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30 janvier 2010

Inculture pub : la campagne de Surcouf n'est pas ma tasse de thé

 

 

J'étais presque surprise que la négation soit restée intacte après une telle torture infligée à la langue : « On ne choisit pas sa famille, on choisit plus ou moins ses amis alors choisissons vraiment son ordi. » Sans parler de la logique tout à fait discutable de cet aphorisme publicitaire (quel rapport entre la famille, les amis d'un côté et l'ordinateur de l'autre ? - mis à part peut-être pour le geek intégral qui remplace les premiers par le second) ou du paternalisme dont on fait preuve à l'égard du client (pauvre chou qui ne savez pas faire la différence entre fréquentations de bon ton et amis véritables, ne seriez-vous pas une victime ? Pas d'inquiétude, Surcouf est un ami qui vous veut du bien), cette publicité pour Surcouf est une abomination grammaticale. J'imagine sans peine le publicitaire qui a choisi le pronom indéfini de la troisième personne du singulier parce que ça parle quand même vachement mieux au client un peu bœuf, et dont l'élan bute sur l'injonction à mi-chemin de sa rude tâche.

Hum, non, rien à faire, choisis, choisissons, choisissez, y'a pas choisit ! Que faire dans un cas si contraire ? Puisqu'on ne veut pas de nous trop majestueux, pas question de tout recommencer depuis le début et de réécrire le slogan, on change en nous en cours de route. Mais il faut montrer qu'on n'a pas oublié, alors on revient à la charge avec l'adjectif possessif du singulier au lieu du pluriel. Non mais c'est vrai, quoi, puisqu'on ne choisit pas sa famille, autant lui choisir son ordinateur et lui offrir un truc bien pourave qui lui pourrira la vie, c'est une super vengeance, au moins aussi belle que celle du publicitaire contre la dictature des dictées enfantines. Puis d'abord, sur l'ordi (qui se souligne, parce que nul n'aime être diminué), le correcteur orthographique et grammatical veille au grain, alors ne viendez pas m'embrouiller le pois chiche avec ça, même Cicéron c'était pas toujours carré.

 

 

 

Vous entendez la souffrance du publicitaire ? Ne l'embêtons pas trop avec son français, admirez plutôt son travail graphique, tout ce rouge si puissamment communiste, ça parle au peuple, non ? Mais si, voyons, le vulgus pecus qui se baffre de pizza tiède en calbute, cette allégorie du glamour contemporain ! De la propagande écrite en blanc sur rouge, y'a que ça de vrai, ce sont les bonnes vieilles méthodes qui marchent. Comment ça la comm' des communistes n'était pas hype ? Même les hypermarchés capitalistes se la sont réappropriée ; n'allez pas prétendre que vous n'avez pas vu la super promotion sur la côte de bœuf 100% pur bœuf avec astérisque de chez Carrouf ou Lidl, bande de moutons. Les ordis doivent se vendre comme des petits pains, alors on fera comme s'ils étaient au même prix, qu'il y aura même pas besoin d'avoir été sage, si c'est pas cool, ça, après avoir choisi un modèle pourri pour votre famille non choisie.

 

*Pop ! goes my heart*
Sans Hugh Grant, c'est juste ringard.

 

Comme la campagne publicitaire de Surcouf a quelques décennies de retard, on pourra bien tolérer que les murs du métro gueulent encore en plein moins de janvier qu'un « vieux barbu court dans les rayons en criant qu'il n'aura jamais fini avant le 25 », on n'est plus à ça près.

 

 

D'autres marques profitent de la dernière vague de Noël avec un peu plus de subtilité, comme Lipton dont les sachets font davantage penser à un sapin ratatiné sous les décorations qu'à la splendeur pharaonique invoquée. Avec ces petits monticules pyramides de verdure, Lipton atteint son sommet : c'est presque du thé. Il ne faudrait tout de même pas nous prendre pour des bleus, ça reste un déguisement du Yellow, cousu de fil blanc : au bas de la piste, l'étiquette jaune est là pour nous le rappeler. A vos marques, prêts ? Infusez !

22 janvier 2010

Présent de coercition


Le train arrive en gare de Paris Montparnasse, les voyageurs descendent du train. Rien que de très normal : deux propositions juxtaposées, implicitement reliées par une dimension temporelle et/ou causale*, la description suffit à se représenter la scène. Serait-elle travaillée d'un point de vue stylistique qu'elle tiendrait du pouvoir incantatoire de la poésie qui fat exister ce qu'elle nomme. Malgré les horribles tickets de mots que son acolyte de ratp affiche dans le métro, je doute néanmoins que la sncf ait une quelconque ambition poétique. Lorsqu'en gare de Paris Montparnasse, la voix pré-enregistrée énonce/annonce les voyageurs descendent du train, la valeur affirmative de la phrase n'a plus court et la description est dégradée en prescription. A peine est-ce un présent d'injonction : on considère que les désirs de la voix divine sont réalité – même pas qu'ils doivent le devenir.

 

Dans le même ordre d'idée, Explorer a affiché à son premier démarrage (netbook pour Noël, formidable petite bête noire que je peux traîner partout et qui ne dit rien) un message me remerciant d'avoir choisi Internet Explorer. Qui perd la moitié de mes notes de blog, refuse de donner un contenu aux titres ou les intervertit. C'est le choix de l'embarras - vente forcée. C'était la première et la dernière fois que je cliquais sur l'icône bleue, dans l'unique but de télécharger Mozilla. Allez, petit panda rouge, attaque !

 

* Si elles coïncident souvent, temporalité et causalité ne doivent pas pour autant être confondues sous peine de donner quelques aberrations. Je ne résiste pas à vous livrer une des dernières perles de la ratp : « Suite à des travaux de rénovation, la station Odéon n'est pas desservie par la ligne 10 jusqu'au [date que j'ai oubliée, mais assez éloignée pour me casser les pieds] ». C'est bien connu, c'est une fois que la station est rénovée qu'on la ferme.

10 décembre 2009

Sur les rails (de quoi, ça reste à voir - ou à fumer)

"Ce train est arrêté en direction de Saint-Quentin en Yvelines."

Je ne sais pas si la littérature commence par une distorsion du langage, mais, assurément, toute distorsion n'est pas littéraire, la sncf est là pour nous le rappeler. L'arrêt vers une destination... il faut croire que le train est planté là comme une stèle musulmane orientée vers la Mecque. Enfin, on a de la chance, on peut en conclure que le train est sur les rails, et dans le bon sens (celui dont manque parfois le personnel).

Cela m'a rappelé l'annonce d'un retard du à "la présence de personne dans les voies". Incrustées en mosaïque dans les rails, les restes d'un "accident de personne" ? Non, non, une manifestation ou quelque zigoto dans le passage. Circulez, y'a rien à voir.

23 septembre 2009

Parce que je peux le faire :

un post court.

Reposant, non ?