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23 novembre 2009

Concours du corps de ballet de l’Opéra ; ces messieurs nous disent… 3/3

Vendredi 20 novembre. Garnier.


 

Les quadrilles ont fait leur devoir d’écolier avec la Mazurka d’Etudes, redoutable pour la propreté, notamment dans la réception des tours en l’air. La qualité des sauts s’entend également, étant souvent inversement proportionnelle au bruit qu’ils occasionnent – sans compter les cabrioles, dont on ne pouvait manquer de constater qu’elles étaient battues ; et schlack !

La meilleure imposée était incontestablement celle de Yann Chailloux : outre les tours qu’il a claqués avec aisance et terminés en suspension avant d’enchaîner avec des tours en l’air impeccables, qui ont soufflé les gamins de l’Opéra et déclenché quelques rires sur le mode « tout va bien pour lui, là, tranquille… », il n’y avait aucun à-coup dans les pas de liaison, qui de ce fait mettaient pleinement en valeur ses immenses jambes dans les pas véritablement techniques. La classe, quoi. D’autres ensuite n’ont pas démérité, même si le contraste entre Yann Chailloux et les autres demeurait flagrant. Aux délibérations, j’ai textoté mon enthousiasme à ma prof de danse qui a été ravie d’avoir confirmation de ce qu’elle avait pressenti – il lui avait montré ses variations en catastrophe la semaine suivante, plein de doute (c’est lui qui avait dansé Albrecht dans la Giselle de notre école il y a deux ans).

Sa variation libre ne manquait pas non plus de brio, avec ses tours en tous sens. Première fois que je voyais la variation homme du pas de deux d’Esméralda (alors que celle de la fille…). J’ai eu un peu peur sur le moment qu’avec toutes ces pirouettes, il ne montre pas assez qu’il avait plus d’un tour dans son sac, mais ma crainte était infondée, bien que d’autres libres aient constitué un bon spectacle. Sans toutefois former le pendant à l’intense Sabrina Mallem, Alexandre Labrot n’était pas mal en jeune homme de Mirages. Michaël Lafon ne s’est pas mal défendu non plus, même la croix qu’a mis ma voisine en face de son nom soit peut-être davantage du à la beauté de son visage (c’est le joueur de flûte de la Fille mal gardée ; il était mieux cheveux libres et pantalon large – mais je m’égare là, heureusement que ça fait une pseudo transition avec le suivant). Le Colas de Takeru Coste m’a bien plu. Alexandre Carniato manquait un peu d’étoffe pour danser Abderam. Le prince de la Belle au bois dormant de Julien Cozette a été carrément crapauteux. On croit un instant que ça va être bien et – non. De famille ? Quant à Adrien Couvez, j’ai été charmée de découvrir grâce à lui une chorégraphie de José Montalvo, le Rire de la lyre, très inspirant malgré la réaction éponyme qu’il a déclenchée chez les gamins alentours. (Gros bug mémoire – Speaking in tongues de Taylor et Andréauria d’Edouard Lock ne suscitent aucune image dans mon crâne de piaf ; pourtant des choses à moi inconnues – qui avaient du me plaire – bon, je refais un tour de bocal et je vous dis si ça me revient).


 

Les coryphées concouraient sous le signe de Casse-Noisette, mais version Noureev pour ces messieurs ; variation du prince, acte II, dont l’une des difficultés les plus visibles était le manège de posé temps levé battu suivi d’un saut de basque double (moi et la dénomination des pas…) aux virages mal négociés, lorsqu’il n’était pas aplati en deux traversées, et l’autre, le tour en dedans dans la foulée de l’en-dehors, qui a donné lieu à maints déséquilibres (j’ai le souvenir d’une main par terre – à moins que ce ne soit chez les quadrilles). Je ne saurais plus trop dire comment chacun s’en est tiré - ça se tenait plus ou moins. Yannick Bittencourt avait la classe – et moi quelques têtes que j’aime bien, comme Axel Ibot (dont la fougue à présent assagie m’avait plue lors du premier concours que j’avais vu, où il était quadrille) ou Allister Madin, qui m’avait bien fait rire dans La Fille mal gardée, et que vous pouvez reconnaître sur cette vidéo de très mauvaise qualité grâce à ses fameux collants costumisés par sa maman (le jeune homme prend soin de ses affaires, il avait déjà ce vert-là avec des palmiers au stage de Biarritz que j’avais fait il y a bien trois ou quatre ans. Il sortait de l’Ecole ce me semble, et faisait un défilé de tenues colorées – les collants roses étaient violents aussi, mais peut-être pas autant que celui à losanges).

Côté libre, c’est encore plus éclectique ; un Lacotte est pris en sandwich entre deux Forsythe, l’Approximate Sonata de Gégory Gaillard étant moins approximative qu’Yvon Demol dans In the middle, somewhat elevated, justement un peu trop dans le middle – on aimerait plus d’extrémité, plus de souplesse dans les ondulations et déhanchés. Axel Ibot pas mal dans Dances at a Gathering, if memory serves – mais je fais un peu une soupe de toutes ces robbineries. Le Basile de Florimond Lorieux passait bien, même si ma voisine déplorait que l’ami de son fils ne soit pas très en forme. Malgré (ou à cause de ?) la prétention dont il me donne parfois l’impression, Allister Madin n’était pas à son mieux en Roméo – et puis la chemise blanche ouverte sur tous ces poils, non (oui, je sais, j’ai un peu abusé des jumelles en cette journée masculine. De fort beaux gosses dans le lot, tout de même. Quand j’ai réalisé cela, j’ai du reconsidérer le délit de sale gueule dont je rends passible Ganio : ce n’est pas d’être beau gosse, en fin de compte, c’est de montrer qu’il en a conscience et de jouer de sa figure de jeune premier). Du Paquita bien technique par Marc Moreau et Fabien Revillon. Daniel Stokes (je ne crois pas l’avoir jamais vu) a provoqué quelque surprise en nous montrant que Vaslaw était une chorégraphie unisexe – les sauts rendent mieux que chez les filles, cependant qu’elles maîtrisaient mieux les contractions (pas le terme, mais je commence à en avoir aussi marre que vous). Matthieu Botto a joué avec le feu en reprenant la variation des quadrilles et s’est brûlé en la dansant comme un bourrin. D’autant plus violent qu’il faisait suite à la variation lente de Siegrfried, que Yannick Bittencourt avait royalement déployée. Les juxtapositions malheureuses sont l’un des aspects du concours. Avec sa courte variation de Paquita, Marc Moreau ne nous a pas laissé le temps de sortir du Frollo magistral de Cyril Mitilian, dont l’interprétation a provoqué une qualité d’attention comparable à celle de Sabrina Mallem chez les filles. Lorsque sa main se met à tourner brusquement, on sent qu’elle devient étrangère au corps de Frollo contre lequel elle se tourne, comme si elle le gangrenait peu à peu de sa folie.

 

Je déjeune avec ma voisine, bientôt rejointe par un ami à elle, danseur amateur à raison de trois cours par semaine (un adulte, et un homme, par-dessus le marché – plutôt rare), lui aussi fan de Mathilde.

 


Les sujets se sont dans l’ensemble plutôt bien tiré de la variation de Solor du deuxième acte de la Bayadère, à part un manège pris à contretemps durant lequel on entendait la pianiste et accélérer désespérément pour rattraper l’étourdi qui se croyait pris de vitesse et ne ralentissait donc pas, et un ratage qui faisait tache dans la variation de Bruno Bouché (d’aucuns sont allés jusqu’au jeu de mot peu charitable que je ne rapporterai pas parce qu’il ne fait pas partie des mes boucs émissaires, ayant été un bon professeur lors d’un stage à Roissy s’est rattrapé dans Sylvia – même si son Orion n’était pas non plus cosmique). Je serais bien incapable de faire un choix parmi cette classe plutôt homogène et où même ceux qui en ont l’étoffe manquent encore un peu de carrure pour devenir premier danseur. Alors qu’en quadrille et coryphées, les garçons ont plus de prestance que les filles, la tendance s’inverse chez les sujets, où les danseuses sont beaucoup plus matures et accomplies que leurs homologues masculins. La qualité n’est pas telle qu’on se croirait en spectacle.

Le pyjama rouge de Mallory Gaudion ne m’a pas du tout endormie face à sa Suite of dances (je n’aurais pas imaginé de la danse sur cette musique, c’est marrant) – en revanche, j’ai dû voir le Other dances de Yann Saïz en état de somnambulisme. Trop de Robbins tue Robbins. Avec se pattes de mouche et sa silhouette frêle (quoique fort à mon goût, comme j’ai pu le vérifier dans Amoveo), Don José n’était clairement pas le rôle indiqué pour Josua Hoffalt qui manque de carrure au propre comme au figuré pour jouer au toréador. C’est passé de justesse, hole ! Aurélien Houette avait beaucoup de gueule en Abderam (aux jumelles, je vous assure qu’il avait un sabre laser en guise de regard), mais pas assez de solidité pour maintenir le tout. J’ai pu admirer Audric Bezard en Des Grieux, même si je l’ai préféré dans Proust ou... la première fois où je l’ai vu, et dans Genus la semaine dernière : un danseur immense et à la beauté tout sauf insipide… qu’on le laisse s’affiner autant que ses jambes nerveuses, et on n’aura plus qu’à déguster. J’ai eu le plaisir de prendre une dernière rasade de Roland Petit avec le Fantôme de l’opéra de Julien Meyzendi, pas mal mais dont l’interprétation n’était pas à la hauteur du Frollo de Mitilian, par exemple. Vincent Chaillet a clos les hostilités en dansant Arépo avec plus de force et de rythme que ne l’avait fait Sébastien Bertaud chez les coryphées. J’avais les épaules qui me démangeaient en sortant, mais j’ai descendu sagement les marches du métro en posant la pointe du pied et pas seulement les talons.

 

Les résultats

 

Coryphées

Monsieur Yann CHAILLOUX (25 ans)
Monsieur Adrien COUVEZ (28 ans)
Monsieur Mickaël LAFON (21 ans)

 

Evidence pour le premier, curiosité pour le deuxième et volontiers pour le troisième. Couvez et le Rire de la lyre après la miss Boucaud et Apollon… l’invocation aux Muses marche bien !

 

Sujets
Monsieur Florimond LORIEUX (22 ans)
Monsieur Fabien RÉVILLON (23 ans)

Mais où diable est Yannick Bittencourt ? (et pourtant, je ne suis pas fan des princes, d’habitude..). J’aurais bien vu Mitilian aussi pour son Frollo, mais comme je ne me souviens plus de son imposée, je me tais.

 

Premiers Danseurs
Monsieur Josua HOFFALT (25 ans)
Monsieur Vincent CHAILLET (25 ans)

J’aurais bien aimé Audric Bezard aussi, mais il y a sûrement du souhait de midinette là-dedans.

 

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