24 novembre 2007
DS, la passion(née) du chocolat
[Je ne pouvais décemment pas prétendre avoir la passion de la finesse.]
Qu’on n’aille pas me faire croire que le travail intellectuel est déconnecté des passions, c’est peine perdue, je ne vous croirai pas. D’expérience. Il suffit de voir dans quel état de nerfs me met un DS. La distinction intellectuel/passionnel ne vaut que pour faire la part des choses, la cerise sur le gâteau, somme toute – qui comme toute cerise sur un gâteau est décorative, inbouffable qu’elle est – les innombrables couches de sucre parviennent à vous faire douter qu’il y ait bien eu un fruit à l’origine. Le gâteau nommé désir DS est fait de couches successives de dures pensées et de passions crémeuses, i.e. écoeurantes. Qu’on réussise à l’avaler ou qu’il y ait massacre à la petite cuillère, les nerfs sont toujours à vif.
Ecoeurée la semaine dernière, j’ai vomi toutes les notions philosophiques que j’avais ingurgité la veille, dont je m’étais saoulée jusqu’à tomber de sommeil. Le coma éthylique n’a pas porté conseil, puisque la crise de nerf a éclaté le lendemain, puérile et certainement agaçante pour ceux qui se sont tant bien que mal mesurés à « A quoi peut-on donner un sens ? ». Ma réflexion sur le sujet a rapidement buté : à quoi peut-on donner un sens ? Certainement pas à cette dissertation, à moins d’y voir l’expérience de la misère, certes non pas humaine, mais assurément khâgneuse. Malgré tous les efforts de la Bacchante pour me calmer – chocolat chaud compris- j’ai rendu copie blanche. Et vérifié à cette occasion combien cette expression est inappropriée, puisqu’on ne rend pas même une feuille blanche. La conscience étant le pire invention qui ait jamais été intentée, j’ai refait ou plutôt fait ladite dissertation le dimanche après-midi. A suivre. Comme un mauvais feuilleton.
Forte de cette expérience, j’ai dîné fort légèrement hier, grignotant jusqu’à une heure peu avancée dans la nuit (mais dans la nuit tout de même étant donné que la nuit tombe à cinq heures – oui, la chute fait mal) des tartines de citations que j’ai aussi élégamment que possible vomi sur ma copie ce matin. Le gâteau est donc très bien passé –mais non pas dans l’indifférence. J’étais survoltée. L’enivrement n’était en rien causé par le parfum de mon voisin, mais par l’enchaînement des idées. Surexcitée comme une puce, je suis allée à sauts et à gambades, de Proust à Montaigne. Cette fois-ci, personne ne jouait une cacophonie de larmes sur mes nerfs, c’est moi qui tenait l’archet – et je puis vous dire que mes sauts et gambadages (Word est un ignare qui me souligne « gambadages » - n’a-t-il donc jamais vu le sketch de Gad Elmaleh ?) ne trahissaient en rien la danseuse qui sommeille en moi. Grosse caisse et compagnie ; ça finit en fanfare : « « Les beaux livres […] écrits dans une sorte de langue étrangère » dont parle Proust ne peuvent être que ces éditions de luxe richement reliées que collectionnent sans les lire les gens qui sont bibliophiles à défaut d’être littéraire. » Et ça m’amuse.
La conclusion devrait en bonne logique être en rapport avec le début de l’article et vous confirmer que les DS du samedi matin attaquent pensée et passion sont indissociables CQFD. Mais, ainsi que vous venez d’en faire l’expérience, mes conclusions sont rarement exactement dans la droite ligne du sujet. C’est comme un trait d’eye-liner, il faut finir par une virgule. Je vous dirai donc, citation à l’appui (toujours se garder une petite citation sous le coude pour finir – ici il suffit de le lever pour la délivrer) : la vérité n’est pas, comme Rabelais le pensait, « au fond de la bouteille », mais dans le sandwich nutella-chocolat. [Pour plus de détails sur ce qui s’est miraculeusement substitué à l’orthodoxe sandwich au fromage, laissez vos cris affamés en commentaire].
15:50 Publié dans Souris de laboratoire | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
J'avoue, la fin m'a bien fait rire :)
(Et pour une fois que je reconnais correctement une allusion littéraire -cette chère dive bouteille de Rabelais- fêtons cela... au chocolat)
Courage !
Écrit par : Oxymore | 24 novembre 2007
Je compatis... et pousse un cri affamé. Pourquoaaa ?
Non, en fait, je comprends. Le chocolat est bien meilleur.
Courage, en tout cas, courage... les vacances ne sont pas si loin...
Écrit par : Aleks | 24 novembre 2007
En direct live de l'internat, affamé...
La métaphore filée du vomi et du gateau indigeste, je n'avais pas osé ! Ton expérience du *strudel avec toute la crème qui a trainé 8jours au frigo* du samedi matin est universelle : les DS le samedi matin, après une semaine à macérer dans le frigo du lycée, c'est pas très frais...
Il faut que je dorme, pardonnez-moi...
(Parle nous du sandwich, je donnerai la recette à mon estomac de voisin ^ ^)
Écrit par : zED | 24 novembre 2007
Les vacances ne sont pas loin? Elles sont dans un mois! (après le KB omg...).
(comment ça je suis décourageante?)
Allez, tiens bon; dans quelques temps tu les regretteras ces overdoses XD.
Écrit par : Piperata puella | 25 novembre 2007
Mon parfum n'a d'autre but que celui de te faire chavirer
Écrit par : Le voisin | 25 novembre 2007
Oxymore >> D'une manière générale, mes références "littéraires" viennent des cours, donc tu devrais t'y retrouver ^^
Aleks >> cf. zED (dernier paragraphe)
zED >> "En direct live de l'internat, affamé..." Hum... la lecture a du être violente. Mais n'aura pu égaler la lecture d'une scène de dégueuli magistrale de Mort à Crédit, de Céline, et que le prof s'était délecté à nous faire à midi moins cinq. En la ponctuant de "bon appétit". Un régal.
Tu fais dans le sanglant, je fais dans le gore. D'une manière générale, celui qui parle a toujours l'air de trouver ça truculent alors que l'interlocuteur a un haut le coeur. J'ai déjà remarqué ça à la cantine. On peut, alors qu'on raconte une horreur, engloutir un truc aussi infame que du chou-fleur de cantine sans moufter, tandis que les autres reposent avec dégoût leur éclair au chocolat.
Strudel ? *les yeux qui s'allument*... un Apfelstrudel ? Là, si j'étais un toon, des yeux plus gros que le ventre me sortiraient de la tête, et ma langue me servirait de bavoir. Expérience culinaire répétée quotidiennement lors d'un voyage en Autriche.
Sandwich nutella-chocolat... le truc formidable, c'est que comme le pain de mie toasté est encore bien chaud, les carrés de chocolat fondent légèrement et soudent les deux tartines de nutella ensemble.
Piperata puella >> Bien sûr que les overdoses nous manqueront après. On est drogués au travail.
Par contre mon esprit de shootée ne parvient pas à décoder le "KB omg". S'agit-il du concours blanc ? omg"... je connais l'OMG, les OGM... ou oh my gosh ?
Le voisin >> Quel baratineur ! Ce serait pas plutôt pour un certain nez camus ? *petite fenêtre parisienne grande ouverte, je viiiiiis*;-P
Écrit par : mimylasouris | 26 novembre 2007
Il ne reste plus qu'à conjuguer ton sandwich nutella-choco avec le sandwich boulettes de viandes sauce tomate de Baptiste...
Si tu me fais la recette, je le mange !
Écrit par : zED | 28 novembre 2007
Quelle est exactement la recette du sandwich aux boulettes de viandes ? pain de campagne ? baguette ? du fromage dedans ?
Il n'y a vraiment que moi pour poser la question juste après m'être engouffré un Big Tasty (en sortant de la danse, et après avoir constaté dans le miroir et en tunique le résultat de ma session nutella). On a également racheté des Granolas, mais personne n'a osé ouvrir le paquet aujourd'hui. Il ne devrait pas résister aux deux heures de latin demain. Bref, il faut que j'aille recopier mon commentaire de français. Vale !
Écrit par : mimylasouris | 28 novembre 2007
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