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12 juin 2007

Cette fin d'année ne ressemble à rien.

         Le refrain du concours blanc est fini, on commence à connaître la chanson et elle agonise bizarrement. La même phrase musicale hebdomadaire tourne en boucle, mais plus faible et ça va s’arrêter abruptement, sans même laisser la dernière note vibrer à travers les souffles printaniers -pour le zéphyr estival, il faudra repasser, il n’est pas temps. Ce dernier s’accorde étrangement au mélange de joie et de déceptions ; la grisaille n’empêche pas les coups de soleil, bretelles et démarcations vestimentaires en décalcomanie, Thalie en sait quelque chose. La fin de l’année a le goût des Sprits mangés les pieds dans l’eau d’un des innombrables bassins du château, et des carottes pas tout à fait cuites de la cantine. Plus de cours de français dès vendredi, mais les khôlles sont maintenues ; le développement durable ne tient que parce que la cum cure de la géo prend bientôt fin.
        Le conseil s’est révélé être l’arène où certains toreros ont révélé leur tranchant, et ont joyeusement mis à mort quatre hypokhâgneuses fougueuses sous les huées du public, composé de Mado pour la chaire latine (soutenant farouchement son cheval préféré, j’ai nommé Inci), et Calimero pour celle d’anglais (un yes indeed pour l’homonyme d’Inci). Vaincus ou non, les taureaux vont continuer de faire semblant d’être émoustillés à la vue d’un texte brandi et tacher de ne pas voir rouge. Ce sera rose pour moi – même si on a annulé les tablettes de Milka, enjeu du pari sur les places du classement.

       Il est sûrement temps de dresser un bilan, mais je crois que ce n’est pas possible, l’hypokhâgne ouvre déjà trop de portes pour en parcourir toutes les pistes aux étoiles, alors en faire la carte…

25 mai 2007

CB II over

          "Je ne suis pas pédant de ma nature,

mais je sors de philosophie,

 et vous ne sauriez croire
le pli que la dissertation fréquente

 imprime bientôt à l'esprit. "

Les faux-Monnayeurs, Gide

 

 

      Je n’ai pas mis ma carte de crédit à découvert, une petite robe « aurianesque » dixit le vates lyricus de chez HetM (la robe, pas le vates lyricus. Je veux bien qu’il y ait parfois des soldes, mais il ne faut pas abuser) n’étant pas une folie de shopping faramineuse.

L’acronyme CB désigne ici l’épreuve tant attendue du concours blanc. 2ème prise révisions action !

Philosophie : « Apprend-on à penser ? ». La note sera la vraie réponse.

Géographie : « L’eau douce en Afrique : paradoxes et enjeux ». Vous comprendrez peut-être pourquoi je suis traumatisée à la vue d’une simple bouteille d’eau minérale. Ce jour fut néanmoins à marquer d’une pierre blanche : dernier devoir de géographie de ma vie. On se sent tout z’ému là.

Français : Gide et le besoin qu’on éprouve de se retourner vers les anciens. Eprouverai-je le besoin de me tourner vers Gide ? A part pour faire une coche sur la liste de khôlle ?

Histoire, en 6h, je le rappelle (mais sans prof qui s’engloutit son saumon fumé) : «  La France dans le monde : principes, désirs, réalités ». Oui, « réalités » au pluriel, histoire de compliquer un peu la chose. Vous noterez que l’intitulé risque d’être métaphorique de notre situation : principes de révisions, désirs de réussite, réalité de la note.

Anglais : Notre professeur a le chic pour nous faire étudier les livres les moins enthousiasmant possibles, et pour choisir à l’intérieur dudit livre l’extrait où il y a le moins à dire. Le choix donc entre un passage gnangnan à souhait de The Merchant of Venice (by Shakespeare que j’apprécie beaucoup par ailleurs- surtout par ailleurs) et un extrait de The Grapes of Wrath dans lequel on vous décrit le tracé de la route 66. Heureusement que le style présentait matière à commentaire, parce qu’on était assez mal barré.

Allemand : Angst, de Stefan Zweig. J’aime, que dis-je aimer, j’idolâtre Zweig. Pas vraiment capables de faire d’analyse formelle du style, nous avons donc psychologisé à mort, tout en ayant une pensée émue pour le professeur d’anglais qui n’aurait manqué de s’étrangler devant son équivalent anglophone (ou soi-disant tel).

Latin : Parce qu’il fait beau, que les oiseaux chantent et que tout le monde il est beau, il est gentil et namoureux (non mais sans rire, par cette chaleur, ils n’en ont pas marre d’être collés ?) : les Héroïdes d’Ovide. Comme l’a fait remarquer notre professeur, personne ne s’est plaint, c’est donc que ce devait être facile. Comment se fait-il dès lors que certains aient donné à « mensa », le sens de « mois » et d’autres celui de « table » ? Après de tels écarts, j’ai supplié qu’on arrête d’en parler jusqu’à obtention de la correction.

Les grands moments du concours :

-         Peniculus et son sandwich jambon-cornichon à dix heures du matin, quand le reste de la classe carbure aux barres de céréales, chocolat voire pain au chocolat.

-         Les mots errants sur les marges de brouillon : « spatial ou spacial ? », « 1928 », « merci »

-         Les paroles échangées dès que le prof sort de la salle. Commentaire de Peniculus : « On dirait une classe de CM2, à parler comme ça dès que le prof a le dos tourné. – Et tu fais quoi toi là ? – Ah ouais, ce n’est pas faux. »

-         Le bal des toilettes. Ou de quelle promptitude il faut faire preuve pour se lever avant qu’une autre ne vous ait devancé, le temps qu’il faut prévoir et les inévitables embûches de parcours, la plus redoutable résidant dans la latte qui sert de plainte à l’estrade et se détache avec un bruit des plus discrets.

-         Dans la catégorie bruit discret, mon ventre également, qui se fait entendre dès 8h30 du matin. Trois rangées à la ronde au début du concours, un peu plus loin chaque jour. Il était grand temps que cela s’arrête, le gargouillement faisant désormais rire toute la classe. Je passe donc pour un estomac sur pattes – ce qui n’est somme toute pas très éloigné de la vérité.

-         LE grand moment réside tout de même dans le personnage du professeur d’allemand LV1 dont je pensais la légende mystifiée, mais qui est en vérité bien en –deçà de la réalité. Dans un moment d’égarement, j’avais songé à éventuellement intervertir mes deux langues. J’ai été instantanément t guérie de cette idée sotte et grenue. Dix minutes pour faire l’appel, prises sur le temps qui nous est décompté. Commentaires à  côté desquels ceux que je laisse sur les blogs sont d’une grande spiritualité. Ex. au regard des trois déserteurs de l’HK dont les noms n’ont pas été rayé des listes : « Mais c’est une hécatombe chez vous ! » Je propose d’ailleurs qu’on continue le massacre. C. s’était mis les mains sur les oreilles pour ne pas entendre ses babillages et a répondu à l’appel d’un simple « oui », sans relever la tête : « Une jeune fille très ouverte. » Du même acabit : « L’air est vicié, je vais ouvrir la fenêtre. » Elle commente tout. Mais alors le grand du grand, c’est l’interprétation strictement légaliste du desideratum du prof d’espagnol qui stipulait que l’élève ne pouvait sortir avant d’avoir rendu sa première feuille. Cela s’est mué en interdiction formelle d’aller aux toilettes – à moins que vous ne fussiez germaniste ou russophone- course poursuite dans les couloirs à la recherche d’une hispanique délinquante à l’appui. Dura lex sed lex. Heureusement que l’épreuve ne durait que trois heures.

16 mai 2007

Onomastique de l'hypokhâgne

            Parce qu’on est en concours blanc et que je n’ai jamais passé autant de temps à vadrouiller de lien hypotextuel en lien hypertextuel, voici un moyen de se rappeler à la prépa tout en restant sur l’ordinateur.

 

Vara, tibi khâgna, Vara, celebrat gloooooriam
Splendidissimam, nequiquam a strassam destructam…

          Tout ça, c’est de la faute de Genette. Avec son onomastique proustienne. Et maintenant, Palimpsestes en rajoute une couche (si l’on peut dire). Néanmoins (vous noterez ce souci d’articulation logique mainte fois développé au cours de ces cinq heures de composition philosophiques), cet intelligent monsieur (Etre intelligent, c’est exercer dans et par la langue une argumentation qui élargit la vue de l’esprit) m’a fait prendre conscience du pourquoi de l’antéposition de l’hypo par rapport à la khâgne. En revanche, on a bien fait de ne pas encombrer la khâgne d’un hyper- parce que ça fait un peu l’Esprit en cerveau bleu et orné d’un neurone jaune et rouge arborant fièrement le sacro-saint sigle HK.

 
Hypokhâgne, n.f. Substantif dont les adjectifs apparentés sont :

 

-         Prépateux, adj. Sc. Beaucoup trop connoté scientifique à cause de sa résonnance avec matheux. Trop vague, d’autant plus qu’il peut s’appliquer aux maths sup, épiciers (j’ai appris récemment que c’était le doux nom des prépas HEC et ça me réjouit étrangement), et chartistes (être associé aux chartistes, ce serait plutôt la classe ; mais non, rien à faire je ne travaillerai pas sur les campagnes sous Louis XIII)

-         Prépaïen, adj. Litt. Cela sonne cauchermardesquement kafkaïen. J’ai beau avoir étudié, comme tous les littéraires de France et de Navarre des Dom tom de la promo 2005-06 le Procès, d’avoir, comme la plupart des germanistes, gouté à la joie du texte en V.O. et d’un extrait d’Amerika, la lettre au père a presque réussi à m’infléchir, mais on a remis ça avec Das Schloss cette année. Toutes mes condoléances : de Kafka, je n’aime que le nom.

-         Préparationnaire, adj. Mil. J’ai comme dans l’idée qu’avec un tel vocable, il sera dur de faire croire qu’une HK n’est pas le bagne. Arrivez avec la Phéno à la main et vos plus belles cernes, on vous traitera de tortionnaire.

Hypokhâgneux, adj. Phil. L’Esprit, le vrai. (le premier qui ajoute Auchan est réifié)

 

NDLR : Ahhhh l'ordinateur sait reconnaître le deus ex adj. : l'hypokhâgneux a été automatiquement mis en exergue.  

14 avril 2007

Je me jette à l’eau (douce)

             Pas de grand secret à vous avouez, ni aucune tentation de concurrencer l’inconnue de la Seine. Je me suis simplement jetée dans l’étude ô combien passionnante de l’eau douce. Douce mais pas tendre ; me le rappelle la liste des ouvrages à étudier, réduite à son minimum il va sans dire. Quinze livres. Non mais, est-ce que j’ai une gueule d’assoiffée ? Décidant qu’il n’était plus temps de me noyer dans un verre d’eau en envisageant l’addition salée que représenterait une absence de sueur étudiante, je suis allée à la bibliothèque pour emprunter quelques-uns de ces ouvrages, et les lire, le cas échéant. Pas de cas de conscience à avoir dans le choix, il n’en reste plus que trois. Je me suis plongée dans la lecture de celui qui paraissait le moins effrayant. Un folio ne saurait être totalement mauvais. Titré d’un subtile jeu de mot comme je les aime : La ruée vers l’or, de Roger Cans. En collaboration avec le Monde ; ça fait tout de suite plus sérieux. Mais c’est surtout la promesse (tenue) d’une écriture journalistique, assez éloignée du jargon des géographes [ mais pourtant, la reproduction sociale et le périproductif, ça a tellement de charme ! De la poésie à l’état pure… et vous la reniez ? –Sans vergogne.] Même si les analyses sont truffées de hauteurs de barrage, diamètres da canalisation, kilomètres d’étendues, mètres cubes  d’eau, débit des fleuves et *mode Timon on* j’te raconte pas l’prix des travaux (en francs mais pour ce que ça gêne… les sommes versées à droite et à gauche ne représentent plus rien quand elles sont exprimées en milliards) … j’ai bien du mettre de l’eau dans mon vin et avouer que certains passages se boivent comme du petit lait (vous noterez la modalisation, je n’ai pas encore attrapé d’insolation).

Vivre d’amour et d’eau fraîche

                  ...va devenir de plus en plus sportif, et pas seulement à cause du prince charmant planqué dans ses comptes contes. Le ressource en eau est constante, mais le double effet de la pollution et du « boom démographique » complique l’équation. D’autant plus que l’on est victime des caprices du ciel : « L’ensemencement des nuages à l’iodure d’argent n’a jamais donné de résultats probants. Les danses et les prières non plus. » Je pourrais peut-être chanter, en revanche. Non ? Alors plus question de gasillage… in some times, you won’t say « to spill money like water » unless it is… for water.

Versailles ? Ca coule de source !

               Combien d’autre vous savent comment le Roi Soleil a fait en sorte que ses magnifiques rayons puissent se refléter dans le Grand Canal ? – Ne dites pas tous, ça pourrait me contrarier. Le roi a fait venir son architecte et lui a dit que, ma foi, la Seine n’était pas fort éloignée, et qu’il n’avait qu’à l’apporter. Car tel est mon bon plaisir. « Mansart, fin courtisan, lui répondit : « L’eau montera jusqu’au ciel s’il plaît à Votre Majesté. » » Toujours est-il que Mansart réussit à dégoter un Néerlandais dégourdi des méninges et qui lui a construit une immense machine à Marly, qui fournissait 5000 tonnes d’eau par jour et coûta la bagatelle de 8 millions de francs-or. Le pouvoir discrétionnaire a parfois du bon. Surtout pour aller bronzer à la pièce d’eau des Suisses.

Mimi cracra l’eau elle aime ça…

               L’eau, ce n’est pas seulement une molécule chimique, un enjeu géopolitique, une ressource sacrée. C’est aussi les stations d’épuration (mais si vous avez l’occasion d’en éviter la visite, vous ne vous en porterez pas plus mal, soit dit entre nous) ; les micro-organismes anaérobies qui sont injustement moins connus que Packman, alors qu’ils nous évitent le « péril fécal » (amis d’Afriques noires, bonsoir !) ou encore les égouts, sans lesquels Les misérables ne seraient pas tout à fait ce qu’ils sont. L’eau et ses dérives forment un grand mythe littéraire. Oui, bien sûr, il y a non solum Moby Dick, Le vieil homme et la mer, et ses 20 000 lieues en dessous… sed etiam La Fontaine qui n’a jamais si bien porté son nom : «  Car chacun a de bonnes raisons d’estimer que l’eau qui coule sur son territoire lui appartient, ou d’agir comme si. Alors que chacun sait, sans avoir lu la fable du Loup et l’agneau, que l’eau courante appartient à tout le monde. »
Pour le côté mimi. Pour le côté cracra, la politique lave son linge sale devant vous, c’est la « tentation de la corruption » comme dit très correctement R. Cans. Navigation en eaux troubles ; l’eau n’est pas toujours limpide : les versements non plus. Après on s’étonne de ses déboires. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle se casse.

… tant pis si ça mouille, elle fait des patouilles !

              Et puisque la guerre de l’eau n’aura pas lieu (tout de suite), procédons à la bataille (corse ?) !

«  Cette menace d’inondation en cas d’orage ou de pluies exceptionnelles, et donc de pollution par le débordement des égouts, n’est pas une vaine phobie. […] Pour les enfants des rues de Phnom Penh, ces débordements sont une aubaine car cela permet de patauger à loisir et de capturer à la main les poissons-chats sortis des égouts. »

«  On comprend que l’inventeur américain du jeu de Monopoly ait mis les compagnies des eaux en bonne place sur la parcours du capitalisme triomphant. C’est un métier sûr, où l’on ne connaît jamais la faillite et où les revenus sont assurés. » Tout est rentré en réflexivité… faites vos jeux !

Méfiez-vous de l’eau qui dort

              « On ne fait pas la guerre pour l’eau, mais la goutte d’eau qui manque peut faire déborder le vase de l’indignation et déclencher les hostilités. » « un élément universel simplissime, composé d’une molécule d’oxygène et de deux molécules d’hydrogène, peut, par une étrange alchimie, se transformer en or. » Sublimes métaphores finales.

Et méfiez-vous de l’eau tout court, il y a un moment où la goutte d’eau fait déborder le vase. J’imagine que s’étant trop mouillé dans son travail, l’auteur a tout balancé par-dessus bord.  « A première vue, l’eau est une matière qui a tout pou décourager l’appât du gain. […] Elle ne suscite aucun effet euphorisant, à la différence de l’alcool ou de la cocaïne. » Relié à quelques remarques sur la bière, on pourrait se demander si l’auteur ne pourrait pas se lier d’amitié avec le spécialiste d’Afrique noire – et de ses débits de boisson.

 
           Je ferme le robinet des pleurs, finalement, ce n’était pas la mer à boire. Seulement dommage que je ne sois pas un végétal chlorophyllien, parce qu’avec tout ce que j’ai absorbé comme eau sous le soleil torride du mois de mai, je serai devenue une belle plante. Quant à savoir si cette eau douce est bénite, rdv après le concours blanc.