29 avril 2006
Crying his eyes in
Prince de l’or noir
A la peau exhalante d’arômes,
Il attend, fiché sur sa mare.
Sa vision a dépéri,
ô cyclope à faire fondre,
Prince déchu de la chocolaterie
Et couronné d’amande
Et non de laurier – pattes
Au ras des pâquerettes tendres.
D’amour ce crapaud s’est consumé
La flamme de l’amour rend aveugle
Son œil a été emporté
Dans le Tartare de sa gueule. Et beugle
En silence ; l’œil intérieur
Etouffé en un hoquet, plus gros que le bœuf
Il n’y pense – s’il pouvait juste redevenir rieur
Et piquer un œil bovin – Mais qui vole un bœuf vole un bœuf :
Pour un crapaud par Pâques pondu
En voilà une amer idée.
Le troisième œil qui a anéanti le second a fondu
Dans son corps évidé.
Grenouille à la grande bouche
Muette – je vais t’embrasser,
De ton baiser, garder sur mes lèvres l’embrun coloré.
15:35 Publié dans Of mice and writing | Lien permanent | Commentaires (15)
19 avril 2006
OdalIngres
Je suis allée voir l’exposition sur Ingres au Louvre aujourd’hui. Je dois admettre que je ne sais pas quoi en penser. Cela a un côté assez fascinant. Les Odalisques et leurs corps courbés qu’ils en sont presque déformés. Les longs dos. Le lascif nonchalant. La peau grassement potelée qui semble prête à être modelée. (Les canons de beauté de cette époque-là n’étaient pas du genre à vous pousser à l’anorexie). Mais les visages, s’ils peuvent paraître mystérieux, sont surtout fermés. Rond, doux, expressifs mais repliés sur eux-mêmes. Les modèles s’ennuyaient-ils ? Je l’imagine, figés dans des poses plus ou moins inconfortables. D’ailleurs, c’est ce qui m’a amusée ce matin. Chercher. Chercher la petite bête. Les yeux de celui qui se fait tirer le portrait, et vérifient en coin ce qu’il en est. Les seins trop haut placés de certaines –et pas seulement à causes des robes empire. La coquine du bain turc. Le dos aaaaaaaalongé de la Grande odalisque. Paraît-il qu’il a rajouté deux vertèbres. Paraît-il. De source artistique : Dre avait vu cela lors de sa première artistique. Pas que l’on s’en soucie beaucoup (des deux vertèbres, pas du parcours de Dre), puisque l’effet obtenu est beau ; mais à examiner le tableau, on a l’impression que le corps se morcelle en chairs flasques juxtaposées.
Mais. Oui, il y a un mais. Je ne suis pas totalement emballée. Ca ne me parle pas. Surtout pas les portraits un peu raides des aristocrates nées sous un nom à rallonge – que le dernier ferme la porte. Ni les sujets religieux. Je ne sais pas. J’avais envie de secouer ces corps. De les titiller. De leur ajouter des volutes voluptueuses comme sur la fameuse photographie. Le violon d’Ingres. On l’a vu. Déçue de l’origine de l’expression : il n’y en a pour ainsi dire pas. Son violon, sa deuxième passion. Je m’attendais à quelque chose d’autre. Bref, je suis un peu restée sur ma faim. Ou plutôt je suis un peu lourde. Trop de chair plus ou moins fraîche. Contente cependant d’avoir pu apprécier de mes yeux. Parce que les Odalisques m’ont plus. A leur manière.
Ajout du 20, suite au commentaire de Dre.
Réparation d'oubli. J'ai bien aimé les tissus des portraits. Surtout le velours de Napoléon (qui soit dit en passant avait un goût pourri pour les tapis) et la robe de la mère de Henri IV (one day I may remember the history of my country, one day I might). Et les dessins, c'est vrai. Surtout l'esquisse de préparation pour les mains de l'une des baigneuses turques. (Je dois être à peu près la seule à avoir retenu cela…)
J’ai lu aujourd’hui dans la salle d’attente du médecin –pour un certificat médical, point d’inquiétude- dans Beaux-Arts magazine, un article sur l’expo en question et j’en ai retenu deux points : l’idée que tous les nus d’Ingres paraissent froids parce que ce sont des fantasmes mis à distance (on parlait de « distance oculaire infranchissable », il me semble) et la qualification d’un organisateur de l’exposition : Ingres est un maître de l’arabesque dans un corset. Evocateur me semble-t-il.
23:40 Publié dans Souris de médiathèque | Lien permanent | Commentaires (10)
16 avril 2006
Il n'y a pas qu'oeufs dans la vie, y'a Pâques aussi.
12:40 Publié dans D'autres chats à fouetter | Lien permanent | Commentaires (5)
Non cogito ergo bla-blam dico
Je me dois de vous raconter l’expérience que j’ai faite des hautes sphères pseudo intellectuelles. Le genre que je me plais à parodier en portant la main au front, en prenant un air las (prononcez laaaaas) et une voix pincée qui débite négligemment une suite de conjonctions qui ne coordonnent que le vide de l’esprit. Je ne citerai aucun nom, car aucun ne le mérite.
La chose informe.
C’est une mascarade de mots.
C’est une performance de danse suivie d’une conférence-débat.
C’est une gesticulation sur bruits dont j’ai été l’interprète avec mes camarades d’infortune de cours, d’après les dires du bruiteur compositeur.
Aucun propos, du mouvement vide de sens, vide de joie, vide de vie, vide de creux. Rien. Ca en résonne. Les coups de gong et autres perce tympans n’en sont que plus vifs. Et ça se veut un hommage à Ravel, une évocation de l’Orient. J’ai cru que j’allais étouffer à force de retenir le rire qui me tenaillait. Danse dehors dans le froid. Certaines ont attrapé la crève. Conférence d’auto-congratulation : « Alors, je voulais juste prendre la parole… Moi aussi j’ai fait (pas grand-chose mais beaucoup de bruit) et j’approuve totalement. Je suis d’accord (Qui le serait, sinon ?). (Bla-bla en longueur blaaaaaaaaaaaaaaaaaaa-blaaaaaaaaa). Mais je ne voudrais pas monopoliser la parole (nooon ; il est juste sur le point d’arracher le micro tellement il le serre ; c’est maladif, comme un besoin de reconnaissance pour ce que, j’espère, il sait au fond de lui être un ratage complet) ».
Et le débat. Masturbation intellectuelle, ainsi que l’a justement formulé ma mère. Et que je te tourne autour du pot, et que je m’élève dans les hautes sphères du n’importe-nawak pour finalement retomber dans ledit pot. Ca pique les épines. C’est le risque lorsqu’on s’envoie des roses. Pas de pot (aux roses).
Et dire que par un malheureux concours de circonstances, c’est une photo de moi dans une composition à moi (modeste, certes – la composition, pas moi) qui a illustré la chose.
12:30 Publié dans La souris-verte orange | Lien permanent | Commentaires (3)