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13 novembre 2010

Monoprix monotone


[Une affiche écrémée, ça peut aussi être laid.
(Quand "on prévoit des nuages de lait", je n'y peux rien, ça me rend soupe au lait) ]

Les publicitaires sont parfois platoniciens : le bon, le bien et le beau, c'est tout un. Ils ne vantent plus un aliment pour ses qualités gustatives (il est bon) ni même pour ses qualités nutritionnelles (il est bon... « pour la santé »), mais pour son esthétisme. Je ne dis pas que la grande cuisine ne puisse être artistiquement présentée1, il suffit de regarder de beaux livres de cuisine pour s'en convaincre, mais Monoprix ne fraye pas franchement avec la gastronomie et fait le beau par stratégie d'évitement.

 


[Petit rappel au passage d'une campagne précédente, "Non au quotidien quotidien"]

On peut ainsi vous vendre de la bouffe bien grasse en faisant croire que le vrai problème n'est pas la junk food mais le junk design – après tout, on finira par les acheter, ces cheeseburgers ou assimilés, alors autant ne pas culpabiliser la clientèle et faire du prosélytisme pour le micro-ondes (qui, comme chacun sait, est, avec Picard, une divinité – oui, c'est une religion polythéiste), tout en se réclamant du même laisser-aller que l'acheteur : « Chez Monoprix on est parfois à l'Ouest! » Ils le sont tellement qu'ils n'ont pas remarqué que leur design serait plutôt de l'Est. Comme on n'a pas d'Ostalgiques en France, on joue la carte du rétro bobo, faisant appel à la vieille épicerie fine pour devenir une épicerie chic (et plus chère donc, pas de choc). C'est la seule stratégie que j'arrive à imaginer qui justifie cette campagne de pub dans laquelle il n'y a décidément pas beaucoup d'Idée.


[L'argument "beau" cette fois-ci sans jeu de mot.
Cela ira mieux une fois que le sachet aura infusé et qu'ils auront pu le presser contre leur yeux pour les faire dégonfler.]


Palpatine, à qui je demande de me prendre l'affiche en photo : « Je ne vois pas ce que tu lui trouves, à cette pub ; c'est plutôt nul » – Justement. Nul et efficace. Un pack de lait n'est pas beau, ouvrez les yeux, pas plus qu'une boîte de thé ; on ne cherche effectivement pas à nous faire avaler ça : c'est une marque qu'on nous vend, pas un produit – qui disparaît d'ailleurs (le passage du contenu au contenant est presque obligatoire pour les boissons, mais aucune photo de tomates à prix cassé, Monop' n'est pas Carrouf') au profit de son emballage, uniformisé (vous en voyez beaucoup, vous, des briques de thé comme il y en a de jus de fruit ?). Seules les couleurs rappellent vaguement la nature du produit : blanc et bleu pour le lait ; bleu et rouge pour le thé (respectivement les couleurs traditionnelles de l'Earl Grey et de l'English Breakfast) ; jaune et violet pour le cheeseburger (jaune pour le gras, violet pour ce qui n'est pas comestible – hormis l'aubergine... quoique pas de l'avis général) ; vert et rouge pour les tomates.

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[ Rationnement typographique pour faire la guerre au quotidien.]

 

Cette dernière affiche est peut-être la plus réussie, à cause de sa « petite phrase » de sa lisibilité (rayures horizontales, dans le prolongement de l'affiche de gauche),   de son clin d’œil aux conserves de Warhol, tout à fait dans le bouillon de culture du bobo moyen, et de son jeu de mot délicieusement pourri – on ne leur enverra pas de tomates pour autant, car ce serait leur avoir déjà donné raison.

1J'ai appris avec Masterchef qu'on parle de dressage et je m'imagine bien, le cheveu désordonné, ordonner à un soufflé de se lever, le fouet à la main.

10 novembre 2010

Remise des prix Arop à Garnier

 

Le ticket rouge du vestiaire glissé dans le revers blanc de ma robe noire (on m'a demandé si elle venait de chez Pierre Cardin !), j'ai grimpé les marches du grand escalier pour assister à la remise des prix aux jeunes danseurs. Palpatine regarde alentours à la recherche de ses balletomanes à matricule mais n'a encore repéré personne que les discours commencent. Perchée sur mes talons, la vue est parfaite.

J'ai complétement oublié de voter et, si j'ai un faible pour Héloïse Bourdon (moins radieuse que sur scène, mais tout aussi élégante en petite robe noire), j'ai également un très bon souvenir de Charline Giezendanner dans Genus de Wayne MacGregor. Queue de cheval haute, petite robe noire, jambes fil-de-fer et bouche rouge qu'elle tort dans tous les sens pendant qu'on fait son éloge, souriante ou rieuse, je ne saurais dire si elle est simplement flattée et un peu gênée de tant l'être ou si, mutine, elle se refuse à prendre entièrement au sérieux ces compliments. Mais toujours un sourire espiègle, aussi tiré que les cheveux.

Vient ensuite le tour de Marc Moreau, plus posé. Je n'ai pas spécialement d'avis sur ce danseur, pas de déplaisir à le voir danser mais pas non plus l'enthousiasme que peuvent me donner un Allister Madin ou un Audric Bezard.

 

Pendant les discours, je repère Amélie et on se retrouve ensuite pour discuter, champagne et jus de fraise à la main. Lorsque les serveurs ne disparaissent pas sous les assauts d'une foule de pique-assiette, on leur prend qui un dé de saumon au sésame, qui une coquille Saint-Jacques (c'est snob mais qu'est-ce que c'est bon !), qui un macaron à la framboise (d'accord deux macarons à la framboise - d'accord, et un au chocolat), qu'on échange contre un sourire.

Nous sommes rejoints par l'amie japonaise de Palpatine, assez balletomane pour habiter l'appartement d'un danseur... euh... connu, hein... de Béjart, essaie de se souvenir Palpatine qui demande confirmation à l'intéressée. Amélie et moi reprenons en choeur : Jorge Donn ! Certes, on se fiche de son appartement mais le nom est plaisant à répéter, rien que pour les images de Boléro qu'il fait ressurgir. Palpatine devra faire une cure de Lelouche pour combler ses lacunes (que ce ne soit pas toujours dans le même sens !). La dame japonaise l'a vu danser en vrai, aux côtés de Dupond (Patrick donc, pas Aurélie) à qui elle reconnaît un abattage technique sans voir là l'essentiel : l'oeil, on ne sait pas pourquoi, l'oeil était irrémédiablement attiré par Jorge Donn. Je ne comprends pas toujours tout ce que raconte la dame japonaise, ou pas toujours du premier coup, du moins. On finit cependant par saisir, à cause de l'accent - de sincérité, cette fois, qui remédie à celui de la langue. Elle a vécu et vit encore pleinement, là, maintenant ; elle a vécu parce qu'elle vit chaque instant pour ne pas avoir de regret. Elle a fait, nous dit-elle, comme si elle devait mourir jeune, à chaque fois contente de vivre une décennie de plus. Je ne sais pas si elle cesse jamais de sourire : celui-ci s'est inscrit dans les rides de son visage. La peau fripée est comme sa robe plissée, seyante - et ses yeux toujours rieurs lorsqu'elle s'éclipse.

Palpatine a le regard ailleurs, je me retourne dans sa direction et crois comprendre : Mathilde Froustey est entourée d'une grappe de balletomanes. De fait, il ne l'avait pas vue mais ne peut plus à présent en détacher le regard. Planté comme un piquet timide (si, un piquet timide existe, Palpatine en est la preuve vivante), je le pousse petit à petit près du cercle qui refuse de s'élargir ; ce n'est qu'une fois dehors, la danseuse seule avec son ami, qu'il lui adressera la parole. Tant et si bien que nous avons discuté un long moment, sur le parvis puis au chaud, à l'entrée des artistes. C'est amusant, je ne parviens pas à faire coïncider sa manière très ornée de danser avec cette brindille à la Twiggy, longs cils passés au mascara, petite coupe courte, ronde, foulard élégamment noué autour du cou, voix haut perchée mais titi parisien du sud, qui ne mâche pas ses mots et dit ce qu'elle pense, la jambe appuyée à la seconde contre une marche. A sa danse, je l'aurais crue maniérée mais il faut croire qu'elle a l'art et sans faire de manières.

En retournant au métro, j'arrête Palpatine et lui demande de me regarder. Bien ce que je pensais : béat.

 

 

17 septembre 2010

Télérama a encore fumé

 

En voyant dans le métro la publicité pour la série de DVD de rock lancée par Télérama, j'ai immédiatement pensé que les couvertures avaient des allures de paquet de cigarette, peut-être un mix entre Marlboro pour la "mise en page" et Lucky Strike pour les couleurs et les courbes.

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Promis, je n'ai rien fumé, pas même du saumon, et je ne bois pas.
Oui, je suis une fille sérieuse - ou ennuyeuse, c'est selon.

07 septembre 2010

Pressant

 

[vous admirerez cette dernière couverture avec vulve stylisée et couleurs interverties,
qui rend certainement hommage à l'élégance des femmes
par une discrète allusion à leur délicatesse de plume -
cela n'est rien en comparaison de l'article d'un journaliste sous champi hallucinogènes, que j'ai eu à synthétiser hier.]

 

 

A en croire les magazines, on ne ferait l'amour que l'été, juste après la parade nuptial de la chasse au maillot de bain et juste avant la petite mort de la rentrée dans l'ordre des choses. Les femmes enceintes que l'on peut croiser sur la plage et ailleurs indiquent cependant que certains ont trouvé le moyen de se réchauffer cet hiver ; la période d'accouplement n'est pas aussi bien délimitée sur le calendrier que sur les rayons de maisons de presse. Chacun revendique sa petite gâterie spéciale : sexe et information, sexe et littérature, sexe et sentiments, c'est un concert de gâteaux qui veulent tous leur part du gâteau. Curieusement, les magazines féminins qui en sont si friands d'habitude n'en prennent que les miettes ; après avoir prêché le carême amincissant, en même temps... Que celles qui sont en manque se rassurent néanmoins, avec un Cosmo importé UK ou US, elles auront leur dose de « fantasies » et « orgasms » pour du « better sex » ou pas : si une lecture ponctuelle peut prêter à rire, mieux vaut aller voir par pour apprendre quoi que ce soit (et se payer une bonne tranche de rigolade aussi, d'ailleurs). Apprendre quoi que ce soit... voilà peut-être pourquoi on situe les chaleurs pendant l'été, que l'on soit ou non dans les normales saisonnières : l'été, ce sont les vacances, le vide d'événements et de vie médiatique. On ne plaisante pas avec la trêve du sérieux : l'information n'est plus d'actualité, la politique ne reprendra qu'à la rentrée, en attendant, faisons dans le léger. Même si cela nous fait une belle jambe arrivés en septembre (et une raison de plus pour la lever).