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22 novembre 2009

Qu’on court à l’Opéra 1/3

Mercredi et vendredi, j’étais à l’amphi. Mais pas celui de la fac. Lorsque mon professeur de danse m’a proposé une place pour le concours, j’ai pris quelques secondes de réflexion pour conserver l’illusion que j’avais une conscience avec laquelle délibérer, avant de prendre le parti de sécher éhontément les cours pour la seconde fois de ma vie (la première est un lot – un prof de latin nul et déprimant à quelques jours des oraux), c’est-à-dire trois heures et demie de cours sur ma dizaine hebdomadaire.

 

 

Après avoir retrouvé ma bienfaitrice, je prends place au quatrième étage, parmi les gamins de l’Ecole et de quelques autres sans majuscule. Ils s’interpellent, changent de place, bidouillent leurs téléphones, réclament le paquet de chips (vous avez bien lu – pas encore du pop-corn, mais ça ne saurait tarder ; certains avaient des boissons Starbucks) gardé par un ami : bref, une sortie scolaire, qui vous re-motive l’appellation de « poulailler ». La seule différence avec des mômes normaux, c’est qu’ils vous claquent trois petits tours dans le couloir pour se détendre pendant les délibérations. Là où l’on se prend à regretter que le prestige et le sérieux de l’Opéra ne se ressente pas en permanence dans leur comportement, c’est lorsqu’ils continuent de parler une fois le concours commencé, commentant la technique, la variation, le costume ou même la coupe de cheveux. Insupportable. Une dame dont le fils a été à Nanterre il y a quelques années m’a dit qu’elle allait sûrement l’air de parler comme une vieille, mais que c’était plus strict quand son fils y était. C’est sûrement une bonne chose que les filles se détachent les cheveux une fois de temps en temps et que les gamins soient plus en phase avec leur époque, mais parler pendant les variations est un manque de respect pour les danseurs et une nuisance sonore pour les autres spectateurs. Ou comment empêcher que le concours ne se transforme en spectacle, et parasiter l’intensité de l’interprétation. Les rires déclenchés par les variations contemporaines m’ont surprise et presque choquée : c’est faire preuve de bien peu de culture chorégraphique et de sensibilité artistique pour des morveux appelés à monter sur scène dans quelques années. Enfin, je suppose que c’est l’équivalent des rires adolescents en cours de sciences nat – et plus aisément pardonnable que la sonnerie d’un téléphone portable (le coupable s’est fait sonner par le jury, je ne vous raconte même pas, si c’avait été moi, je serais morte sur place – mais aussi, j’ai du vérifier une bonne dizaine de fois).

 

 

C’était la première fois que je me retrouvais à l’amphithéâtre, et j’ai découvert qu’on y voyait très bien. Mieux même qu’à des places de troisième voire seconde catégorie. Il y aura toujours matière à m’étonner de leur répartition, entre la loge Impératrice aux places bon marché et excellente visibilité (pourvu qu’on grippe sur la banquette), et les cinquième catégorie d’orchestre à Bastille, quand leurs équivalents dégradés sont maintenus en première catégorie à Garnier, mieux vaut ne pas chercher de logique. Je vérifie également les dires de Palpatine, à savoir qu’on y crève de chaud, et qu’on se tue le dos. Mais qu’importe, je suis bien à mon poste d’observation, munie des mes jumelles. Dans l’absolu, il n’y en a pas vraiment besoin, c’est plutôt pour voir les visages et l’expression dans les moments plus calmes (ou vérifier que ça ne gratouille pas dans le petite batterie si on est sadique). Pour chaque classe, je prends peu à peu mon rythme de croisière. Le premier à passer est sacrifié sur l’autel de la variation à découvrir ou se remémorer - einmal ist keinmal- puis l’on distingue la structure de la variation et l’on repère bientôt les morceaux de bravoure et transitions périlleuses. Avec les quadrilles femmes, on frise l’overdose de Grand pas classique, et il faut bien avouer que la tentation est grande de finir par ne regarder que la série de relevés sur pointes. Je repère aussi les moments où ça se déplace moins et où je peux zieuter aux jumelles sans attraper le mal de mer pour me rincer l’œil admirer dans le détail.

Commentaires

Des cours séchés seulement deux fois ? Cela me rend un peu inquiet -)

Écrit par : Olivier | 22 novembre 2009

Je vous rappelle ou vous apprends qu'on m'avait surnommée "psycho-khâgneuse" ; puis, l'on n'est pas la fille d'une juriste pour rien.
(Après, je ne compte pas dans les cours séchés ceux que j'ai manqués pour passer des concours de danse et que j'ai ainsi "justifiés" dans le carnet de correspondance, mais peut-être cette précision aggrave-t-elle mon cas d'élève consciencieuse - c'était l'une de ne plaintes récurrentes avec Melendili, que d'avoir "une conscience trop développée").

Écrit par : mimylasouris | 22 novembre 2009

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