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08 avril 2017

Budapest, approche gourmande

 

Infographie gâteaux hongrois

 

Last but not least : le miam, messieurs dames. Peut-on goûter une ville sans goûter ses spécialités ?

Je m'attendais à une nourriture très roborative, mais le bobo a manifestement fait son œuvre (visible dans les nombreux coffee shops design de la ville) et j'ai déniché dès le premier soir un restaurant qui proposait du poisson au quinoa. La viande ne me dit plus rien depuis des mois, aussi n'ai-je pas goûté le goulasch. Je veux bien croire pourtant que les Hongrois s'illustrent dans la catégorie des plats flottants, car j'ai mangé la meilleure soupe au potiron de ma vie - enfin pas une soupe : un consommé de potiron, parfumé d'herbes, avec un filet d'huile d'olive, un soupçon de paprika et des pignons de pins en guise de croûtons. J'aurais volontiers échangé le plat qui suivait avec le reste de la marmite !

Voilà pour le salé : ma découverte gustative de la ville est essentiellement passée par le sucré… étrangement peu riche en sucre. En témoigne cette étonnante coupe glacée à la butternut et aux graines de courge, qui a fait un excellent dîner :

 

 

Les pâtisseries qui, de visu, m'ont rappelé les Nuss-et-autres-torte berlinoises, se sont révélée en bouche beaucoup moins crémeuses que leurs homologues allemandes. La Dobos torte (ou torta, en hongrois) serait même plutôt légère… et partant, un peu insipide, il faut bien l'avouer.

 

 

Cette déconvenue-découverte a réveillée ma curiosité pour le krémes, gâteau de crème vanille dont les photos dans le guide me dégoûtaient pourtant vaguement. Alléchée par la crème de marron que le Duna Park y a ajouté dans une version surplombée de chantilly plutôt que de pâtes feuilletée, j'ai tenté. Surprise : la crème de marron n'est vraiment, vraiment pas terrible, mais la crème vanille est incroyablement légère, presque une mousse ; cela s'avale comme un rien. C'est-à-dire si l'on n'a pas déjà mangé d'autres pâtisseries. Après la moitié de Dobos torte et de flödni, finir le krémes me fait sentir tel le sumo accomplissant sa tâche sacrée. J'ai tout avalé et me suis beaucoup amusée de ce cube bloblotant, un vrai gâteau de dessin animé.

 

 

(Après mûre réflexion, je pense qu'il s'agissait davantage d'un bouing-bouing que d'un douing-douing. J'attends confirmation de Klari, doublement qualifiée en la matière de spécialiste onomatopéique ET hongroise.)

 

Tout cela est bien et beau, mais dans cette orgie de trois pâtisseries au Duna Park, le gâteau qui a remporté tous nos suffrages (Mum et moi, je ne parle pas encore au nous de majesté) est le flödni, pâtisserie juive hongroise si j'ai bien compris. Contrairement à la très chic Dobos torte, les couches ne sont pas là pour en mettre plein la vue : c'est plein de saveurs différentes pour les papilles… et bien étouffe-chrétien comme j'aime. Nous en avons re-goûté chez Fröhlich : la couche de noix manquait un peu de texture, mais celle de pavot était plus fine et moins brique-qui-vous-tombe-dans-l'estomac. J'ai en effet découvert que le pavot, spécialité locale comme la cannelle peut l'être aux États-Unis, n'est pas de tout repos digestif (je comprends mieux pourquoi le sandwich gruyère-crudité de la boulangerie près du boulot me cale si bien ; moins pour la garniture, paradoxalement, que pour les graines sur le pain).

 

 

Pavot aussi pour mon premier rétes, que l'on rencontre en anglais sous le nom de strudel mais qui diffère de son homonyme viennois : non seulement il peut être fourré à bien d'autres choses qu'à la pomme (pavot, noix, abricot, griottes, griotte-pavot, cottage cheese, cottage cheese-abricot…), mais la pâte est beaucoup plus fine. La guide de Buda nous expliquait que cette finesse est longue à obtenir - tant et si bien qu'en hongrois, pour dire que quelque chose prend du temps, on dit que c'est long comme un strudel.

 

 

Bis repetita placent. Nous avons racheté des rétes au grand marche des halles. Le pomme-cannelle était bon, ainsi que l'on pouvait s'y attendre, mais le cottage-cheese-abricot, ça alors, j'ai mordu dedans et je me suis retrouvée à Sanary, sur le port à l'époque des chichis. Le mélange huile-fleur-d'oranger-en-petite-quantité m'a transportée avant même que j'ai pu l'identifier.

 

 

Pour finir ce marathon gustatif, il fallait goûter au chimney cake (en anglais pour le plaisir Mary Poppins associé), déniché dans un chalet forain sur le toit de Budapest (le mont Géllert, avec la statue de la libération). C'est croustillant à l'intérieur, moelleux à l'intérieur…

 

 

… et encore une fois, très ludique.

 

 

Vous voyez mieux Budapest ?

03 avril 2017

Budapest, approche cartographique

 

Les visites guidées vous retirent la découverte de ce qu'elles vous donnent à savoir. On voit, mais on ne voit pas : on a compris. Pour prendre le pouls d'une ville, rien ne remplace la déambulation pédestre le nez en l'air*. Se fixer un objectif-prétexte, une vague direction, et s'en remettre au hasard des rues, des enseignes, ça a l'air sympa à droite, c'est quoi ce bout de bâtiment qui dépasse, allons voir, explorons, flânons, lentement sur les trottoirs au soleil, plus vite quand le coin n'a rien à offrir ; s'arrêter pour regarder à travers une vitrine, pointer un détail architectural, prendre une photo, un bain de soleil, boire un coup, comprendre à peu près où on a atterri sur une carte, se rendre compte que l'on s'est rapproché, éloigné, que l'on a tourné en rond, bouclé, quadrillé, zigzagé, coupé à travers champ de briques, de pierre, de béton, de ferronnerie, balcons arts nouveau plutôt art déco, bourrelets de pierre taillée, boulevards, rues, ruelles, impasses, oh une place.

 

 Premier jour, in the mood for details

Peu à peu, les jambes se fatiguent et la ville se lève. On commence à relier les points ; les quartiers se forment, s'entrechoquent et se fondent les uns dans les autres ; on se repère, à un monument, un nom, une bouche de métro, une vitrine de robes de mariée pour Mum, pour moi une gigantesque publicité sur un toit pour une montre Rolex, qui ne devrait pas être là, mais que l'on devrait voir, oui comme ça, à moitié cachée par l'immeuble, traversons, dans ce sens-là, l'hôtel est par là. À force de passer et de repasser, de prendre des embranchements nouveaux qui débouchent, surprise, sur une rue que l'on a déjà arpentée, la ville se structure, la ville se cartographie dans nos esprits et dans notre corps qui dirait, sans trop savoir pourquoi, que c'est par là ; parfois on se trompe, parfois on a raison, qu'importe : de son gros œil de big brother mouchard, l'ange Google street map veille sur nous.

Comme la voiture bardée de caméra, nous n'entrons pas : pas d'intérieur de mosquée, d'églises, de Parlement, que de toutes manières nous finiront par confondre, qui se mettront à flotter dans nos mémoires sans plus d'attache géographique, tout au plus bonnes à former une idée d'église baroque ou gothique ; de toutes manières, il fait trop beau pour ça. L'éclipse de soleil pour passer par une rue à l'ombre est déjà un déchirement en soi. On ne visite rien, la ville, seulement ; on reste à l'extérieur, dans ses boyaux à ciel ouvert, où il y a déjà tellement à absorber et digérer.

 

 

Budapest n'est pas une ville évidente : ses artères sont larges et imposantes comme les boulevards parisiens, mais il n'y a pas dans l'architecture cette homogénéité hausmannienne ; c'est plus vivant, plus varié, sans non plus atteindre au bariolé ou au contraste permanent, qui peut à lui seul constituer une identité. C'est plus subtil et massif que ça - des immeubles imposants, une ornementation proliférante. Assez difficile à rendre : vous pouvez accumuler les photographies de détails architecturaux ; d'ordinaire, c'est ce que j'aurais fait (j'adore le détail qui fait ressurgir l'ensemble dans ma mémoire). Mais Budapest a de quoi saturer votre disque dur, et cela ne rend pas les bâtiments imposants mais jamais pesants comme ils peuvent l'être à Vienne (le Ring n'a pas la même fantaisie qu'ici ; l'esprit slave, plus exubérant ?), ni les larges espaces de la ville, dans laquelle on respire. Mum me fait d'ailleurs remarquer que l'air est froid et dur comme à la montagne - en pleine ville, un air pur. Vivifiant à tout le moins. 

 

 Sur le pont des chaînes
Mon niveau à bulle interne est un peu déréglé (spéciale dédicace à JoPrincesse).


Alors quoi ?  Les photographies d'immeubles entiers, déformés, ne rendent rien non plus ; pas plus que les rues en plans larges, où l'ornementation est négligée, pixelisée. J'en prends pourtant pour montrer à Palpatine, comme lui me rapporte de voyage des photos de reflets aux détails magnifiés - échange accompli ; en 7 ans, nous nous sommes phagocytés. En n'étant pas là, il me transmet son obsession de mapper la ville (j'aime parcourir les cartes, pas spécialement constituer). Budapest s'y prête : je vois bien que la ville réclame à la fois du zoom in, zoom out, avec son fleuve immense, ses deux rives (Buda et Pest) et son relief (côté Buda, mais attention à ne pas confondre le centre historique de Buda, très en hauteur, avec Óbuda, au nord de Buda, troisième ville unifiée par Buda-pest).

 

Buda se prononce Bouddha et Pest à mi-chemin entre pêche et peste
(la pêche était plus facile à représenter, vous voudrez bien m'excuser).

Aspiration à prendre de la hauteur. Frénésie d'angle de vue. But mice will be mice. Je fonctionne à la subjectivité. Je veux dévorer la ville par blocs entiers et tout recracher en un Google street map cubiste où domineraient mes points de vue préférés, inassimilables, incompatibles avec les points de vue complémentaires, qui seraient représentés tout petit, dans une carte passionnante et distordue qui donnerait à sentir l'appétit d'un point de vue fortifié, le vent dans la jupe en fonte de la statue de la libération sur son promontoire au bout au sommet de la ville, la force du temps au-dessus d'un fleuve au débit pourtant lent, le rugissement des lions de pierre, la tranquillité du cerisier en fleurs qui vole la vedette au panorama sur le mont Gellért, la protubérance de la grande roue de Pest qui paraît bien petite vue de Buda, l'étagement paisible et majestueux du vieux Buda et de ses rives, vignes de la culture et du temps qui maturent comme un bon vin, et les clochers de Sainte-Anne de Felsővíziváros, les clochers de Sainte-Anne de Felsővíziváros qui vont par deux.

 
Statues équestres devant le parlement et étagements de Buda au-delà du fleuve invisible

 

Ce serait une carte à la fois précise et floue, comme les rives illuminées lors de notre dîner sur péniche. Les monuments se sont ordonnés sur notre passage, celui-ci au nord de celui-là ; puis nous avons fait demi-tour et nous avons récapitulé le Parlement, les clochers, les ponts dans l'ordre, comme autant de pièces dans un palais de mémoire**, jusqu'à dépasser la zone que nous avions découverte à pied : ce sont de nouveaux bâtiments qui sont apparus, l'immense hôtel Gellért que nous avons snobé, une salle de spectacle qui a fait du neuf avec du vieux ou peut-être bien plutôt le vieux avec le neuf, héritage assimilé jusqu'à la modernité et pas loin, un gros bloc de béton à la façade aveugle, éclairée de lumières criardes changeantes et saupoudrée de vermicelles-néons épileptiques, seule concession technicolor à des rives qui ont le bon goût nocturne d'une décoration de Noël uniquement dans les ors. Puis nous avons fait demi-tour et rebelote et demi-tour et rebelote et je n'ai pas réalisé que nous avions fait demi-tour pendant que j'essayais de distinguer les arrêtes de poisson dans la pénombre, quoi, ce monument-là à cet endroit-là ? Toute la géographie apprise s'est brouillée comme une veille de concours à vouloir trop tout retenir ; j'ai laissé-allé et dérivé-rêvé dans les constellations terrestres aux lumières dorées.

 

Les clochers de Sainte-Anne de Felsővíziváros,
qui me font un effet, un effet…

Le parlement de nuit depuis le fleuve

 

Le parlement de jour depuis le pont Élisabeth…
… et la statue de la libération, tout là-haut, à droite :

 

* Quand la ville s'est structurée, on peut passer à la vitesse supérieure, prendre le tram et le bus pour élargir le territoire à explorer. Le métro, c'est encore autre chose. Il se visite (gigantisme de béton dans une station ; carreaux décorés et portes de bois pittoresques dans une autre, sur une ligne plus ancienne encore que le métro parisien) mais court-circuite la ville par quartiers entiers. 
** L'image vient sûrement de ma conversation récente avec @ethyliste, qui m'a donné envie d'en savoir plus (quand Cicéron me donnait envie de fuir).

01 avril 2017

Budapest, approche touristico-historique

Vous ne lui trouvez pas un air Disney à cette tourelle ?

 

Les guides touristiques commencent toujours par "un peu d'histoire". Histoire d'ajouter la dimension du temps à celle de l'espace, celle-ci ayant pourtant été façonnée par celle-là. L'histoire aplanit le relief : les vestiges co-existants redeviennent successifs, alignés sur le fil chronologique. On oublie que chaque présent réécrit le passé sans ambages, comme l'hôtel Hilton mochement moderne installé dans les restes d'un couvent du XIIIe siècle. L'histoire dévidée comme un boniment est explicative, reposante, ennuyeuse aussi. Je n'ai pas grand-chose à faire du roi Matthias*, je le confesse, ni de ceux qui viennent avant, ni de ceux qui viennent après. Pas individuellement en tous cas.

L'accent prononcé de la guide, le micro, le bruit ambiant… mon anglais ne me permet pas de combler aussi facilement la perte d'information. Je décroche régulièrement, happée par ses tirades ingressives. Ingressif : j'ai découvert ce mot en cours de phonétique (enseignement secondaire obligatoire tombé de nulle part en fac de lettres) ; il caractérise un son émis sur l'inspiration, comme "oui". (Non, nous n'avons pas parlé de la problématique de l'orgasme en cours.) C'est assez rare en français, qui se parle dans l'expiration (égressif). Je ne sais pas ce qu'il en est du hongrois, mais notre guide hongroise parlant anglais semblait parfois à la limite de l'asthme. On se trouve aspiré dans son manque d'air et l'on se heurte à ses lèvres trop fines et étirées pour articuler le filet d'air qui passe, au-dessus desquelles s'agite un regard vaguement inquiet. La visite est un peu éprouvante, mais elle est, elle, émouvante dans son désir de partager sa culture à des étrangers un peu paumés.

Je ne suis pas très concentrée, mais je suis docilement la visite guidée pour attraper au vol les influences diverses, pour les voir s'entrechoquer et s'entremêler dans la ville, pour les voir faire la ville, devant moi dans le désordre de l'histoire non-linéaire : résidence royale néoclassique tristounette ; fontaine priapique héritée de l'occupation ottomane (occupation parce que ce n'est pas la culture qui a été conservée ; les Magyars** aussi ont été des envahisseurs…) ; église médiévale agrandie, transformée en mosquée, redevenue église, reconstruite ; ou encore Palais royal médiéval-baroque-dixneuvièmiste devenu musée, ce qui n'est à tout prendre que la version culturelle de la disneylandisation. Dans un cas, le temps n'a pas été (Disney uchronique et donc utopique) ; dans l'autre, on fait semblant qu'il ne passe plus (temps devenu géographique, désincarné dans des œuvres ou des objets parmi lesquelles on peut à notre tour passer, comme le temps). Le quartier du château et de l'église, trop touristique avec son passé marchandé et ses tourelles qui semblent tout droit sorties du château de la Belle au bois dormant à Marne-la-vallée, n'en exerce ainsi pas moins sa fascination : celle de voir le temps en bloc, ivresse de se promener parmi ce qui était avant nous et ce qui était avant ce parmi quoi on se promène, vertige temporel conjugué à celui d'une position imprenable (comme si nous n'allions pas y passer nous aussi), vue sur la ville qui se déroule des temps passé jusqu'à nos pieds, le long du fleuve qu'on ne voit pas couler, entre le kitsch et la légende (je ferais bien un tour de la ville à dos de Turul, un aigle qui n'en est pas un, ni bonapartien, ni germanique : hippogriffe local).

Turul vers l'infini et l'au-delà
(vu de profil, il n'a pas l'air commode, en fait)

Le Pont aux chaînes et les fantômes parasols du passé

 

Sur le seul point plus haut de la ville, à vol d'oiseau justement, une statue commémore la libération de Buda, c'est-à-dire le début d'une nouvelle occupation, soviétique et non plus nazie. S'il est une influence historique qui brille par son absence, c'est bien celle-ci : cette statue est la seule à avoir été conservée et, à en croire le guide (papier, cette fois), elle avait originalement été commandée par un hitlérien pour commémorer la mort de son fils sur le front de l'Est… Ironie de l'histoire et rappel de ce que les vainqueurs (même temporaires) la réécrivent toujours. Les autres statues (réellement) communistes ont été reléguées dans un parc en dehors de la ville. J'y aurais bien été s'il ne se trouvait pas à une heure en transports de la ville ; je trouve l'idée d'un cimetière de statues hautement poétique (et intelligente : ne pas renier l'histoire, l'évacuer toutefois). Dans la ville elle-même, quelques trams vieillots (d'autres flambant neufs) et quelques bâtiments blockhaus, mais pas plus qu'ailleurs (juste de quoi enrichir ma collection photo de contrastes urbains). Rien à voir avec Prague, qui semblait d'une autre époque lorsque je l'ai visitée - mais aussi, c'était il y a plus de dix ans ; peut-être la capitale tchèque en est-elle au même point aujourd'hui… Tant de lieu qu'il faudrait déjà revoir quand il en reste tant à découvrir…

 

Contrastes urbains, côté Pest

 

Épilogue de la visite de Buda : nous quittons le Buda historique par la porte de derrière, du côté opposé au fleuve, et redescendons en bus parmi les mortels pas encore morts dans le Buda en contrebas, aux vagues airs de banlieue dortoir ou cossue.


* Mátyás en hongrois. Maintenant je me demande si le pâtissier Matyasi a des origines hongroises, c'est malin.
** Si j'ai bien compris (mais c'est peu probable), magyar est la version hongroise de hun (hunhongrois…).

Budapest, approche comparative

Toujours cette double flèche du premier cours de philo en hypokhâgne, on n'en sort pas :

identité <--> altérité


Il en va pour les villes comme pour le reste : retrouver le même dans l'autre permet de dresser une nouvelle carte d'identité, rendue singulière par une combinatoire qui lui est propre.


Dans la formule de Budapest, il y a…

les tuiles vernissées de l'église Matthias comme celles de la cathédrale Saint Stephen sur la grande place de Vienne,

 

St Stephen à Vienne, photo Wikimédia
Eglise Matthias, photo perso

Cliquez-glissez la photo de gauche pour rappeler Vienne…

les murs des bains Lukács jaunes comme ceux de Schönbrunn,

les clochers des églises comme à Heidelberg, où je ne suis jamais allée, mais dont l'image s'est imprimée en moi à travers un poster qu'il y avait dans la cantine ou les couloirs du lycée (ville d'échange pour les germanistes LV1 ?) ; mes archives photos attestent que j'en ai vu d'autres depuis, à Vienne notamment, à Saint-Pétersbourg probablement, mais l'image du rêve reste plus prégnante : comme à Heidelberg (alors même que l'image du poster n'était peut-être qu'une tour de pierre carrée en ruine),

 

 

les grands boulevards comme ceux du Paris hausmannien ou du Ring viennois (ils drainent encore mieux la circulation ; entre deux, ainsi qu'était notre hôtel, c'est le calme plat),

une colonne bardée de statues de saints comme à Prague, je crois (après quelques années, les souvenirs se mettent à flotter dans ma mémoire sans plus d'ancrage géographique),

 

 

les musées amalgamés en hauteur comme le Belvédère à Vienne, en plus compacté,

la relève de la garde comme en Grèce (avec les lunettes de soleil, mais sans les pompons)(je me demandais si faire le piquet était un honneur ou un placard : un honneur apparemment, à Londres à tout le moins où, m'apprend Mum, ils sont triés sur le volet),

le Danube bleu comme une orange, calme comme la Seine, large comme la Neva (deux fois moins, en réalité chiffrée : 350 mètres de long, là où la Neva en fait au moins 600)