07 septembre 2008
La Corse, l'étranger où l'on parle français
Il y a des indices qui ne trompent pas : maman avait acheté un guide sur la Corse. On achète toujours un guide avant d’aller visiter des pays étrangers. Au cours des voyages, on a développé une telle relation avec les Hachette tourisme qu’on appelle chacun le « petit guide ». Certes, cette fois-ci, ce n’était pas un Hachette. Et il était plus succinct. Il contenait des cartes. Car l’île à beau n’être pas très grande et les routes n’être pas très nombreuses, les indications ne le sont pas non plus. Pour ne pas vous perdre entre les paysages de mer et montagne (encore un indice : vous parlez souvent d’un paysage à Paris ou même sur la Côte d’Azur ?), vous disposez des quatre points cardinaux incarnés par les villes de Bastia, Porto-Vecchio, Bonifacio et Ajaccio, respectivement nord, est, sud et ouest. Entre-deux, on s’en remet à la chance ou aux indications des locaux – qui, par un mystère de linguiste, s’obstinent à ne pas prononcer la dernière voyelle des noms : vous allez à Cala Rossa, eux à Cala Rosse, chacun sa plage. Mais comme les gens sont adorables, vous devriez vous en sortir. Bien sûr il y a quelques maisons plastiquées pour le folklore local, des graffitis du FLNC et quelques messages de bienvenue comme « Corse is not France. Corse is not for sale. » (On notera le souci grammatical de l’auteur de ce message – Corse isn’t France, indeed, it’s French). Mais cela reste très marginal – peut-être un mythe qui permet de préserver le littoral ? A moins que le nouveau bouc émissaire soit italien : également croisé la charmante équation « Italiens = irrédentisme = occupation ». Pas d’inquiétude cependant, j’ai passé trop de temps sur la plage pour réaliser une étude sur l’idée d’indépendance en Corse… la preuve en images.
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27 juillet 2007
Universe city
A university for the real world : le slogan de l’université d’Audrey en Australie. Bien que je n’aie jamais posé mon postérieur sur les bancs de la fac française, je peux affirmer que ça n’a rien à voir avec la faculté australienne. Cette dernière commence par vous en mettre plein la vue, avec ses différents campus, ses bâtiment ultras modernes et ses computer labs où des écrans 16/9ème s’étendent à perte de vue.
Car tout se fait par informatique – contrairement à notre contrée septentrionale hexagonale où internet est considéré comme le diable qui profane le temple du savoir en détournant les scolastiques de leurs sacro-saints parchemins, et où certains professeurs d’anglais un brin réac assimilent Google à gogole, internet est révéré comme un dieu. Une dévotion qui tourne parfois à l’aveuglement, me prévient Audrey qui, lors d’un de ses devoirs qui devait être rédigé entièrement à partir de sources électroniques, s’est vu ôter des points pour avoir transformé la webographie en bibliographie (le web n’étant pas encore abondamment pourvue en historique du nucléaire, à l’exception de quelque propagande de ses utilisateurs – voilà, si vous cherchiez un sujet de recherche et de thèse non encore exposée aux toiles d’araignées sur la toile, c’est chose faite). Dingue qu’on ne puisse encore appréhender cette nouvelle technologie sans avoir recours au vocabulaire usé de la moralité. Pas de juste milieu ; mais un usage équilibré et critique suffirait à ce que tout aille pour le mieux sans que l’on tombe dans le meilleur des mondes.
Impossible donc d’étudier en Australie sans avoir d’ordinateur. Tous les devoirs – qui sont d’ailleurs plus des recherches, des analyses, parfois presque des papiers (journalistiques)- doivent être dactylographiés. L’écriture manuscrite est un signe d’archaïsme que l’on déchiffre presque aussi bien que les manuscrits médiévaux calligraphiés en gothique – et quand on s’entend demander « C’est quoi le Moyen- Age ? », on n’est pas près de déterrer la pierre de Rosette. La correction du travail suit un itinéraire digne de l’administration française, et il faut attendre de recevoir un mail pour faire biper son code barre et obtenir les fruits de son labeur. La notation s’échelonne de 1 à 7, 7 étant la plus haute note.
Moins étonnant, mais plus important, voire inquiétant est le choix des matières. A fond sur le business, « à quoi ça sert d’étudier les langues, l’histoire, ou la sociologie ? ». A QUT (l’université d’Audrey), ils ont carrément décidé de fermer les humanities. Et quand on nous demande « C’est quoi la philosophie ? », on vérifie l’étanchéité de la porte de sa tour d’ivoire, et on hésite entre l’ouvrir pour en faire un musée ouvert aux businessmen ou la verrouiller à double tour pour s’enfermer dans sa secte. Un autre monde, celui de la majorité de la population en fait – même si une part résiste et manifeste. C’est quoi la philosophie ? - difficile à expliquer, en fait. Un peu comme le concept franco-français de classe prépa. Une fois qu’on a hasardé une ébauche de réponse, la réaction est immédiate : « Mais c’est fatiguant, il faut réfléchir tout le temps ». Cet été, j’ai décidé de me mettre au parfum de l’air du temps : je vais aller encrouter mes neurones en les tartinant de crème solaire et m’en tenir à la croyance – un esprit saint dans un corps sain.
Avant d’aller léguminer (ta gueule, word, je néologise quand je veux) au soleil, j’observe la sortie des collégiens. Pour le prestige de l’uniforme, faut voir. Mais pour le look, il faudra repasser : certains s’en sortent avec du bleu marine ou du vert bouteille, mais d’autres écopent de bleu layette et de marron passé. Les garçons sont mieux lotis que es filles, dont les jupes sous le genou (c’est-à-dire ni courtes, ni longues – coupées comme des sacs à patates) combinent la mode scout, cléricale et mémère –un cocktail explosif des plus sexy. Bardés de leur sac de sport, les high school sortent tôt – « après on s’étonne qu’ils n’aient rien dans la tête », râle Audrey, « ici, on peut même passer sa scolarité sans faire d’histoire. » Ils n’en feront pas un camembert en tous cas – ou alors sous forme de plastique pasteurisé.
Les universitaires n’étudient pas non plus des masses – 13 heures par semaine ne semblent pas mener directement au surmenage. D’autant plus que les cours sont plus des pistes de réflexions à développer soi-même (ou pas – hein Dre, qui obtient 7 en bâclant la veille de la deadline) que des cours proprement dits – on parle d’ailleurs de lectures, c’est-à-dire de conférences. Pas de leçons donc, mais des travaux à rendre. Les domaines sont variés, l’nuversité autralienne offrant quelques belles idées comme des cours de creative writing. Les cours en eux-mêmes sont plutôt attrayant, divertissant à grands coups d’écran géant, d’extraits de films et de powerpoint reprenant les clés du cours (vous ne viendrez pas vous plaindre que l’écriture du prof n’est pas lisible ni que la poussière de la craie vous fait tousser). On ne sait plus très bien si on s’amuse en travaillant ou si l’on travaille en s’amusant.
Critique mais lucide : si les étudiants ne s’éreintent pas intellectuellement, ils se tuent quand même à la tâche. Outre le temps que demandent les recherches, le prix des études oblige à cumuler les boulots ou à avoir Crésus comme parent – d’où les 13 heures de cours hebdomadaires. Certains bossent même avant de faire leurs études, histoire de faire des économies. Etudiant n’est donc pas synonyme de « jeune », et il n’est pas rare de croiser des adultes sur le campus – il existe même une garderie pour ceux qui sont déjà parents – à moins que parents et enfants étudient en même temps, cas possible, d’après une anecdote que m’a rapportée Audrey.
Un autre monde vous, disais-je. Downunder.
Technologie à tout crin versus par-cœur écœurant. Reste à savoir qui est tombé sur la tête.
11:18 Publié dans Souris des villes, souris des champs | Lien permanent | Commentaires (9)
26 juillet 2007
Of kangaroos and men
Le pays des kangourous est d’abord celui des moutons : ils sont plus nombreux que les habitants. ¨Pourtant, la viande que l’on met à toutes les sauces, c’est le poulet et l’animal qui fait le pendant de l’émeu sur les pièces de cinquante centimes, le kangourou. Pour approcher cet animal mythique, nous sommes allées au zoo. Nous avons pu caresser et même nourrir ces bêtes qui ont un vague air de lièvre dans la gueule… (là, je viens de signer mon arrêt de mort, je sens gronder l’indignation d’Audrey ). Pour les bonds effrénés, il faudra repasser ; ils somnolaient comme des chats au soleil. Mon véritable coup de cœur animalier fut moins les koalas (mais manger et dormir, ça me va pour une vie future – la puanteur en moins si possible) que les wombats, ces drôles de cochons d’inde géants à tête d’écureuil et qui marchent parfaitement au rythme de la musique de Fantasia.
18:57 Publié dans Souris des villes, souris des champs | Lien permanent | Commentaires (2)
25 juillet 2007
A sunburnt country
Je n’échapperais pas plus que Bill Bryson à appréhender l’Australie sous l’angle de son climat. Avant qu’on ne me demande où en est mon bronzage, rappelons tout de même qu’en ce moment, c’est l’hiver. Un hiver tout relatif, au ciel digne de Grèce et doté d’un soleil que ne renierait pas Paris en ces mois estivaux – il n’y a pas à dire, prendre son petit-déj au soleil, c’est vraiment jouissif. Le revers de la médaille, c’est la sécheresse. Les cascades ne versent plus goutte, les arbres se pèlent comme des bananes, et les cours d’eau sont si à sec que leur lit s’efface. Actuellement, le Queensland est en niveau 4 (sur 6) de restriction d’eau. Les douches ne doivent pas excéder quatre minutes et il est interdit d’arroser son jardin, à moins d’employer à cet usage des seaux placés dans la cabine pour récupérer l’eau de la douche.
Pour autant les températures ne sont pas estivales, *météo de Brisbane, bonjour*. Ca caille même sévèrement la nuit. Et la bonne blague, c’est que les Australiens n’ont pas le chauffage central. Les maisons sont en bois, non isolées, simplement construites comme sur des pilotis, le rez-de-chaussée servant de garage et de buanderie. Non chauffées et non isolées, il y fait moins de 10 degrés la nuit. De quoi redécouvrir les bienfaits de la bouillote de votre grand-mère et de tester votre sex-appeal dans un chauffe de danse en polaire (ca ressemble à une sorte d’immense vareuse, pour vous donner une idée concrète). En bonne frileuse, je n’ai pas tardé à faire l’acquisition d’un radiateur portable – un chose que nous n’avons jamais réussi à monter (comment voulez-vous mettre une vis là où il y un trou sans épaisseur aucune derrière pour pouvoir visser – sans tournevis qui plus est ?) mais qui n’en a pas moins fait chaud au cœur au corps, sans émettre de lumière (la lampe à bronzer, ce n'est pas terrible la nuit) ni faire de bruit (même remarque, surtout lorsqu’on sait que les murs sont épais comme du papier cigarette – nous ferons une belle litote et un petit appel à votre imagination pour passer sous silence le manque d’intimité qui s’ensuit ^^).
Déplaçons-nous quelque peu au sud sur notre carte météo pour évoquer les conditions de notre escapade à Sydney. Petit rappel auparavant : dans l’hémisphère sud, descendre vers le sud signifie également descendre dans les températures. Nous avons été contraintes de nous équiper plus chaudement, le duo gagnant gant-bonnet ainsi que la doublure du pantalon par un collant n’étaient pas de trop. Quant à la randonnée dans les Blue Mountains, Audrey et moi ressemblions à deux petits bonshommes Michelin.
Ce temps déconcertant règne sur la côte est du pays et se traduit par des tenues vestimentaires disparates allant du manteau au bermuda-tongues. Le refus réitéré des Australiens à installer le chauffage central est quant à lui audible dans leurs éternuements permanents. Peut-être l’achat de médicaments est-il plus rentable. Qu’il me soit cependant permis d’en douter, surtout quant la fraîcheur saisonnière est secondée par l’usage intensif intempestif de la climatisation. Nous en avons fait l’expérience frigorifiante dans le bus pour aller à Sydney - il semblerait que l’Australien apprécie mieux ses quatre couvertures avec la douce caresse de l’air conditionné. Pourquoi diable sommes-nous toujours aussi logiques cependant ?
19:50 Publié dans Souris des villes, souris des champs | Lien permanent | Commentaires (4)