22 février 2012
Danser sa vie ou viv(r)e la danse
Première fois que je mettais les pieds à Beaubourg (c'est le moment de vous indigner). Et dernière fois que j'irai en talons. Soucieuse d'éviter les pavés, hostiles, je me suis rabattue sur les dalles sans voir qu'il n'y avait pas de joints entre elles. Résultat : un talon enfoncé dans un intervalle, un bout de nubuck arraché. Sur des chaussures neuves, tout va bien. Je vous raconte ça pour vous faire partager mon désarroi, mais également pour ne pas oblitérer une circonstance de moindre bienvaillance envers Beaubourg et ses entrailles artistiques. Car, autant vous le dire tout de suite, l'exposition m'a intellectuellement intéressée, mais elle ne m'a pas donné cette sensation si particulière aux musées de liberté et de malléabilité de l'esprit, cette sensation de rafraîchissement qui fait tout l'intérêt du Savon de Ponge. Quel dommage que là où il est question de l'art du mouvement et des corps, le déclic propre à nous dérouiller soit absent et nous prive de cette sorte de délassement si agréable.
L'exposition manque clairement d'un fil conducteur, au-delà de la structuration temporelle et stylistique. Ni vision de la danse à travers les arts plastiques ni influence de celle-là sur ceux-ci ou de ceux-ci sur celle-là, Danser sa vie annonce une persepctive qui ne correspond en réalité qu'à la première partie, axée sur la danse comme expression de soi. Pour ce qui est de l'abstraction (2e partie) et de la performance (3e partie), il faudra m'expliquer. A moins de se vouloir la métaphore simpliste de la répétition mécanique du quotidien moderne, je vois mal à quelle vie pourrait bien faire référence la géométrie en carton-pâte du Bauhaus, et je doute que la danseuse de Fabre qui se roule dans l'huile, entièrement nue et les jambes si bien écartées que l'érotisme l'est aussi, ait quoi que ce soit à nous faire découvrir en dehors de son anatomie.
Je râle, je râle, mais j'y suis tout de même restée trois heures, à cette exposition. Ma déception vient peut-être de ce que j'ai découvert derrière les grands noms des débuts de la danse moderne/contemporaine. Les masques grimaçants de Marie Wigman, les rondes de Rudolf Laban, les sautillements d'Isadora Duncan dans la nature, rien de tout cela ne m'émeut. Je les vois comme des passages nécessaires pour ouvrir la voie à d'autres chorégraphes, des curiosités historiques plus qu'artistiques. En revanche, la danse de Loïe Fuller est hypnotisante. Enfin, les danses qu'elle a inspirées, puisqu'elle a refusé de se faire filmer -- ce qui n'est pas toujours une mauvaise chose, il suffit de voir Anna Pavlova et ses battements d'ailes affolés que ne renieraient pas les ballets de Trockadéro pour se convaincre que le talent de l'interprète peut être occulté par l'évolution technique de la discipline. Rien de tel pourtant dans le cas des danses fulleriennes ; même la colorisation du film sur pellicule n'ôte rien à la poésie du mouvement, au contraire. Je comprends mieux les exaltations de Mallarmé devant ces voiles plus fascinants que les flammes d'un feu de cheminée : tantôt fleur, la danseuse s'ouvre, tantôt la plante carnivore la dévore, la faisant brusquement disparaître -- métamorphose continuelle.
Photo chipée ici.
De la première partie de l'exposition également, des sculptures miniatures de Rodin. Son Nijinsky colle bien au Projet Rodin de Maliphant (chronique à venir), mais c'est une autre pièce, sans titre précis, qui m'a tapée dans l'oeil : avec le bras qui enserre le genou ramené vers soi et la tête inclinée sur l'épaule, cette statur donne davantage le sens du mouvement que bien des vidéos diffusées dans les salles. Amusant à ce propos, d'ailleurs, de noter que l'encastrement dans le mur des écrans donne à ces télévisions, et à ce qu'elles difusent, la légitimité d'une oeuvre picturale encadrée et accrochée.
Je passe vite sur le Sacre du printemps de Pina Bausch, dont la captation n'égalera jamais le spectacle (même la répétition) ainsi que sur L'Après-midi d'un faune, que j'ai eu l'occasion de voir à l'opéra, et m'arrête devant une chorégraphie d'Anna Teresa de Kersmaeker en pleine nature : proximité de l'étang ou parenté d'un mouvement sec du poignet avec les cygnes de M. Bourne, le canard s'impose en idée peu volatile (mais une danse des canards par Anna Teresa de Kersmaeker, quoi). On ne peut pas dire non plus que cela m'en bouche un coin coin.
Vient s'ajouter à mes enthousiasmes une peinture à moitié abstraite d'un bal dont je m'étais promis de retenir le nom et que j'ai évidemment oublié : les formes font émerger des couples qui se fondent dans le mouvement des couleurs. Allers et retours de la forme à l'informe, la danse est là.
La leçon de William Forsythe est un régal, qui explique, traits virtuels à l'appui, façon La Linea, comment se construit le mouvement à partir de lignes dessinées par ou dans le corps. Ligne de l'avant-bras, ligne établie dans l'espacement des deux coudes, ligne que l'on dessine en creux, en l'évitant tout en l'approchant au plus près (du limbo artistique, si vous voulez)... (dessins obligent ?) on voit parfaitement ce qu'il veut dire, et quand on le voit, on n'a aucune difficulté à le ressentir ; les lignes deviennent des ondes de choc. Voilà le genre de démonstration qu'il faudrait diffuser pour rendre la danse lisible et accessible par tous. Pas de discours métaphysique, c'est simple, efficace, on comprend le principe, on apprécie.
Un extrait de The show must go on de Jérôme Bel nous permet de retrouver Cédrix Andrieux (dans le coin, côté cour). Les danseurs immobiles en arc de cercle qui se mettent à gesticuler quand se fit entendre le refrain Let's dance !, je n'y peux rien, ça me fait marrer. Tout comme d'observer que, malgré la palette de mouvements dont est capable un danseur professionnel, lorsqu'ils se mettent à bouger comme en boîte de nuit, c'est toujours selon un petit nombre de mouvements définis, qui se combinent en séquences répétitives. Quelques mouvements trouvés par le corps selon ses facilités (petits sauts, flexions très ancrées dans le sol, déhanchés... il y a toujours une dominante) et adoptés selon les personnalités (plus ou moins timide, expansive, extravertie...). Très amusant.
A la fin de l'expo, crevés, Palpatine et moi nous sommes affalés à proximité d'un grand écran où était projeté une chorégraphie de Lucinda Childs sur un morceau de Philip Glass (Amoveeeeeeo), à peine audible, diffus dans la salle comme s'il venait d'un autre écran. Une danse aussi minimaliste que la musique, à base de pas chassés et de temps levés, épicée de temps en temps par un contretemps/changement de direction en quatrième avec des bras classiques. Cela pourrait être lassant mais c'est hypnotisant, et mieux : délassant. Cette danse vive qui tourbillone lentement dans l'espace m'évoque par son obstination les derviches tourneurs. Palpatine, lui, y retrouve les sautillements des disciples d'Isadora Duncan. Pas faux ; je me rends compte que, transposés de la nature à la scène, j'en goûte mieux l'art(ifice). Et que ce genre de parrallèle, précisément ce que l'on peut attendre d'une exposition, fait défaut à celle-ci. Que cela ne vous empêche pas d'y aller (et bien accompagné, pour le coup).
18:43 Publié dans Souris de médiathèque, Souris d'Opéra | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : danse, exposition
21 février 2012
Inanna, x nanas
Le matin de ce spectacle, je lisais à la BU la préface d'un livre plus vieux que moi, consacré à Pina Bausch et à son travail. Le matériau nécessaire pour chorégraphier, elle l'amassait en posant des questions, souvent intimes, à ses danseurs. Et je suis tombée en perplexité devant celle-ci : "A quel moment vous êtes-vous senti un homme ou une femme ?" Soit je n'en suis toujours pas une, soit le statut est trop diffus pour s'être statufié en un instant précis. J'ai spontanément pensé à la fois qui, au cinéma, aurait déclenché le "ma fille est devenue une femme" (sur le mode, tu quoque, me filia), mais je l'ai rapidement écartée. Trop simple, la fille faite femme au contact de l'homme, comme si le genre se formait à la manière des micelles. Quoi alors ?
Les robes ? les talons ? la maternité ? la séduction ? Carolyn Carlson joue de tous ces états, et de ces robes, robe portefeuille qui découvre un cul à l'air, robes de chambre qui s'ouvrent sur une évocation de la geisha, robes de ménagères ou de ménage, robes légères, robes printanières... Lorsque pantalons il y a, les talons prennent le relais et donnent lieu à une scène titubante de Bambi sur échasses. Les poitrines* rembourrées se disséminent dans tout le corps, formant genou cagneux ou gros points de côté. Mais l'esquisse de vieillesse est bientôt esquivée, et les talons d'Achille redeviennent des symboles de féminité. Plus d'équilibrisme, c'est à présent au sol que rampent ces courbes longilignes, cambrées, déployées, à contrejour sur le fond doré.
L'absence d'homme fait apparaitre tous les artifices de la féminité comme le propre du gynécée : rien de tout cela n'est vraiment destiné au regard de l'homme, tout est là non pour plaire mais pour jouer. Les faux seins ? Des balles qui dégringolent et rebondissent. Les talons ? Des échasses déguisées. Le mont de Vénus inversé sur lequel grimpent les danseuses et d'où elles se laissent glisser, tête en bas, avec des rires spasmodiques ? Un toboggan orgasmique. Et même lorsqu'une femme berce un nourrisson imaginaire et fait la mère, l'autre fait l'enfant, allongée par terre, glapissant. La femme n'est pas la compagne de l'homme, mais celle de la fille, qu'elle a été, qu'elle élève, qu'elle nourrit, qu'elle est toujours, qu'elle retrouve en elle, qu'elle ne cesse d'être.
Alors, s'il devait y avoir une image de ce qu'est la femme, ce serait cet instant juste après le début du spectacle, qui aurait tout aussi bien pu le clôturer : une danseuse, que j'ai eu par la suite, une fois l'état de grâce passé, toutes les peines du monde à reconnaître parmi ses six compagnes, saute toute droite, les pieds parrallèles, les cheveux en point d'exclamation, elle saute, elle saute encore, elle n'arrête pas de sauter -- à tel point qu'elle ne saute plus, elle rebondit et dans ce rebond permanent, ses expressions se heurtent, se rencontrent, se mélangent, elle se métamorphose : timide, pudique, rayonnante, les mains qui cachent son visage, qui le découvrent en ouvrant le rideau de cheveux, qui se tiennent jointes au bout des bras tendus, en haut des cuisses, excuse, désir innocent, les cheveux libres, la masse défaite, soufflée autour du visage, enfant, femme, fille, femme enfin. Le reste, souriant, superflu.
Pour des photos, allez voir le portefolio de Mélanie Skriabine.
* Ces poitrines-protubérances font encore écho à ma lecture du matin. Pour Pina, elles ne prennent leur sens qu'avec la maternité ; bien sûr, on sait à quoi ça sert, mais on se promène avec sans y penser. Au point que lorsqu'on fixe son attention deux secondes (il ne s'agit pas de reluquer, messieurs, mais si ça vous fait plaisir...), comme dans Inanna, ces bosses deviennent aussi surprenantes que celles, directement incongrues, des costumes de Scenario, réalisés par Comme des garçons pour Merce Cunningham.
17:12 Publié dans Souris d'Opéra | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : danse, chaillot
16 février 2012
J. Edgar
Le FBI, du groupe parallèle parasite à l'institution tentaculaire.
Un homme assez peu sympathique, qui fait confiance instantanément, à l'instinct, et vire de même, à la gueule du client.
Son second beaucoup plus amène, pour amadouer le spectateur.
Une amourette de jeunesse esquissée, un enlèvement d'enfant, la vieillesse homosexuelle - faibles tentatives du film pour faire pièce aux intrigues politiques.
Une obstination qui force l'admiration et la détruit : soif de pouvoir. Réécriture de l'histoire : le procédé de falsification du vainqueur falsifié en humaine faiblesse.
Le second vieilli en lézard. Vérité nue du maquillage : trop de taches.
20:44 Publié dans Souris de médiathèque | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma
15 février 2012
Elles
Elles n'est pas un film sur la prostitution estudiantine. C'est un film sur une rédactrice d'Elle (ou tout autre magazine féminin) qui fait un papier sur la prostitution estudiantine, nuance. Il ne s'agit donc pas tant de décrire une réalité que de montrer la difficulté qu'on peut avoir à l'admettre. Je dis on parce que même sans être une bourgeoise du XVIe arrondissement, je suis par les préjugés de mon éducation plus proche d'Anne, la journaliste, que de Charlotte et Alicjia, dont j'ai pourtant l'âge et le profil d'étude. Préjugés : pas nécessairement un jugement préconcu et moralisateur, plutôt une absence pure et simple de jugement. Ni pour ni contre la prostitution (contre le proxénétisme en revanche) a priori, je l'associe pourtant spontanément à une activité déplaisante. Une spontanéité à base de media et du jus de corps dans lequel on baigne dans le métro, probablement. Dans une rame, combien d'hommes supporterait-on comme clients ? Vu sous cet angle, le jeu de "qui est baisable ?" n'en reste pas un très longtemps...
Pourtant, les deux étudiantes, si elles ne prennent pas nécessairement leur pied à chaque fois, ne prennent pas pour autant leurs jambes à leur cou. Leur aplomb désarçonne Anne, qui s'était préparée à recueillir le témoignage (i.e. la complainte) de jeunes victimes et se retrouve face à deux business women bien dans leurs baskets. Le propos de Malgorzata Szumowska, la réalisatrice, n'est pas de dire que la prostitution est une activité idyllique (une scène complètement traumatisante où Charlotte se fait sodomiser avec le goulot d'une bouteille se charge de nous le rappeler tout en subtilité) mais de la réinscrire dans un contexte social dont on l'exclue un peu vite. D'ailleurs la scène traumatisante l'est presque moins pour Charlotte, que cela n'empêche ni de dormir ni de sourire (et de s'asseoir ?), que pour le spectateur, qui ne voit rien mais serre les fesses (entre ce film et la place mal placée d'Orphée et Eurydice, c'est dingue ce que la culture veut du bien à mes fessiers).
Ce qui la dégoûte, laisse sur elle une odeur qui ne part pas et lui donnerait presque envie de vomir, ce ne sont pas les pipes qu'elle taille à des hommes qui ont l'âge d'être son père, comme la juxtaposition des plans nous le laisse croire ; c'est la médiocrité qui colle, la saleté du HLM banlieusard dans lequel elle a été élevée, duquel elle s'est "élevée" jusqu'à une prépa, et dans lequel elle revient les week-ends, l'absence de l'argent, qui, elle, a une odeur... et les pulls en acryliques, ajoute-t-elle à l'intention d'Anne, très propre sur soie (spéciale dédicace à Palpatine, qui a la fibre compréhensive niveau textiles).
Un second plan sans transition se charge d'enfoncer le clou : Charlotte couche avec un jeune homme frêle qu'on suppose immédiatement être Thomas, son petit copain, tant la scène irradie de blancheur, depuis les draps et la peau du jeune homme jusqu'au sourire de Charlotte, lumineux comme l'immense fenêtre qui déverse sur eux une lumière béate. Ils finissent, elle lui tripote les cheveux, lui sort et compte les billets. Raté : Thomas, c'est le plan suivant et finalement, on se dit qu'on préférait le plan cul. Pour faire bonne mesure, Charlotte est soupçonnée d'être jalousement amoureuse du client ; elle lui pique son téléphone pour fouiner dans les numéros, mais ça ne va pas bien loin (jusqu'aux toilettes où elle s'enferme un instant - comme un caprice d'adolescente à la tristesse vite passée).
L'aplomb de ces filles dérange. Il dérange Anne. Il dérange l'ordre des choses. Ce serait si simple de les plaindre, pas besoin de se remettre en question. Avec son regard provocateur (plus racaille que femme fatale), Alicjia accuse sans sourciller celui de la journaliste. Elle prend un malin plaisir à défendre ses clients, ces clients qui sont "tes types normaux", insiste Charlotte, "pas des pôv' types", et à sourire de cette femme qui est du bon côté, du côté qui stigmatise. Quitte à se faire baiser par la société, Alicjia préfère encore s'asseoir sur son hypocrisie et se servir de son cul pour prendre de l'argent à ceux qui l'ont bordé de nouilles. Elle ne se laisse pas faire à son arrivée à Paris par le propriétaire qui consent à lui louer un studio à un prix modique pour peu qu'elle complète en nature ; elle ne passe pas non plus à la casserolle lorsqu'un étudiant sensible à ses charmes lui propose de l'héberger pour l'aider, mais on sent que c'est à partir de ce moment qu'elle décide de tirer profit de la situation ("tu dois avoir l'habitude, non ? Tous les mecs doivent avoir envie de coucher avec toi") avant qu'on ne profite d'elle.
Forcément, tout ça, quand tu habites un appartement assez grand pour que le traverser te suffise à prendre soin de ta ligne, que tu prends ta journée pour servir au dîner des coquilles Saint-Jacques* au patron de ton mari, et que tu balises grave parce que ton aîné aux cheveux en pétard vient d'en fumer un, c'est un brin culpabilisant. Encore plus que de ne pas avoir acheté des céréales bio et de laisser le cadet massacrer des pixels animés, c'est dire. S'il lui a été difficile d'entendre que les clients étaient des types normaux, c'est parce que ça pourrait être son mari, certes, mais aussi parce que si elle ne peut plus dire "ils", elle ne peut plus non plus dire "elles" ("qu'est-ce qui tu dis que ce sont des putes ?", finit-elle par lancer à son mari). "Elles", ce sont ces filles qu'on tient à l'écart -- de sa pensée mais aussi de la société. Société dont elle est une privilégiée.
[Elles... qu'on voudrait reléguer dans le coin de l'affiche]
Tout au long du film, Anne essaye en vain de démasquer la peine chez ses deux interviewées, et ce n'est pas faute de les avoir questionné sur toutes les craintes que la prostitution lui inspire. Seulement, quand on leur tend une perche, Alicjia et Charlotte s'en foutent. Anne s'en rend presque malade et finit par capituler ; ce serait tout de même un comble que la privilégiée soit la plus nevrosée de toutes. La moindre des choses est de savoir apprécier ce qu'elle a quand celles qui n'en ont pas le quart ne se font pas de noeud au cerveau. Tout ça finit par un petit-déjeuner qui n'échappe au Ricoré que par les traits fatigués mais sereins d'Anne et le portable consulté distraitement par son mari. Après la débâcle de la veille (et que je te plante en plein milieu du dîner, et que je revienne hagarde au milieu de la nuit, en me jetant sur toi), c'est joli mais un peu pompeux ; je m'attendais à chaque instant à l'entendre dire : « Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s'appelle l'aurore. » Mais plus que de renaissance, c'est un sentiment d'inachevé qu'Elles laissent, elles si parfaitement antithétiques, si parfaitement para-doxales. A prendre systématiquement le contrepoint du cliché, on finit par le détourer et le faire apparaître en creux.
Il n'y a donc qu'une seule chose qui m'a choquée, c'est que le film soit interdit aux moins de douze ans. On parle quand même d'un film où une fille entièrement nue assise sur un piano se masturbe les cuisses écartées avant de se faire prendre en levrette, et où on comprend sans le voir qu'une autre se fait sodomiser avec une bouteille en verre. Douze ans. Alors oui, on ne voit pas de sexe d'homme. Mais alors, quoi, une toison pubienne, comme il n'y a rien qui dépasse, ce n'est pas un sexe, pas besoin d'interdire aux moins de seize ans ? Y'a quelque chose qui me dépasse.
* Saint-Jacques gluantes, cuisinées à mains nues. Tout comme d'autres ingrédients peu râgoutants ou le massage des pieds qu'Anne fait à son père sénile. Ce constant pétrissage relativise celui de la chair auquel se livrent les deux étudiantes...
14:00 Publié dans Souris de médiathèque | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : film, cinéma