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10 février 2007

Hernani et Barbie

A côté les feux de l’amour, c’est trash.

 

       Vous connaissiez peut-être Hernali et autres parodies, le texte s’y prête. Le problème, c’est que cette mise en scène de Robert Hossein* à la Comédie française (1974) que nous avons visionnée en cours hier n’était pas, je crois, voulue comme tel. C’est que ça a vieilli, très mal vieilli. Mieux vaut en rire. Parce qu’il y a matière à persifler. Hernani avec son costume en écailles de poisson synthétique déclame sa grandiloquence avec force passion. Sa belle Dona Sol est une poupée Barbie aux yeux bleus qui déclare avec fougue au comte Da Silvia qu’elle est « une véritable espagnole » *mouvements l’Oréal à l’appui*. Ô oui ! très racée, farouche et audacieuse. Comme par ce chaste baiser langoureux, sur lequel notre admirable technicien en chef est revenu après avoir fait une avance un peu trop rapide. Chaste donc, parce qu’il faut bien dire ce qui est ; langoureux parce qu’à les voir ensuite, on a l’impression qu’ils viennent de passer l’après-midi à folâtrer dans les prés. C’est mignon, c’est mignon. Juste un peu écoeurant d’être dégoulinant de bons sentiments et d’ardeur virile de pacotille [l’homme leader price est de retour ! ^^ private joke] . Et puis ces instants si poignants, où Don Ruy Gomez semble habité de quelque esprit mystique et répète comme dans un songe cauchemardesque « Il l’aime… Il l’aime ». Le bruitage de battements de cœur vous prend à la gorge et la musique genre Autant en emporte le vent vous berce tendrement. Vous n’hésiteriez pas à dormir, si seulement ils ne passaient leur temps à hurler. Il faut du decibel à la passion. C’est long. Surtout qu’elle est coriace Dona Sol ; c’est résistant une poupée Barbie. On croit toujours qu’elle va expirer, ça fait un bail qu’elle a tenté le remix de Roméo et Juliette. Mais non, mon cher Hernani, ma vie, mes amours, mes emmerdes, mes douleurs. Hernani est piètre acteur, mémoire déficiente, il peine à se souvenir du dénouement de la tragédie shakespearienne. C’est bien dommage. Allez, bois, bois ! (Je vous assure que là, on devient vite pro-alcoolique). Il se décide enfin à mourir. Et là, ce qui est génial, c’est que contrairement à l’autre coriace, lui n’est pas difficile à achever.

       Mais la cerise sur le gâteau, c’est la pomme du nain. Personnage rajouté, il apparaît la première fois après une envolée lyrique d’Hernani appuyée de maints maniements de cape et d’épée holé ! Il croque sa pomme avec un regard profond, genre et là il te kill. Donc réapparition à la fin, mais le tragique, c’est qu’il pleure tant qu’il n’arrive plus à croquer sa pomme. Et nous on riait tellement que ça a continué jusque dans la file d’attente de la cantine. 

 

 * Il y a toujours des hauts et débats. La mise en scène d’Antigone d’Anouilh par Robert Hossein était à proprement parler géniale. Il doit y avoir des génies incompatibles. Avec Hugo, pas de place pour deux.

Ce n’est pas pour rien qu’on habite Versailles.

     L’année dernière on avait déjà eu La Bruyère et sa Cour.

Cette semaine, je vous propose :

-         en philo : « Peut-on ne croire en rien ? » ou comment par ces quelques mots « Et le cynique ? Et le libertin ? » une khôlle peut devenir une colle.

-         en histoire : « La religion catholique dans la société et les débats politiques français de 1870 à 1914 »

 Et Dieu dans tout ça ?

01 février 2007

De la tragédie en hypokhâgne

         C'est épique en ce moment. Je ne parle pas des chevauchées intrépides mais plutôt des âpres luttes verbales ou joutes amicales.

 
Acte I : la scène des portraits

Scène 1. Salle 309. (non pas la 101, n’en déplaise aux amateurs de 1984).
Lecture du Misanthrope. Il s’est trouvé que Célimène était on ne peut mieux jouée par la coquette de la classe, j’ai nommé mademoiselle Miss Love and Potins. Ca doit être l’intertextualité inter-époques.

Scène 2. La cantine et son délicieux fumet d’huile frite pour la nième fois.
C’est le quart d’heure ragots et médisance, si tant est que l’on puisse réduire ce temps à seulement quinze pauvres petites minutes étriquées. Proposez, proposez ! Que pensez vous de C. ? Défauts, vices et manies. Que pensez-vous de X ? Pas grand-chose, tout juste mieux qu’Y. Et Z ? crime et châtiment… alphabet à la Molière.

 

Acte II : le dilemme cornélien

Doit-on ou non présenter des excuses au professeur d’anglais pour avoir quelque peu chatté pendant le cours ? [Je ne me sens pas concernée, le sommeil est silencieux.] Conciliabules dans les couloirs, dénonciations en salle des professeurs. Le verdict demain.

 

Acte III : la bataille d’Hernani

La salle 309.
La LS1 ; Boc en Dona Sol, grande et perchée sur des talons ; Le petit génie en Hernani, petit et fluet.

« Dona Sol, souriant.
Comme vous êtes grand ! »  

Rires et quolibets dans la salle.

 
Acte IV : « Le latin n’est pas une fatalité » dixit magister latinae


… c’était la réplique fatale qui a ponctuée une heure savonneuse (petites bulles comprises sur les copies)

 

Acte V :  rideau

Dodo.