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28 mai 2010

Coupez !

Je me faisais des films, mais :

En une journée, mon mémoire est passé de 34 à 69 pages.

En écrivant tout de suite 2 pages.

J'ai rajouté les interlignes et les quatre centimètres de marge à gauche pour la reliure.

Malheureusement, je ne crois pas que la marge de dépassement soit aussi démesurée : c'est la crise de la cinquantaine.

D'autant qu'il manque encore introduction et conclusion, ainsi que le menu emballage comprenant couverture, table des matières et bibliographie.

J'entends encore la Bacchante en me rendant une synthèse pas synthètique : "Tu te rappeleras l'année prochaine qu'un mémoire n'est pas une thèse."

La fin est proche. Prière à ma directrice de recherche ; en l'absence de miracle, je devrai user du Ctrl X.

Pour l'instant, je n'ai coupé que mes cheveux.

Brokeback Moutain

 

Il n'y a pas de « secret » : à l'Ouest, rien de nouveau.

Vous pouvez être gay et cow-boy, vous n'échapperez pas au mythe de la passion selon lequel il n'y a d'histoire d'amour que lorsqu'il y a beaucoup d'obstacles pour l'empêcher. Homos et hétéros, même prise de tête ; vraiment une charmante façon de faire reconnaître les premiers par les seconds : vous non plus, vous n'avez pas le droit d'aimer. Alors voilà la misère humaine au pied de l'immensité de la montagne, forêts silencieuses, ciel orageux, fraicheur des lacs. Le Monde interprète cette débauche de nature comme la construction de l'idylle originelle des amants – et dire que j'ai zappé ce thème kundérien, mit temps cyclique, sentiments aussi purs que l'eau de source, et proximité avec les animaux (ouais, tomber sur un ours est idyllique). On pourra se gausser de la beauté des images, mais le seul enthousiasme que j'ai jamais eu pour le Wyoming remonte au temps où j'étais lectrice de la saga des Flicka de Mary O'Hara, et j'ai bien cru au début du film que j'allais faire une overdose de paysages. N'écoutant que ma tendance moutonnière, j'ai néanmoins suivi – et fait bon voyage, malgré ou peut-être même à cause du traditionnel schéma de l'amour-passion, auquel on se laisse finalement bien prendre. Un bel exemple de vies de merde ratées (la permanente blonde d'Anne Hathaway aussi) qui rassurera tout un chacun dans la mesure où le spectateur n'a qu'à taper sur les doigts de la méchante société homophobe pour oublier que les personnages coincés l'ont tout autant été de leur propre chef, et qu'il n'appartenait qu'à eux de faire d'autres choix. Évidemment, on fait mourir l'un des amants pour étouffer irrémédiablement cette idée dérangeante. Et arracher quelques larmes, parce qu'il faut bien reconnaître que le mutique à la belle gueule est efficace. A tel point que je ne suis pas certaine que ce film n'ait pas été proclamé chef-d'œuvre par un chef de meute.

 

23 mai 2010

Des oh! et des bah !

 

Début de Beach Birds, comme l'avant-spectacle: planant.

 

Hier, au débotté et avec du bol, soirée au Théâtre de la Ville ; quand j'arrive Palpatine (vous avez grillé qu'à chaque fois que je le link, il s'agit de la critique correspondante et non d'une lubie obsessionnelle, j'espère) a déjà trouvé des revendeurs à qui acheter deux places. Dans le hall, je crois reconnaître le danseur pain au chocolat du ballet de Lyon, ainsi surnommé lorsque la compagnie s'était produite à Pantin, il y a quelques années, parce que ma mère le regardait comme si elle allait en faire son quatre heure. Tout à fait à mon goût également. Du coup, j'ai réservé à Palpatine ses jumelles pour ses apparitions sur scène, mais j'ai beau eu scruter et l'attendre de pièce en pièce, personne. Le mystère s'est levé à la sortie : il s'agissait en réalité de l'ouvreur qui s'occupait du vestiaire. Il reste croustillant, mais cela lui a fait perdre un peu de son aura. Un danseur, quand même... venons-y, d'ailleurs. En trois partie, comme il se doit y invite la tripartition du programme.

 

Aux frais de la princesse, le chorégraphe nous a posé un lapin

 

sur le devant de la scène, côté jardin, allongé par terre, face tournée vers le public. Le lapin Kiss cool, à ceci près que le costume ne couvrait pas les pieds, qui frottés contre le sol produisaient un grincement dont j'ai mis un certain temps à identifier la provenance, croyant à un bande-son accompagnant une image flottante projetée derrière. Mais le temps ne m'a pas manqué ensuite pour analyser la chose et plaindre le pauvre gars qui, à moins d'avoir développé un centimètre de corne, ne devait plus avoir de voûte plantaire ; cette blague de mauvais goût a duré, quoi, je dirais un bon quart d'heure. Mais aussi, l'ennui dilate le temps.

De toutes manières, on se demande ensuite si le grincement, introduisant du moins une illusion de rythme n'était pas préférable au silence. Non que celui-ci devienne angoissant (pourquoi cette absence de musique ? La bande-son est-elle morte ? Quand vais-je pouvoir tousser ? Et autres interrogations existentielles), mais il est redondant : on n'entend pas plus qu'on ne voit, et Dieu sait pourtant que ça gesticule. On agite la tête en tous sens – che-veux que ça s'arrête ! - on se jette par terre, seul ou à plusieurs, on dansotte dégingandé mais pas désinvolte, parce que les danseurs sont en empathie avec leur public, ils souffrent. Une pensée émue pour la fille qui se tape une séance de gainage de malade : au sol, elle soulève son bassin et s'arque jusqu'à se trouver sur les demi-pointes et le sommet du crâne, bras en l'air qui demandent de l'aide sans y croire, parce que bon, comme le reste, cela n'a pas été chorégraphié. La vie n'est pas un conte de fée, ma bonne dame, la princesse de Rescuing the Princess (enfin les, parce que toutes les danseuses s'y sont collées) étant décrite par le programme comme une amie danseuse en fin de vie que le chorégraphe a accompagné jusqu'à la mort. Qui est, comme chacun le sait, une délivrance : réapparition de la musique et construction d'un ensemble, le seul de la pièce du coup monté, au lieu de la juxtaposition d'artistes autistes, on aurait bien une ébauche de danse. Peut-être même pas mal, mais on est soulagé de ne pas avoir à se poser la question.

Noir à nouveau, personne n'ose espérer la fin, mais quelqu'un tente d'applaudir pour mettre fin à ses souffrances et c'est finalement ce que l'on attendait de nous. J'ai été rassurée que se mêlent aux applaudissements des huées. Prise entre mon accord profond avec ces dernières et mon envie de témoigner aux danseurs, qui réussissent à laisser deviner une belle qualité de mouvement (en particulier le grand Black, que j'aurais bien aimé voir ailleurs) toute ma compassion, je ne bouge pas. C'était la première fois, je crois, que je n'applaudissais pas à un spectacle. Cela m'est déjà arrivé de ne pas être emballée et d'applaudir par convention, mais là cela aurait été de l'hypocrisie pure et simple.

Ralph Lemon, retenez bien ce nom pour être sûre de ne jamais croiser son chemin.

 

 

Pingouins pas manchots


 

A défaut d'être esthétique, la première pièce a tout de même été utile, en me faisant par contrepoint apprécié une pièce sur laquelle je ne me serais pas forcément attardée en temps normal. Après avoir écouté les mouches voler, nous avons vu les oiseaux danser. Pas n'importe lesquels, précisément ceux qui vous font trépigner un ingénieur Linux embarqué : des Beach birds, des pingouins. On oublie pour une fois que l'académique n'est pas flatteur (d'autant que pinguis désigne tout de même le gras en latin – la seul entrée des Mots latins dont je me souvienne...) ; la démarcation qui le fait passer du noir au blanc juste au-dessus de la poitrine, associée à l'inclination de celle-ci, donne un port de reine d'empereur. J'adore la poésie de cette danse anti-lyrique qui flirte avec le figuratif (j'allais mettre « danse abstraite », mais je viens de relire les essais de Kundera).

A cause du titre, ou plutôt grâce à sa légende (ce qui doit être lu, rappelons nos cours de latin), on voit dans une main/aile qui tremble le pingouin qui frissonne ; dans la tête posée d'une joue puis d'une autre sur le dos d'un partenaire, la tendresse d'une caresse ;   dans les sauts en retiré première (je ne sais pas le terme technique, j'appelle ça les sauts « grenouille ») bras bas, le déséquilibre du pingouin qui plonge. Ou comment Bournonville se retrouve sur la banquise.


 

Si l'émotion e/affleure, elle n'est jamais sentimentale, mais toujours graphique :

 

 

Dans le registre de la référence classique poles apart, le frémissement d'un pied en équilibre en attitude parallèle devant (got it ?) m'a fait penser aux petits battements sur le coup de pied dans l'adage du Lac des cygnesécho volatile. Quand j'en ai fait part à Palpatine, il m'a proposé d'aller voir des vrais oiseaux, sous prétexte qu'il n'y a pas que les pigeons dans la vie, et j'ai eu un court instant la sensation d'en être un.

 

La Beach Bird attitude

 

Comme il est récemment mort et déterré, j'avais lu pas mal de choses sur Cunningham, et j'étais vraiment curieuse de voir ce que donnait une danse aux lignes fortes voire épurées, comme des poses successives (je me souviens de V. qui m'avait résumé le style du chorégraphe à quelque position – et effectivement, on pourrait analyser la chose à l'aide de quelques pas où domineraient l'attitude et le demi-plié en première position), très exigeante physiquement (l'équilibre en attitude derrière penchée et plié, avec port de bras... le genre de chose qui vous développe le mollet pois chiche), entretenant un rapport assez lâche avec la musique (le bâton de pluie a un effet apaisant lorsqu'il n'est pas agité frénétiquement par un gamin chez Nature et découverte), et où l'émotion a dégagé du visage. Ce dernier demeure effectivement de glace, sans pour autant qu'il ait des airs de froideur ; l'ensemble est lisse mais pas superficiel. Cette pièce est vraiment un drôle d'oiseau.


Ne pas avoir l'air d'un albatros - seulement manchot.

 

 

Re- Set and Reset

 

Déjà vue avec Palpatine à Chaillot, la pièce de Trisha Brown me plaît toujours autant. J'ai pourtant eu l'occasion de la re-découvrir s'il est vrai qu'est difficilement mémorisable la fluidité du mouvement avec ses faux rebonds et sa vraie dynamique. Alors que j'arrête toujours Palpatine lorsque l'incessante agitation du neurone descend jusque dans sa jambe et la fait tressauter, j'ai senti des a-coups dans mes épaules et mon dos : un peu comme, lorsqu'on cherche vainement le sommeil, le corps est parfois secoué d'un sursaut involontaire, la réplique des mouvements de la scène traversait le mien. J'ai alors sentis, j'imagine, ce que ma prof de danse appelle entrer en sympathie (musculaire) avec le danseur – et qui chez elle, va jusqu'à lui laisser des courbatures. C'était particulièrement flagrant lorsque je fixais mon attention sur un danseur en particulier, le seul qui semblait vraiment s'amuser, et dont la qualité de mouvement était telle qu'on aurait presque dit que son dos ondulait.

 

Inversement proportionnel prolixe à l'enthousiasme - bof post.

18 mai 2010

Londres de choc

 

 

A la traîne


La traîne n'est malheureusement pas ici l'accessoire assorti à la couronne de la reine mère, mais les trois heures de retard qu'a pris l'Eurostar à l'aller, en comparaison de quoi les vingt minutes du retour ont semblé une bagatelle. Fort heureusement, mum and I avions prévu un week-end de trois jours et la promesse de billets gratuits nous a fait rentrer dans notre good mood. Un voyage est toujours un peu épique, c'est ce que j'essayais de rappeler à mum qui râlait (via mon anglais si fluent) contre l'hôtel. Un quatre étoiles qui vous colle un lit double quand vous aviez réservé deux simples (en général, lorsqu'on dort à deux, il y en a toujours un pour faire la crevette, c'est-à-dire se recroqueviller en travers du lit, voire pour adopter la technique du rouleau de printemps lorsque ladite crevette s'enroule dans la couette), ne prévoit qu'un peignoir pour deux et ne vous fait jamais monter la couverture que vous avez demandé (parce que le chauffage est aussi discret qu'un anglais à la voix enrouée un vendredi soir au pub, et que même coupé, c'est loin d'être silencieux) (d'où qu'on a trouvé un nouvel usage au peignoir) joue aux stars mais ne mérite peut-être pas ses étoiles. Qu'importe, nous ne sommes pas venues pour rester à l'hôtel.


I choose Liberty

 

Cela ne veut pas dire pour autant que nous n'avons pas passé un certain temps indoors. Outre la soirée au Royal Opera House que je raconterai dans un autre post, en bonnes non-alcooliques, nous avons fait la tournée des grands magasins. Je me souvenais des dais verts arrondis de chez Harrod's, où nous n'avons fait qu'un saut ; nous avons en revanche escalatoré les cinq étages de chez Harvey Nichols pour jeter un œil au bar soi-disant à la mode, et exploré le labyrinthe de Liberty, dont les boiseries médiévalisantes abritent les fringues des grands couturiers dans des mises en scène loufoques.

 

 

 

Ce n'est évidemment pas là que nous avons pu faire des folies, la robe coutant le prix du voyage pour deux. Anyway, il n'y avait pas mon coup de foudre croisé devant la vitrine de Stella Mac Cartney sur New Bond Street.

 

 

Topshop, le H&M local, semblait plus abordable. En ce qui concerne les prix du moins ; parce que ça grouillait, là-dedans... it outweights le H&M des Halles sans problème – peut-être même en période de soldes (hypothèse, bien entendu, je tiens à ma peau). Du coup, le blizzard de la clim trouvait là une justification sanitaire, faut euthanasier le microbe. Bon, on risque quand même la crève pour peu qu'on se lance dans les essayages, ce à quoi ne m'a pas fait renoncer la queue ni la... l'originalité des fringues. Palpatine trouve que je m'habille « marrant » ; une anglaise ne comprendrait pas pourquoi : même le total look orange ne tient pas face à une palette de jaune d'or (les collants), rose fuschia (le sac), bleu dur (le manteau)... On trouve à Topshop des trucs immettables, que les filles enfilent sans se poser de question (vaut mieux d'ailleurs, parce que si vous levez le bras avec la robe-pull aux côtés transparents dentelés que j'ai essayée, vous vous retrouvez le cul à l'air), et impensables, comme le bustier qui hésite entre le corset et le soutien-gorge (et que je n'ai pas pris non plus parce que mon opulente poitrine -hem, c'est bien la première fois- ne rentrait pas dans du 36, et qu'il aurait fallu ôter cinq bons centimètres de tour de dos au 38 – mais sinon, les découpes en tissu translucide noir ne m'auraient pas arrêtée).

Plusieurs fois j'ai pensé à Palpatine, qui serait tombé amoureux en moyenne cinq fois par rue devant les chevelures rousses qui n'ont pas toujours besoin de l'euphémisme « blond vénitien », et au moins autant de fois en syncope devant les tenues qui en manquaient sacrément. Ceci dit, il n'y a pas tromperie sur la marchandise : vous pouvez constater de visu la fermeté du jarret ou le gras épanoui de la cuisse. Existe dans tous les coloris et en deux gabarits : la petite Anglaise et la grande baraquée, à côté de qui je suis fluette. J'imagine mieux à présent les visions d'horreur qu'a du endurer le Vates au concert de Lady Gaga, avec fan en body pailletés (et il n'était pas douteux que c'étaient des body, parce qu'elles n'étaient qu'en body).

E-bay ne peut se permettre une telle pub qu'en Grande-Bretagne :

Robe fleurie, chaussettes rayées et chaussures quadrillées...

 

Muffin top

 

M'enfin, comme dirait mon arrière-grand-mère, les gabarits massifs ne sont pas gros à lécher les murs. Et si vous pouvez vous habiller comme un ara dépareillé, les cup cakes bariolés en jaune ou bleu schtroumpf ne devraient pas vous rebuter. Sauf les glaçages dégoulinant, tout est crémeux : le gâteau non-identifié (non-goûté aussi), la whipped cream qui ne peut vraiment pas désigner la même chose que de la chantilly (je ne vous parle même pas de celle, nuageuse, de Dalloyau), le cream-cheese d'un sandwich au saumon, auprès de quoi le Saint-Morêt est mousseux, pour ne rien dire de la clotted cream qui équilibre non, vraiment, le mot n'est pas adapté mais on s'en contrebalance la confiture à la fraise sur les scones de chez Richoux, très légers et moelleux pour le coup.

 

 

Nous sommes retournées chez Richoux pour déjeuner, j'ai alors testé la Shepherd pie (désolée, il n'y a pas de morceaux de docteur dedans, pas plus qu'à Sloane square), avec du lamb et de la mashed potatoe dessus : j'ai été un peu dépitée en voyant que rien ne justifiait la pie, la pâte avait disparue, ni tarte ni tourte, j'étais devant un plat de hachis parmentier. Sauf que. Lamb, on l'a appris à l'école, désigne la viande de la bestiole sheep ; ce qu'on a oublié de nous préciser, c'est que la viande peut aussi bien être de l'agneau (doux, en tajine) que du mouton (fort, en couscous). Je peux vous dire qu'après un hachis parmentier au mouton, on se sent virile. Ouais, même avec un -e final. Le morceau de fudge aux noix et sirop d'érable (parfum choisi après moult hésitations devant l'étal d'Harrod's, ignorante que j'étais de ce qu pouvait bien être du fudge) a contribué à faire glisser.

Autre expérience culinaire dans laquelle je me suis lancée (je n'ose dire gastronomique ; qui me connaît sait de toutes façons qu'il y a peu de chances que je me retrouve aux fourneaux) : l'english breakfast. La totale, moins les champignons : oeuf au plat, petite saucisse aux herbes, tomates fries, pommes de terre paillasson, et délicieux beans en sauce, que je me suis, pour les deux derniers, resservie. Je ne sais pas si cela contenait intrinsèquement trop d'huile ou si c'est de l'avoir ingurgité après un continental breakfast avec fruits, mini blueberry muffin (trop choupi) et toasts (rha, les toasts anglais), mais la digestion a un peu duré, et j'ai pu sans problème attendre le tea-time. Pour vous dire la chose, j'ai habituellement faim toutes les quatre heures : 8h- 12h- 16h- 20h si le monde était bien fait (mais en prépa, je petit-déjeunais une heure plus tôt, et les spectacles impliquent de prendre un goûter substantiel plus tardifs pour dîner à des heures indues de souper de l'ancien temps).

 

Qu'on peut être sain d'esprit et voir un éléphant rose - gaffe la môme adopte la tactique du caméléon.

 

Pour se dépenser, on pouvait toujours partir à la chasse, non pas à l'ours, comme à Berlin, mais à l'éléphant. Qu'on ne s'y trompe pas, cependant : il s'agit d'un safari-photo ; la véritable cible reste l'enfant qui le chevauche (à éliminer de préférence avant le trajet du retour en train).

 

En groupe, devant Buckingham Palace, une relève de la garde amateur.

 


Look right and keep left

 

Mais s'ils ont besoin d'écrire « look right » par terre à chaque feu, c'est que cela ne doit pas aller de soi pour eux non plus, sinon à quoi ça sert ? s'interroge ma dear mum que, peut-être cinq minutes avant, j'ai du retenir de traverser : allez, il n'y a personne... sûr, quand on regarde du mauvais côté. Pour les touristes, mum, pour les touristes.

 

 

A sa décharge, il faut dire que les Anglais manquent de logique : they look right before crossing, and keep left dans les escaliers, but have to stand on the right dans les escalators. Les Australiens, eux, sont cohérents jusqu'à ce dernier point. Yes, I know, après Berlin, ça fait très snob comme comparaison, mais on tend toujours à ramener le nouveau au déjà connu (certes, je suis allée à Londres avant d'aller en Australie, mais mes souvenirs d'enfant n'étant pas très frais, je connais mieux Brisbane que Londres). On a ainsi établi une grille de correspondances : l'avenue Montaigne est en partie accueillie par New Bond street ; Oxford street a des allures de boulevard Saint-Michel, ou des Champs-Elysées si ceux-ci ne trouvaient pas un équivalent plus probant dans la foule de Regent's street, tandis que Westbourne Grove ne dépareillerait pas dans Saint-Germain. En revanche, Marcelline Lapouffe passerait mal dans le huitième british où se trouvait notre hôtel.

 

 

L'enseigne de cette magnifique boutique d'art (auprès de quoi le crâne de Damien Hirst est bien vain – ici, c'est un squelette entier qui est endiamanté) est devenue une blague récurrente entre mum and I. Deux doses de rire par jour, à avaler matin et soir, en tube. Avant de prendre l'underground et que ne reste en tête : "Mind the gap, please" (alors que Mind your head serait plus approprié, je passe tout juste sous la porte) ou "Stand clear of the closing doors" (il est passé en boucle dans ma tête pendant un moment, un véritable tube, sans italiques cette fois). Aux petites phrases célèbres, on pourra ajouter des slogans glanés ça et là sur les affiches publicitaires ("Save a guitar on your insurance") selon le syndrome enfantin du je-viens-d'apprendre-à-lire-je-lis-tout-ce-que-je-vois, dans lequel ne manque pas de nous faire retomber une langue étrangère.

 

Une autre affiche dont le slogan "Westminster College. Make the wise choice" est illustré par un chouette sosie d'Hedwige me fournit ma transition pour une dernière partie sur le Londres d'Harry Potter. Je ne suis pas allée errer entre les voies 9 et 10 de Charring Cross où arrive pourtant l'Eurostar, mais un tour cahotique à l'étage d'un bus rouge m'a confirmé l'existence du magicobus. Sans parler du choc devant les affiches qui bougent: j'ai mis un certain temps à réaliser que les photos animées étaient en réalité des écrans de télévision très plats et incrustés dans le mur en alternance avec des affiches papiers, elles sages comme des images. De là à ce que les publicitaires nous mettent sous Imperium...

 

Un bus, une cabine et deux cab, il fallait faire le cliché.