadam padam paaada tatidda dattida. Gare aux quiproquos.

Nota bene : ceci n'est pas exhaustif ni exempt d'exception. A commencer par ma Vivie (ou Jiji) adorée.
Prochain volume : comment approcher le petit rat.

14 juillet 2006

American [lack of] logic

... ou d'une certain logique outratlantique.

      Le chaud-froid y a une place spéciale. Ceux deux notions sont deux faces dont on ne semble pas soupconner qu'elles constituent une seule et même pièce. Ca démarre ainsi : les Américains veulent climatiser le subway -nan, pas le fast food, morfales. Ils font donc. Mais pour ce faire, l'on dépense de l'énérgie et celle-ci produit de la chaleur qui est rejetée dans les couloirs. D'où le besoin de descendre encore la température dans la rame. D'où une chaleur plus forte dans les couloirs. D'où l'on finit par passer d'une étuve étouffante à un frigo glacial. CGFD. Je croyais que le but était d'avoir du frais, pas de la climatisation. A quand le retour des éventails ?

      Egalement disponible : le muffin allégé en matières grasses. What's the point about it

10 juillet 2006

Rafraîchissement par l'image

Strike the pose