14 juin 2015
Beauté de l'apaisement
En ouverture, Laurence Equilbey prend le micro pour expliquer que Dvořák a composé son Stabat Mater après avoir perdu trois enfants coup sur coup, et souhaiter aux personnes qui auraient connu des tragédies que cette musique puisse leur apporter consolation et réconfort. Dans le confort de ma vie sans problème, l'apaisement est simple quiétude. Résistant à une douce somnolence, je remarque que le rythme de tout un passage épouse la respiration d'une poitrine qui a cessé de hoqueter et laisse désormais les larmes couler paisiblement, deux soupirs répondant à une lente inspiration1.
Baignée dans ces pleurs qui ne sont pas les miens puis dans la lumière dorée du final, cuivres et soleil couchant, je me rappelle que je suis heureuse d'être vivante et, plus encore, de l'être parmi ceux qui le sont avec moi. J'ignore si la beauté peut apaiser le chagrin d'un deuil, mais elle console d'être soi-même mortel : du moins cette beauté-là l'aura-t-on vécue, ensemble.
1 À moins que ce ne soient deux brèves inspirations répondant à un profond soupir. Le début et la fin reprenant le même rythme, on peut imaginer par le passage de cette respiration-ci à celle-là l'apaisement progressif de la douleur. Dans le programme, cela devient « un mètre ternaire, un rien dansant, qui produit un balancement cyclique, doux et enivrant comme l'écoulement des larmes » (Marianne Frippiat).
14:33 Publié dans Souris d'Opéra | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, concert, philharmonie, dvořák, stabat mater
21 février 2015
Stabat mater, gaudebat sorex
Les ors du théâtre des Champs Élysées après les bruns de la Philharmonie, la douceur indécente du pull de Palpatine, la chaleur des voix humaines... Ce Stabat Mater de Dvořák a pris des airs de Suave mari magno, la non-traduction du latin aidant à mettre à distance les souffrances chantées. De là où j'étais, tout n'était que douce beauté ; je n'ai même pas pensé à aller à la pêche aux métaphores et, de fait, n'en ai pas rapporté. De ce concert, je me contenterai (avec contentement) de dire que j'y assisté. Amen.
Pardon : AaaaAAAaAaaaAaaaamen.
23:06 Publié dans Souris d'Opéra | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, concert, tce, stabat mater, dvořák