20 juin 2011
Billancourt de recréation
Un archipieds dans la ville où j'ai vécu plus de dix ans ? Il était tentant d'y retourner avec une toute nouvelle perspective – je ne parle pas des centimètres que j'ai pu prendre mais de la visite architecturale qu'avait concoctée Denys. Aucun accès de nostalgie à déplorer, puisque c'est la partie Billancourt de Boulogne que nous avons arpentée, dans laquelle je ne m'aventurais guère à l'époque et pour cause : c'était le domaine des usines Renault, dont il ne reste plus grand-chose aujourd'hui, hormis quelques façades-souvenirs. En quelques années, des immeubles modernes plus ou moins hallucinants y ont poussé comme des champignons.
La plupart abritent des bureaux (je veux bien travailler dans celui qui est concassé, pardon profilé, en bas) mais il y a aussi bon nombre d'immeubles d'habitation. Il est résulte un quartier-dortoir qui manque singulièrement de vie... toute entière concentrée dans un parc où la marmaille ne dépasse pas le mètre de hauteur mais compense par le nombre – d'où les quatre ou cinq crèches aménagées dans le quartier, quand il est difficile de trouver une seule boulangerie. Moi qui me disais que ce serait plus vivant lorsque les immeubles seraient habités... Le quartier ressemble un peu à ces intérieurs impersonnels où trois bibelots, deux livres et un bouquet de fleurs luttent contre la blancheur vide qui les entoure. La tranquillité laisse une impression de demi-teinte et les immeubles-triplés or, bronze, argent d'un petit ensemble me semblent davantage relever du jaune, de l'ocre et du pas fini de peindre.
Je n'y habiterais pas (ou alors dans un de ces appartements avec des panneaux oranges – et violet, souligne Palpatine) mais la vue est agréable depuis le parc qui fait face à l'île Seguin (toujours vide) et d'où l'on voit une grosse maison de verre posée sur un cube de carrés blanc, noirs et marron, lui-même empilé sur un gros rectangle minéral. Cet ovni mis à part, le parc me fait assez penser à celui d'Ivry, juste à côté de chez Palpatine, et tandis que l'on sort par un portail similaire, entre des panneaux de bois, il me fait remarquer que tous les bouts du monde vont finir par se ressembler. Effectivement, en ressortant vers les grands bâtiments de bureaux, les larges trottoirs et les rares commerces (« restauration rapide responsable » : rire pour ce fast-food sain) j'ai un peu la même impression qu'à Bibliothèque François Mitterand ; ces endroits dans lesquels on aime le vert en fer et gris. J'aime mieux mon béton troué de platanes et les curiosités qui se cachent entre deux immeubles d'une ville sans urbanisme (comme cette fontaine-bassin avec son petit pont, un grand pin et de petites pelouses interdites qui m'ont rappelé mes fins d'après-midi après la sortie de l'école) ; j'y rêve les gens moins urbains mais plus civilisés, avec des relations sociales un peu moins froides que ne le laissent envisager toutes les brillantes variations sur le carré que nous avons pu admirer.
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23 février 2011
Se gaufrer à Bruxelles
Souvenir de voyage
Ce week-end, j'ai mangé une pomme. Inutile de déguiser, elle avait le même goût que d'habitude. Il a plu, j'ai eu froid, j'en avais assez d'avoir l'air d'un sac à patates, je suis partie en jupe, j'ai eu très froid, la batterie de mon appareil photo s'est révélée n'être pas compatible avec celle du modèle précédent de Palpatine, j'ai râlé, j'ai eu froid, je lui ai piqué son appareil, la section moderne du musée des Beaux-arts était fermé pour rénovation, je n'ai pas vu les tableaux de Khnopff, qui comptaient pour un tiers de ma motivation (gaufre et Magritte pour les deux autres), je me suis fait avoir avec les contingents de place du musée Magritte, je n'ai eu qu'une heure pour le visiter, j'ai encore eu froid, la nuit tombait tôt sur la brume et la bruine, la ville n'est pas très souriante en-dehors de son centre, j'ai eu froid et j'ai été épuisée.
Pourquoi faudrait-il toujours réussir tout de son voyage ? Quadriller la ville pour avoir tout vu et surtout rien loupé ? Aimer ce qu'on découvre plutôt que la découverte ?
De ce week-end, j'ai peut-être préféré le voyage à la destination / la fin d'après-midi et la fin de la nuit à l’hôtel dans les coussins adossés au miroir / la chemise à boutons de manchette de Palpatine / le brunch au saumon, fabuleux œufs brouillés, thé orangé et brioche aux morceaux de sucre, partagé avec Ariana / ce plaisantin rêveur de Magritte / le livre un peu daté mais enfin sur Khnopff / l'attente d'une averse musardée dans une boutique de Cds classiques, musique religieuse, et juste en face, les vitraux d'une église / feuilleter les dessins de Khnopff dans une salle commune de l'hôtel / attendre sur un fauteuil-caisson que l'opéra d'Ariana et Palpatine se finisse et les achève, tandis que je somnole en toute bonne conscience de touriste épuisée, entre les voix qui traversent les murs et les ouvreurs comme des garçons de café qui s'ennuient.
Je suis pessimiste, dit Palpatine et je trouve ça curieux quand on parle du passé immédiat (perfectionniste, plutôt, lorsque le moindre détail peut défigurer l'ensemble). Mais il suffit qu'il s'éloigne un peu (le passé immédiat, pas Palpatine) pour que je puisse dire qu'il est bon de se gaufrer à Bruxelles et que c'est rendre hommage à cette ville que d'imiter sa spécialité1.
22:31 Publié dans Cheese ! *flash*, La souris-verte orange, Souris des villes, souris des champs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, bruxelles, photo, boulet power
La Belgique, aller et retour
21:31 Publié dans Cheese ! *flash*, Souris des villes, souris des champs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bruxelles, voyage, photo
Gaufre de Bruxelles
Mais non, je ne vous ai absolument pas floués avec le titre de ce post : ne voyez-vous pas les alvéoles carrées de la gaufre dans toutes ces fenêtres à petits carreaux des façades de la Grand Place ?
N'ayez aucune crainte pour ma santé mentale morfale, je n'ai pas manqué de manger une vraie gaufre ; il ne va pas neiger, c'est déjà fait :
Gaufre au sucre, donc. Croustillante à l'extérieure, brûlante et à peine cuite à l'intérieur, comme un de ces chichis qu'on ne trouve qu'à Sanary, parce que "chez Noune, les chichis ont un goût de paradis". Les madeleines peuvent aller se rhabiller.
21:22 Publié dans La souris-verte orange, Souris des villes, souris des champs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, bruxelles, morfale power