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07 janvier 2008

Le retour de la mauvaise conscience

(the return of the native)

 

La mauvaise conscience. J’avais du la coincer dans les anneaux d’un classeur, celle-là. Du coup, en les rouvrant, elle m’a sauté à la figure, encore plus furax d’avoir été pincée. Le conditionnel passé qui dormait tranquillement dans ma grammaire a ressurgi. J’aurais du travailler. Il aurait fallu que je lise ma bibliographie de philosophie et il aurait été si beau d’avoir véritablement entamé la dissertation. On aurait pu s’avancer. Le futur est à présent bien trop proche, et cette satanée mauvaise conscience applaudit au feu d’artifice des khôlles annoncées.

C’est une sorte de toon miniature qui tient du démon pour ses méthodes et du petit ange qui secoue la tête d’un air affligé pour l’idéal qu’elle représente. Oui, oui, comme dans Tom et Jerry : une petite souris à droite, blanche et impassible, une petite souris à gauche, rouge et déchaînée. La mauvaise conscience, c’est du deux en un. Vous ne pouvez pas l’écarter d’un coup de patte pour mauvaises manières, parce que vous savez qu’elle vous dit ce qu’il est bon de faire, mais vous ne pouvez pas non plus lui sourire béatement et avancer dans le droit chemin, guidé par la lumière phosphorescente de son auréole, sans être agacé par le titillement de son trident infernal*.

            Le seul moyen de lui échapper, c’est de courir plus vite qu’elle dans la direction qu’elle vous indique. De l’épuiser par votre enthousiasme à faire ce que vous devez faire. La mauvaise conscience toonesque trébuche, halète, s’arrête, mange un bout de gruyère sur le pouce, et avec un peu de chance, se fait écraser par un rouleau compresseur égaré d’un dessin animé voisin. La paix (avec vous-même) pour un moment. Mais cet échappatoire est en réalité illusoire puisque pour lui échapper, vous courrez droit où elle vous poussait. On se fatigue assez vite. Et même si ce n’est pas le cas… il est bien connu que le toon est d’une résistance à toute épreuve : garanti 100% étanche, vous ne pouvez pas le noyer, il est compressible à loisir, résiste à tous les chocs, babille incessamment – et comble de la malchance, il dure encore plus longtemps que le lapin Duracell, puisqu’il fonctionne à l’énergie solaire (avec adaptateur lumière électrique ; vous n’avez la paix que lorsque vous dormez). Vous pouvez toujours jouer au freesbee avec son auréole, mais je doute que le procédé soit couronné de succès.  Heureusement que la mauvaise conscience toonesque a ses bons côtés, parce que le seul moyen de s’en débarrasser, c’est ou bien de lui donner raison ou bien d’atteindre la fin de l’épisode. Et mes amis, je ne suis pas pressée de voir « That’s all folks ! ». Quant à la bibliographie post-mortem… pfff, il n’y a rien de plus ennuyeux que le générique.

           

* Si Nietzsche avait séjourné dans la trempette à toon et qu’elle lui avait ramolli le cerveau, il vous aurait très certainement dit que, la mauvaise conscience étant le retournement contre soi des instincts de liberté lorsqu’ils ne peuvent pas s’exprimer, il n’est en rien surprenant que votre toon soit un emmerdeur fini. Il se tourne vers vous pour ne pas virer fou. Devenez schizo et soyons heureux d’être le créditeur se sacrifiant pour son débiteur. **

 

** (la note de la note, on ne vous l’avez pas fait celle-là, si ?) Il est bien entendu que je raconte n’importe quoi. En ce soir de rentrée, ma tête est un vaste mixeur qui mélange, écrabouille et dénature tout. Aucune prétention philosophique – de la prétention tout court.

17 décembre 2007

Conditions concours*

    Pour vous mettre aux conditions concours, nous vous demandons de ne pas sortir pendant la première heure, de mettre vos sacs sous le tableau et de ne pas garder votre portable sur la table.

     Cette bonne intention affichée de notre CPE a du faire sourire le premier à être sorti au bout de quarante-cinq minutes. Peut-être même l’a-t-il textoté à quelqu’un d’autre comme ceux qui se sont communiqué le sujet de philo à rendre après les vacances, que l’on devait récupérer après remise de notre copie. Un prêté pour un rendu. Mais qu’importe, je continue à farfouiller dans mon sac pour y trouver quelque chose comestible et euphorisant – du chocolat à tous hasards. Les conversations écrites fusent, les échanges de soupirs désespérés face au sujet aussi,  les brouillons noirâtres sont émaillés de questions (de) bleues, souvent à caractère orthographique. Le trafic de gâteaux bat son plein et le concert des estomacs offre de beaux solos au mien. Pain d’épice, pomme, clémentine, chocolat et polystyrène comestible** : pas question d’être à cours de munitions en pleine guerre froide. Même après avoir fait une indigestion de dates de Noël fourrées au communisme  vague impression d’avoir avalé les révisions du bac d’histoire en une journée – vague sensation d’être persécutée, lorsqu’en allant à ma répétition de danse, un monument en rajoute une couche, en rappelant à ma mémoire défaillante que la guerre de Corée, c’est le millésime 1950-53. Indigestion historique. Le café littéraire était encore plus orgiaque. Jugez plutôt du menu concocté par la Bacchante : Mikados, langues de chat, amandines au chocolat et Ferrero Rocher. A déguster à la fin, après avoir nourri sa pensée de façon toute mécanique, en engouffrant gâteau après gâteau et tendant la main pour attraper une autre pensée, s’apercevoir brutalement que le paquet est vide. Dissertation en miettes. On recolle les morceaux comme on peut. Un tissu d’âneries, cousues au fil blanc des transitions rhétoriques. Un jour, je vous ferai une méta-dissertation pour vous prouver en toute mauvaise foi que mes transitions coulent de source et pas seulement d’encre. Trop long pour ma patience présente. A la place, je vous propose la réponse dont on ne fait qu’une bouchée. Hors-d’œuvre totalement hors de question mais qu’on s’amuse à formuler avant de développer nos idées et de rabougrir notre dos – par un mécanisme que je ne m’explique pas, il me semble que l’on voit mieux l’intérêt du sujet quand on a le nez collé dessus (peut-être est-ce aussi pour cela que j’ai du mal à prendre de la hauteur).
Hors-d’œuvre hors sujet, donc :

« Toute œuvre d’art est un mensonge. »
-         Toi aussi, Stendhal.
-        
Alors ma copie doit être une très belle œuvre.

 « Pourquoi l’idée de Dieu nous vient-elle à l’esprit ? »
-         Parce que nous sommes à Versailles.
-        
Parce que l’on me pose la question.
-        
Pourquoi l’idée de « Pourquoi l’idée de Dieu nous vient-elle à l’esprit ? » ne me vient-elle pas l’esprit ?
Mon esprit embrumé n’a même pas pu implorer l’aide divine du clocher de l’église Saint-Louis, drapé de son brouillard mystérieux.

     « Messianisme et géopolitique dans les relations internationales de la Russie puis de l’URSS »
J’aime quand les profs rivalisent de superbe pour nous dégoter de beaux sujets. Un sujet vu de loin, c’est toujours beau. Et tout le monde sait que la beauté laisse sans voix. 

Conditions concours. *sous conditions
Libération conditionnelle sous peu de jours.

** Copyright Melendili - mais si je dois rendre compte de toutes les expressions que je lui pique, on n'est pas sortis de l'auberge.  

10 décembre 2007

Bulletin d’information météologiquement khâgneuse

    Une dépression khâgneuse s’abat sur tout le pays. De violents orages sont à prévoir à Versailles dès jeudi. Possibilité de pluies torrentielles qui inonderont à coup sûr les vallées de larmes. Prévoyez les bouées de sauvetage en cas d’inondation – il y a toujours moyen de ramer et de se noyer dans un verre d’eau. Après de nombreuses turbulences neuronales, les choses devraient s’arranger. On prévoit même une obscure éclaircie vendredi en quinze, suivi d’un week-end électriquement illuminé. Selon nos prévisions, les vacances devraient anticiper sur les giboulées de mars (ou mimésis des guirlandes clignotantes?), alternant grands éclats de rire, et nuages de contrariétés aristotéliciennes.

*prend le petit sourire niais et le petit mouvement de main satisfait qui s’impose, jusqu’à disparition de la page par un aimable clic de votre part*
-maniez-vous, j’ai une crampe à la mâchoire et vraiment l’air con-

24 novembre 2007

DS, la passion(née) du chocolat

[Je ne pouvais décemment pas prétendre avoir la passion de la finesse.]

  Qu’on n’aille pas me faire croire que le travail intellectuel est déconnecté des passions, c’est peine perdue, je ne vous croirai pas. D’expérience. Il suffit de voir dans quel état de nerfs me met un DS. La distinction intellectuel/passionnel ne vaut que pour faire la part des choses, la cerise sur le gâteau, somme toute – qui comme toute cerise sur un gâteau est décorative, inbouffable qu’elle est – les innombrables couches de sucre parviennent à vous faire douter qu’il y ait bien eu un fruit à l’origine. Le gâteau nommé désir DS est fait de couches successives de dures pensées et de passions crémeuses, i.e. écoeurantes. Qu’on réussise à l’avaler ou qu’il y ait massacre à la petite cuillère, les nerfs sont toujours à vif.


    Ecoeurée la semaine dernière, j’ai vomi toutes les notions philosophiques que j’avais ingurgité la veille, dont je m’étais saoulée jusqu’à tomber de sommeil. Le coma éthylique n’a pas porté conseil, puisque la crise de nerf a éclaté le lendemain, puérile et certainement agaçante pour ceux qui se sont tant bien que mal mesurés à « A quoi peut-on donner un sens ? ». Ma réflexion sur le sujet a rapidement buté : à quoi peut-on donner un sens ? Certainement pas à cette dissertation, à moins d’y voir l’expérience de la misère, certes non pas humaine, mais assurément khâgneuse. Malgré tous les efforts de la Bacchante pour me calmer – chocolat chaud compris- j’ai rendu copie blanche. Et vérifié à cette occasion combien cette expression est inappropriée, puisqu’on ne rend pas même une feuille blanche. La conscience étant le pire invention qui ait jamais été intentée, j’ai refait ou plutôt fait ladite dissertation le dimanche après-midi. A suivre. Comme un mauvais feuilleton.
    Forte de cette expérience, j’ai dîné fort légèrement hier, grignotant jusqu’à une heure peu avancée dans la nuit (mais dans la nuit tout de même étant donné que la nuit tombe à cinq heures – oui, la chute fait mal) des tartines de citations que j’ai aussi élégamment que possible vomi sur ma copie ce matin. Le gâteau est donc très bien passé –mais non pas dans l’indifférence. J’étais survoltée. L’enivrement n’était en rien causé par le parfum de mon voisin, mais par l’enchaînement des idées. Surexcitée comme une puce, je suis allée à sauts et à gambades, de Proust à Montaigne. Cette fois-ci, personne ne jouait une cacophonie de larmes sur mes nerfs, c’est moi qui tenait l’archet – et je puis vous dire que mes sauts et gambadages (Word est un ignare qui me souligne « gambadages » - n’a-t-il donc jamais vu le sketch de Gad Elmaleh ?) ne trahissaient en rien la danseuse qui sommeille en moi. Grosse caisse et compagnie ; ça finit en fanfare : « « Les beaux livres […] écrits dans une sorte de langue étrangère » dont parle Proust ne peuvent être que ces éditions de luxe richement reliées que collectionnent sans les lire les gens qui sont bibliophiles à défaut d’être littéraire. » Et ça m’amuse.

La conclusion devrait en bonne logique être en rapport avec le début de l’article et vous confirmer que les DS du samedi matin attaquent pensée et passion sont indissociables CQFD. Mais, ainsi que vous venez d’en faire l’expérience, mes conclusions sont rarement exactement dans la droite ligne du sujet. C’est comme un trait d’eye-liner, il faut finir par une virgule. Je vous dirai donc, citation à l’appui (toujours se garder une petite citation sous le coude pour finir – ici il suffit de le lever pour la délivrer) : la vérité n’est pas, comme Rabelais le pensait, « au fond de la bouteille », mais dans le sandwich nutella-chocolat. [Pour plus de détails sur ce qui s’est miraculeusement substitué à l’orthodoxe sandwich au fromage, laissez vos cris affamés en commentaire].