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02 septembre 2008

De l’utilisation de l’anti-cerne dès le 2 septembre

Moi et ma grande expérience d’apprenti ont conduit près de 600 km dont cinq heures après une nuit qui en comptait moins de quatre.

Moi et ma chance ont chopé la crève en regardant les étoiles filantes.

Moi et ma connerie se sont retrouvées à se moucher pendant une demi-heure non stop la nuit dernière.

J’ai très exactement la tête que j’aurai au mois de novembre.

 
Moralité : si vous voyez une étoile filante, oubliez les vœux miss monde et faites simplement celui de ne pas tomber malade.
Variante : la prochaine fois, vous prendrez le train.

 

[Mox, un flash back corsé.]
[PS au bloggueur grand procrastineur latin devant l'éternel : mox était dans l'interro de rentrée. Le Vates et moi nous sommes bien marrés.]

 

 

 

11 août 2008

Algèbre et gerbes de blé

       Soit A une jeune conductrice, au volant d'une nouvelle voiture d'un empatement V. Fiat également des vélos v, des motos m, des camions c et d'autres autos a, sur des routes R, illimitées à 90 km/h, tel que v. + V < R ; m + V = R ; a + V > R et c + V = 0. Sachant que les routes de campagne ne sont pas si désertes que cela aux abords des grottes de Rouffignac, que ces dernières attirent moult touristes et que la Dordogne regorge d'Anglais qui tendent à oublier qu'ils sont de l'autre côté de la Manche et par conséquent de la route, vous calculerez le nombre de frayeurs qu'A a enduré et le nombre de fois où elle a prié pour que toute lettre arrivant en sens inverse, v, m, a et particulièrement c, se jette dans le fossé à sa place.

      Autre problème, de nuit : trouver un chemin que vous n'avez pris que deux fois dans l'autre sens, de jour. Ne pas voir les panneaux que les touristes, eux, trouvent pour venir visiter l'élevage (d'escargots @ my father's home, si vous n'avez pas suivi les posts précédents). Mais no worry, tournez à la troisième meule à gauche.

By the way, à quoi reconnaît-on que vous êtes un citadin ? à ce que, vous aussi, vous trouvez que les meules de foin, c'est graphique.

07 août 2008

Toutes les routes mènent à l’escargot

        Des tubes de gouache sur la table, des pinceaux, un pot de yaourt la Laitière en guise de godet d’eau et du sopalin : il n’y paraît pas, mais il s’agit toujours d’héliciculture. Il vous manque en effet le centre de ce dispositif, à savoir des coquilles d’escargots dans lesquelles on a coulé du plâtre qu’il faut à présent peindre pour constituer l’exemplaire de démonstration, les vraies douzaines se trouvant dans le congélateur. Ca paraît idiot, comme ça, mais allez trouver la bonne nuance qui ne fasse ni pâlichon ni radioactif… on n’a pas encore inventé la couleur « beurre d’ail ». La moitié du tube de gouache blanche a été diluée dans le vert avant de comprendre qu’il fallait rajouter plus de jaune, puisque ce que le persil colore, c’est bien du beurre. Quelques points plus verts plus tard, on obtient des coquilles vigoureuses. On ne rigole pas. L’appât a fonctionné, un client a cru que c’étaient des vraies. Ou alors il s’inquiétait que ce puissent être les vraies.

03 août 2008

En vacances @ les escargots

       Je sais bien que votre dernier contact avec un escargot se résume à l’usage d’une arobase, si vous travaillez cet été – ou que vous glandez de façon éhontée. A l’ami de Bob l’éponge si vous êtes jeune fille. Si l’on creuse un peu, à la douzaine de Noël. Lointaine la bestiole. Je suppose que vous n’avez jamais songé à la façon dont ça s’élève – d’ailleurs le mot même fait paraître l’image ridicule d’un escargot qu’on tenterait d’apprivoiser comme le renard du Petit Prince. Vous allez donc aujourd’hui pouvoir combler cette lacune, grâce à ce compte-rendu d’apprentie hélicicultrice (qui n’est donc pas un collectionneur d’hélice, pas même d’hélices de platane, vous savez, le truc que les gamins se mettaient sur le nez quand, déjà petit, vous fronciez le votre d’imaginer tous les microbes qui grouillaient là-dessus). Je le sens, vous en bavez déjà d’envie.

 

Bienvenue à escargoland

        Des parcs avec des clôtures qui vous arrivent à genoux : l’adversaire n’a pas l’air bien redoutable. En vue, rien d’autre que des planches et des plantes entre les planches. Mais si vous soulevez une planche, vous découvrez en dessous, sur ladite planche, tous les escargots agglutinés comme des moules à un rocher, et pouvez ainsi imaginer à quoi ressemblent les parcs lorsque de nuit les envahisseurs colonisent le dessus des planches. Rajoutez un doux bruit de succion, nous y voilà.

 

L’escargot vous en fait baver

       La fourberie de l’animal n’a d’égal que sa petitesse.

Visualisez un escargot au beurre d’ail.
Bien.
Cette petite chose a été ramassée, ébouillantée, décoquillée à l’aide d’une pique, dépourvue de ses intestins, blanchie (là il faut préciser que l’escargot en train de cuire exhale une odeur redoutable, une sorte de pot au feu olfactif où les inoffensifs navets ont été remplacés par des choux de Bruxelles et des champignons – à côté l’haleine aillée est mentholée) , replacée dans une coquille et étouffée de beurre d’ail, qui a lui-même requis d’ébrancher le persil, éplucher l’ail et les échalotes, mixer le tout avant de malaxer à le main le beurre auquel on vient d’ajouter cette mixture, avant d’être une nouvelle fois passé au four. Vous avez votre escargot. Il vous en reste 199 999 à préparer – moins quelques pertes qui ont péri en croustillant sous de légers pas éléphantesques. 199 999 donc. Pas de mécanisation, tout se fait à la main, coquille par coquille. Mais non, voyons, vous ne tournez pas en rond. En spirale. C’est un cercle vicieux qui se déroule peu à peu.

 

Escargotier : barbarisme paternel un brin ironique que je reprendrai pour ma part comme n.m. celui qui joue à être héliciculteur. Que la découverte de l’élevage de l’escargot peut être fun. On parie ? faites vos jeux !

 

Le décoquillage est un jeu d’adresse permettant de satisfaire vos pulsions sadiques. Après avoir pourfendu votre ennemi d’un adroit coup de pique à escargot (moins noble que la lance, j’en conviens, mais un bon soldat sait adapter ses armes à la situation), vous le tirez à vous et le contraignez à dévoiler son intimité honteuse. Vous l’attrapez alors à pleine main et l’étranglez de telle façon que vous finissez par l’étriper. C’est gore, c’est gluant, ça pue : c’est très drôle. Le jeu consiste à ce que la bestiole ne prenne pas la fuite : entre les gants qui glissent sur les mains, la coquille dont la forme sphérique a tendance à favoriser l’éclipse et la chaire elle-même toute lubrifiée de bave, ce n’est pas coton mais savon. D’autant qu’il faut prendre garde aux attaques. Même mort. Surtout mort. J’ai rendu les armes à cause d’un jet de bave jaunâtre sur moi. Jeu suivant.

 

Bataille de polochon, sans polochon mais le but reste le même : l’étouffement (des escargots sous le beurre d’ail). Comme pour le jeu précédent, vous êtes au laboratoire , avec une blouse blanche (l’habit ne fait pas le moine, mais le savant fou, tout de suite plus), des gants de chirurgien (pratiquant une chirurgie extrêmement réparatrice si très peu esthétique) et une charlotte sur la tête (tout de suite, on se sent beaucoup plus chef de cantine – chers escargots vous allez déguster). On gratte le beurre de sa patte blanche et on le tasse dans la coquille où l’escargot a été préalablement replacé. C’est le moment de remarquer avec stupéfaction que l’escargot ne saurait être dans sa coquille. Certains héritent d’une demeure cossue tandis que d’autres se trouvent un peu à l’étroit – une redistribution sociale tout ce qu’il y a de plus arbitraire. Vous voilà au niveau supérieur du jeu précédent : à vous de beurrer les escargots sans avoir l’air de l’être, vous. C’était l’atelier pâte à modeler gluante.

 

La marchande. On oublierait presque que ça se vend. Parce que les gens n’ont pas préparé l’escargot, voyez-vous. Ils ne distinguent qu’un petit tortillon dans une mer de beurre. Alors, pensez, six euros, ça leur paraît la mer à boire, justement. Mais les gens en mangent. Les étrangers aussi, quoiqu’après moult tergiversations. C’est au milieu desdites tergiversations qu’on intervient. On propose de goûter un esc’apéro, la tapas de l’héliciculteur, marinée dans de l’huile, de l’ail, du persil, à déguster derechef avec un petit bout de pain. On explique le la mousse, c’est comme du Philadelphia, sauf que ce n’est pas du fromage, mais de l’escargot au beurre d’ail tout mixé (garanti sans coquille) et prêt à tartiner. Non, on ne peut pas vous faire goûter les confits d’escargots, là, ça va être dur. Non, monsieur, nos escargots n’ont pas une sale gueule, ce que vous voyez là est une assiette de démonstration en plâtre peint (comment osez-vous contestez la fibre travaux manuels de mon paternel ?). Les vrais sont congelés. Vous en prendrez une douzaine ? en coquille ou en croquille ? non, non ce n’est pas une faute d’impression, il y a bien un r. Ce n’est pas non plus pour faire poissonnière de marché. La croquille, c’est comme l’escargot que vous connaissez, même recette, sauf qu’il n’est pas dans une coquille mais dans une pâte qui se mange- un petit four quoi. Quand une personne s’aventure à acheter l’un de ces produits, le jeu est à son comble : je suis une fausse marchande avec des vrais billets. Et la puissance de calcul mental d’une khâgneuse en vacances. Comment ça, j’ai oublié de rendre un billet de 10 ?