Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30 juillet 2006

Scan queue ni tête

Scan queue ni tête

 

D'après une idée de Dine et un scan de Lilfairy. [ Le but du jeu étant de customiser le scan original, que vous pouvez télécharger ici ]

24 juillet 2006

Questions insipides

Pourquoi le code m'endort-il ?

Pourquoi m'a-t-on dit "Madame" à la boulangerie ? Faudrait qu'elle se réveille et ouvre les n'yeux la p'tite dame.

Pourquoi Gilbert est-il fermé le lundi ? Et Christophe aussi ?

Pourquoi la tranche des livres anglais est-elle imprimée dans le sens inverse du notre ? Chez nous, le titre va de bas en haut ; les anglais, de haut en bas. Pessimisme, esprit de contradiction ou résultat de la conduite à droite ?

Pourquoi me posai-je ces questions ?

Je ne veux pas au conditionnel

      Sortie de ma torpeur estivale par un stage de danse, je me suis mis au parfum avec l’aide de Süskind. J’ai réveillé mes sens en suivant les aventures sans dessus dessous en dentelle de Manon Lescaut. Charles Dantzig, avec son nom qui rings a bell du programme d’histoire de première, m’a rappelé que les neurones ont aussi le droit d’être alimentés. Et ce qui s’accorde parfaitement avec le caractère ludique qu’on est en droit d’attendre de ses vacances, on peut jouer avec ces nourritures. Pas de date de péremption. La seule indigestion possible se situerait du côté de la fatigue causée à nos yeux. Alors pour éviter l’éblouissement de la page blanche, je veux des chapeaux, des chapeaux circonflexes, des accents entraînants ; tous les accents circonflexes du plus-que-parfait du subjonctif. L’abbé Prévost eût pu en ajouter pléthore qu’il ne m’en eût pas lassée. Je veux manger du petit caractère avec excès de vitesse sans être arrêtée par une police biscornue. Je veux sauter sur les aigus et faire du toboggan sur les graves ; reprendre le rythme au point-virgule pour souffler sur la cédille ;  fixer dans les deux yeux ce tréma éberlué puis m’en aller sur le point sans trébucher. Je veux des pages et des pavés, du sable tant qu’il est dans la mouvance de la lecture. Je veux tout avaler, des feuilles jusqu’à Racine : la langue piquante d’Oscar Wilde, les et pis tet’ épithètes de Balzac, les didascalies dada de Becket, les ronds dans l’eau de Virginia Woolf et les vapeurs alcoolisées d’Apollinaire.  Je veux de nouvelles saveurs ;  je veux que ça pétille, que ça croustille, que ça frétille. Que ça croque sous la dent, que ça s’effrite dans la mémoire. Que ça crapahute dans la culture, que ça moissonne les idées. Que ma caboche asséchée soit arrosée par la soif de lire.

Le manuel du parfait chasseur de petits rats - vol. 2

Ou comment l’approcher

       Le moyen le plus sur de l’observer est sur scène, là où il est apprivoisé. Le phénomène est alors magique, se garder de toute analyse et de tout esprit critique.

 

Dans la rue
        Le repérer est très difficile, hormis le cas exceptionnel de l’opéra. Les autres peuvent cependant être soupçonnés lorsqu’ils sortent d’un cours, à leur démarche sénile qui cherche à éviter de bouger leurs articulations douloureuses. L’affalement est ensuite notoire dans les moyens de transport. Vous pouvez en apercevoir un dans l’attente d’un feu vert pour piétons, s’il balance sa jambe en attitude à la seconde (en remontant le genou vers l’épaule) ou s’il se balance sur le côté, mains sur les hanches avec une jambe décollée du sol : il se fait craquer la hanche. Moment ô combien délectable. Passons. Il peut également faire le héron, ce qui se traduit ici par l’étirement de la cuisse.
Si vous avez beaucoup de chance, le petit rat se trouvera sur le chemin de son cours et sera donc muni d’un chignon. Il sera alors très facilement reconnaissable (surtout s’il court, le petite rat est souvent un peu juste).

 

Aux abords d’une audition
         Cet endroit constitue un terrain de repérage rêvé pour tout amateur de rat. On y trouve la raideur manche à balai due au stress et surtout la fameuse marche des canards. Eh oui ! De même que les paons font la roue, le rat laisse cette curieuse esbroufe au gymnaste et parade ridiculement en-dehors (du propos) pour impressionner ses petits concurrents. Mais le rat n’est pas toujours aussi impitoyable qu’on le dit. Il sait être solidaire et se sauver de concert lorsque le navire prend l’eau ; c’est-à-dire quand il échoue plus ou moins lamentablement, ce qui ne manque pas d’arriver en raison du nombre restreint de places disponibles – quand des rats rapaces ne les ont pas déjà accaparées par audition privée, hem. Sales bestioles.
          Avant l’audition, en bus ou à l’hôtel, le petit rat donne des petits coups de tête pour repérer ses congénères. Il fera alors montre de petits yeux inquiets. S’il s’agit d’un pestiféré il aura l’air d’une fouine. (Le rat ne montre pas souvent les dents, mais il n’est pas non plus tendre).
          Après l’audition, il est très probable de le voir pleurer à chaudes larmes de crocodile, escorté par ses géniteurs ou plus sûrement sa mère poule. A votre avis, pourquoi le haut du théâtre s’appelle-t-il un poulailler, hein ?

 

En stage
          Du concentré de rats à observer. Dès l’extérieur, il se repère grâce à son gros sac. Comme l’escargot, le rat trimballe son capharnaüm avec lui. Dans une énumération à la Prévert : tickets de bus, horaires de cours de l’année dernière, paquets de mouchoirs ; des tuniques à gogo parce qu’on ne sait jamais laquelle choisir mais surtout parce qu’il est impératif d’en changer souvent (et d’essorer la précédente- j’exagère à peine) ; des demis pointes trouées dans lesquelles on se sent comme dans des chaussons (pas étonnant, c’en sont) ; une paire de pointe en cours qui a connu quatre cours et dans un temps égal sera dans un état de décomposition avancé, une encore toute bonne à finir mais qui en réalité en est déjà au stade avancé de décomposition (stade beurre mou par canicule) et des toutes nouvelles qu’il va falloir briser ( et fait de quoi ce sont plutôt les pieds qui sont brisés au premier essayage).  A quoi s’ajoute une serviette pour les gouttes qui roulent dans le dos comme des petites perles de rocaille, ou au coin de l’œil –hum… ; du dédorant ; de la laque les jours de grandes occasions, des filets, des pinces qui disparaissent mystérieusement de leur boîtes et dont on retrouve quelques survivants en farfouillant au fin fonds du sac (alors que l’on est pressé, il va sans dire) non sans se piquer à l’aiguille qui dépasse du nécessaire à couture -en cas d’extrême urgence ; un peu de maquillage beaucoup pour certaines ; téléphone ; bouteille d’eau ; pansements ; argent ; brosse à cheveux… Le tout sans dessus dessous.
          Avec sa maison, le rat va donc au stage. Une aubaine pour le chasseur puisque le terrier est parfois prêt à excepter les visiteurs et  épater la galerie. Les cours sont bondés, ça bat, frappe, brosse, fouette, saute et tourne de toutes parts. Le rat fait ici la rencontre de ses pairs. Il en connaît toujours plus ou moins quelques-uns et chuchote sur les autres. Tout se sait. Il n’y a que la désignation qui ne soit pas toujours facile : « Tu vois, elle, là-bas, avec le chignon (vachement identifiant), celle qui se place, là, mais siiiii, celle avec la tunique, le short et le collant noir, non pas la brune, la blonde, là, oui elle… bah elle rentre en deuxième division ». Suit généralement un petit juron d’admiration, un soupir de langueur –« mais pourquoi je ne suis pas comme ça ??? »- et un « hm » conclusif.

En stage, le rat enchaîne les cours et rentre totalement exténué. Là, il est facile à attraper… mais il n’a alors plus rien de tout ce qui fait sa légende.