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21 février 2015

Stabat mater, gaudebat sorex

Les ors du théâtre des Champs Élysées après les bruns de la Philharmonie, la douceur indécente du pull de Palpatine, la chaleur des voix humaines... Ce Stabat Mater de Dvořák a pris des airs de Suave mari magno, la non-traduction du latin aidant à mettre à distance les souffrances chantées. De là où j'étais, tout n'était que douce beauté ; je n'ai même pas pensé à aller à la pêche aux métaphores et, de fait, n'en ai pas rapporté. De ce concert, je me contenterai (avec contentement) de dire que j'y assisté. Amen.

Pardon : AaaaAAAaAaaaAaaaamen.

10 octobre 2014

Fête de début d'année

Au rang BB, la tête levée vers la voix enchanteresse qui flotte au-dessus d'un cône de robe bleue, je retrouve l'émerveillement qui me prenait, petite, au pied du sapin, lorsque celui-ci me paraissait encore immense parce que je n'avais pas encore grandi. Aga Mikolaj est merveilleuse, et avec elle tout le Te Deum de Dvořák. Le texte latin, utilisé comme un Ipsum lorem par le compositeur en l'absence du texte qu'il devait recevoir, est un fabuleux prétexte à une grande fête où les chœurs vous parviennent assourdis par l'orchestre, comme des amis qui vous appelleraient de loin, à travers la foule.

Devant moi prend ensuite place la plus refaite des deux sœurs Labèque : tandis que, sous l'effet de ses doigts et d'un tropisme gémellaire idiosyncrasique, les touches tendent à aller par deux, je me demande si elle voit quelque chose à travers les deux demi-lunes qui lui servent d'yeux. Du Concerto pour deux pianos de Martinů, je garde au final l'image du code barre collé en face de moi sur le tabouret – un souvenir-écran ou/où je n'y entends rien !

Gland de chêne, noisette et châtaigne, le dégradé des violoncelles donne à la Symphonie n° 8 de Dvořák des couleurs automnales. La joie m'emporte, comme la bourrasque les feuilles mortes qu'elle fait danser.

22 février 2014

Alto ou tard

Cette grande fête de dix minutes, un carnaval ? Pourquoi pas. Je n'aurais pas apporté de masque mais j'ai volontiers participé à la sauterie de Dvořák en sautillant d'une fesse à l'autre.

Pendant que l'alto de Tabea Zimmermann tziganise avec Bartók (à moins que ce ne soit un effet de la robe, qui semblait être de la récup' de carrés Hermés plissés contrefaits), j'observe Christoph Eschenbach diriger. Le Voldemort de l'orchestre se livre à un magnifique duel : à chaque instant sur le point d'être gagné et débordé par la musique (la lumière rouge avance, touche presque sa baguette), il en reprend toujours le contrôle et la redirige (la lumière verte regagne du terrain).

Palpatine me prévient à l'entracte : Brahms, c'est de la meringue. Je m'attends à des arabesques d'apparence crémeuse dans tous les sens mais non : les notes s'évaporent avant même qu'on les ai goûtées. Ce sont les altos, eux-mêmes souvent oubliés entre les violons et les violoncelles, qui ont les plus beaux passages, de très beaux mouvements de l'âme, dont on se dit qu'ils seraient vraiment mis en valeur repris ailleurs, par quelqu'un d'autre, qui les organiserait différemment (oh wait, un compositeur). En l'état, Brahms a tout de la chantilly Dalloyau : une préparation qui rend délicieusement légères les pâtisseries qui l'incorporent mais relativement insipide en tant que telle. Je me fie donc aux gourmets mélomanes et à leur art de déguster, selon lequel, pour goûter Brahms, il faut somnoler.