25 juin 2006
Mot à maux
Robert se repose. Il attend à la vérité, mais comme il ne sait pas bien quoi, il se dit qu’il se repose. Avant qu’on ne vienne de nouveau le consulter sur quelque problème épineux. Il est très demandé ces derniers temps. Les vacances arrivant, son emploi du temps devrait s’alléger un peu. Il pourrait même envisager quelques semaines de vacances. Comme avant-goût d’exotisme, il y a son cousin qui s’est installé près de chez lui, depuis un moment déjà. Assez imposant d’aspect, il a pourtant toujours le mot witty qui fera mouche. Toujours à la page. Séduisant. Surtout dans son complet bleu roi ; bleu anglais pour bien afficher son originalité. Alors que lui… avec sa mine sobre à tendance sévère, ses idées arrêtées et son éternel costume beige… Il scrute les environs : du quidam moyen à perte de vue. L’espace manque d’horizon, la capitale est vraiment minuscule. Son cousin qui se pavane en quelque îlot – paradis artificiel. Il s’en lasse, et commence à baisser la garde ; la lettre – pas vraiment capitale - qu’il parcourait lui échappe. Son regard se noie dans le vague. Et là, il aperçoit… rousse, racée, colorée et vivante… elle parle comme un moulin, comme le vent égrènerait à toute vitesse les pages d’un livre. Elle est enjouée, fait retentir son rire. Elle… la rousse…si…
Un grand bruit fait sursauter tous les étudiants.
- Tiens, c’est le dico qui est tombé de son étagère !
- Tombé amoureux oui ! pouffe en ses pages ce grand dandy de Collins.
Et Larousse de rougir à l’abri des livres beaux parleurs, sur son rayonnage discret.
20:20 Publié dans Of mice and writing | Lien permanent | Commentaires (9)
16 juin 2006
Alea jacta est. Et n'oublions pas : Errare humanum est.
Lundi : Philosophie… acounamatata
Cela signifiiiiiie que tu vivras ta viiiiiiiiiie sans aucun souciiiiiiiis, philosophiiiiiie… acounamatata ! – je suis lion, ça ne se voit pas ?
Durée : 4 heures
Coefficient : 7
Brouillon : rose
Tartine : 1.5 L, un paquet de Ti déj et un paquet de atillefine au chococlat
C’est donc faire preuve d’immaturité de dire que l’on n’a de devoirs qu’envers autrui. C’est considérer le devoir comme une contrainte pesante et non comme un désir de faire le bien . Nietzsche s’est indigné contre cette conception, celle des « morales de l’ennui » qui ne nous poussent pas « à faire et à refaire une chose » et à vouloir la faire bien.
Le devoir est obligation envers autrui mais également envers l’homme en général et, partant, envers moi. C’est par autrui que j’exerce un devor envers moi : d’une part parce que le devoir d’autrui est mon droit, d’autre part parce que c’est par mon action sur lui que je me rends digne d’être respecté et que je prends conscience de ma valeur. Ainsi que l’a très justement formulé Sartre, Autrui est le médiateur entre moi et moi-même.
Mardi : Tout ceci n’est que littérature
Durée : 2 heures (et deux mini dissert à faire, c’est une épreuve de rapidité : le bachotage par excellence)
Coefficient : 4
Brouillon : bleu
Tartine : je ne me souviens plus, je n’ai pas eu le temps de me souvenir
Mercredi : Asie OREOtale
Durée : 4 heures
Coefficent : 4
Brouillon : rose
Tartine : 1 L un paquet de petits déj
L’Asie orientale : une aire de puissance en expansion… la puissance d’Oreo ! Je me suis même payé le luxe d’un petit croquis sur le développement en vol d’oies sauvages. Kesako ? Non, ce n’est pas une de mes métaphores tordues mais une authentique expression de géographe. Le pays le plus développé est le Japon, suivi par les dragons puis par les tigres, suivant une dynamique en forme… d’un vol d’oies sauvages ! (parce que les pas sauvages ne sont pas autorisées à voler). Les historiens géographes aiment les images : entre les volatiles et la technique du salami…
Jeudi : cup of tea et toasts à la confiture de figues
J 'aime ça mais pas en traduction... la cuisson est indigeste
Durée : 3 heures (à l’heure de la sieste)
Coefficient : 4
Brouillon : on frise l’alterance parfaite
Tartine : only un paquet de petits-déj, mais au coco
Confiture de figues ! Figurez-vous ! Sur des toasts… triturage de méninges pour savoir si je gardais le mot intact, mais j’ai finalement opté pour une traduction bien franchouillarde : du pain ! Bon, ceci dit, heureusement que j’avais de quoi me substanter… sans cela, je me serais endormie. A quand des sujets plus intéressants ? – demain, banane !
Durée: 3 heures mais on aurait cru moins en voyant le nombre d’oocupants de la salle
Coefficient : trop c'est-à-dire 4
Brouillon : très boruilloné, c’est de l’allmeand et … jaune !
Tartine : banane –véridique- et Petits déj au chocolat
Bilan des courses : c’était ça ? ça le bac ? Toutes les révisons pour ça ?
Ceci dit, heureusement que les épreuves ne sétalaient pas plus, je serais devenue un peu trop détendue…
Grand regret (le poupon est un remord) : je n’ai pas eu de brouillon vert.
Petit regret : je n’ai quasiment pas utilisé mes crayons de couleurs que j’avais pourtant passé une demi-heure à tailler –imaginez que vous perdez une demi-heure pendant l’épreuve à tailler vos crayons, hein, bande de moqueurs.
Le verdict le 3 juillet. Alea jacta est.
19:20 Publié dans La souris-verte orange | Lien permanent | Commentaires (19)
11 juin 2006
On en tient une couche
Ceci est une IMAGE de tartine, pour commencer. Une représentation.
Mais bien plus encore, ceci est une métaphore -collante. Ceci est l’objet de vos pires cauchemars. Le symbole de la loi de Murphy. La tartine qui tombe toujours du côté du beurre, à l’exception notoire de la fois où vous pariez qu’elle tombe du côté du pain (à moins que vous ne vous joignez au pari d’un ami en pensant qu’elle va tomber du côté du pain, auquel cas, elle se fera un plaisir de vous offrir une belle tâche à nettoyer). L’emmerdement maximum est une loi, si, si. Pas au sens d’un commandement moral (le premier qui me rappelle le rapport avec la morale, le devoir et autres amuse-gueules, je lui fait bouffer sa tartine), mais au sens d’un loi physique.
Il est tant de filer – pas à l’anglaise avec un scone, je vous ai vu, là, oui, vous…- mais en métaphore et basses considérations. Tout l’art de la tartine réside dans la confiture : car il est bien connu que la culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale. Oui. Mais c’est sans compter sur la loi de la tartine : non contente que l’on sache peu, elle nous conduit à oublier (mais pas version Bergson avec la conservation du souvenir dans l’inconscient, ce serait trop beau : là il y a encore possibilité de repêcher ce qui (porte la) poisse.) La mie comporte des trous (rappel de l’année dernière : sous l’action de la levure, ça gonfle, le CO2 prend de la place et quand il s’en va, c’est cuit, et y’a des trous – que c’est loin le programme, c’est p’tet pas tout à fait ça… nevermind): c’est tombé par les trous de la tartine. Phrase favorite de notre chère prof d’histoire qui a tenté de combler les trous : elle a du mérite, parce que les manques sont d’origine, cuits en même temps que le pain !
D’où des variations sur le thème –poétique ?- de la tartine (aussi appelée beurrée dans certains coins du pays de la baguette – ‘saviez pas ça, bande de croûtons ?). Et pseudo alléchants :
Bachoter ou comment s’apercevoir que les trous de la tartine sont plus grands que la tartine (rendons à César ce qui appartient à Dre – vous pensez à Mission Cléopâtre ? moi aussi).
Réviser ou comment s’apercevoir qu’il y a trop de confiture pour la tartine… écoeurant
Moins bien j’en conviens, mais c’était pour faire le pendant.Sur ce, je vous laisse savourer votre dîner : ayez une petite pensée émue pour tous les bacheliers qui vont déguster pendant la philo, demain matin. Acounamatata.
20:41 Publié dans La souris-verte orange | Lien permanent | Commentaires (14)
06 juin 2006
Champ sémantique (miné –et minant) des révisions
Toute bonne digression dissertation commence par une définition du ou des mot(s) clef. On sort de suite un joker et on demande le Petit Larousse. Ledit dictionnaire nous informe de ce qui suit :
Révision n.f. 1 Action de réviser.
Ca, ça s’appelle de la paraphrase et c’est grandement à éviter le J-J (non, ce ne sont PAS les initiales du précurseur du journal intime livré à l’injustice du monde extérieur). Continuons.
Réviser v.t. (lat. revisere) 1. Examiner de nouveau, pour modifier s’il y a lieu ; revoir. Réviser son jugement.
2. Examiner en vue de réparer ; remettre en bon état de marche. Réviser un moteur.
3. Revoir ce qu’on a étudié, afin de bien l’avoir en mémoire lors d’un examen, d’un concours.
A priori ce qui nous intéresse est la troisième. Mais la deuxième rappelle que le cerveau est un muscle qui s’entretient ; tandis que la première est forte intéressante en ce qu’elle suggère que l’élève est amené à faire quelques modifications dans ses souvenirs (ne pas oublier le premier l de Pflimlin, par exemple). On touche là au nœud du problème (insertion presque discrète de la problématique) : il faut la présence de souvenirs. Ce léger détail montre que la conception de l’acte de réviser n’est pas la même pour tout le monde.
Toutefois, commençons par ce qui est partagé : le ressenti sur la quantité de la masse du poids du… bref de la charge de travail à abattre. Vous noterez en effet qu’il n’y a que le dictionnaire pour mettre ce mot au singulier. L’élève qui aurait une révision à faire serait l’un des rares redoublants détenteurs d’une automobile (qui leur permettre d’être autonome, i.e. de se fixer des lois à eux-mêmes pour… pas de révision inopinée de la liberté ? ah bon, dommage) qui devrait passer chez le garagiste. Passons, justement. Passons à sur la vision quasi platonicienne de la révision : il n’y a pas que le désir qui puisse être comparé au tonneau des Danaïdes…
Passé ce rappel de l’opinion commune, attaquons par derrière. Certains qui, au lieu de travailler de façon assidue et régulière, ont trop traîné sur Skyblog, ont adopté une vision du temps comparable à cette interface [ Si vous n’avez pas testé les « Votre article sera publié dans quelques minutes » et attendu quelques heures, vous ne pouvez pas réellement comprendre ]. Ils ont donc mal apprécié la distance jusqu’au bac à sable. Pour ceux-là, le préfixe « re » est un souci : ils n’ont plus que des visions. Et comme on est loin d’être dans un songe d’une nuit d’été, les hallucinations sont plutôt cauchemardesques. On pourrait même dire que c’est la logique d’un cauchemar… ambiance kafkaïenne de rigueur.
Les sérieux commencent par ré-apprendre. Mais un phénomène curieux fait son apparition (observez bien la métamorphose ) : ré-apprendre, re-lire, re-voir. On revient insensiblement à l’étymologie du mot : l’élève jette négligemment un coup d’œil sur le tas de classeurs, survole les feuilles (si elles ne se sont pas déjà envolées, soulevées par une douce brise d’été) et déclare qu’il les a vues. Ce qui est, vous en conviendrez, parfaitement vrai.
Il n’y a plus guère qu’un problème : les examinateurs sauront-ils que nous avons exercé notre regard à capter toute la poétique de la feuille de cours ? Car notre œil aguerri sait maintenant du premier coup d’œil reconnaître s’il s’agit d’un polycopié,
de l’écriture de son voisin de classe qui lui a prêté ses cours,
de la calligraphie du premier de la classe à qui il a emprunté le manuscrit pour le photocopier (et éventuellment le lire)
ou plus rarement de sa propre plume.
L’étape la plus dure : la conclusion. Qui doit non seulement conclure mais aussi ouvrir. A la lumière enténébrante de ces réflexions, nous pouvons tous voir l’évidence, c’est dur. Pour l’ouverture, vous pouvez toujours ouvrir la fenêtre, parce que je m’en vais aller mettre en pratique toutes ces belles théories.
Je m'excuse par avance -d'accord, à la fin- auprès de mes lecteurs qui ne seraient pas en Terminale et ne peuvent par conséquent saisir toutes les nuances d'effroi que peut éveiller un tel article.
21:00 Publié dans La souris-verte orange | Lien permanent | Commentaires (5)