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14 juin 2008

I would prefer not to

Bartleby a ceci de vrai qu’il ne refuse pas à proprement parler – il préférerait ne pas. Ne pas – point. Moi, c’est moins métaphysique : je préférerais ne pas me repointer. On s’est déjà développé en deux dimensions, largement étalés sur nos copies avec des têtes de dix pieds de long, alors entrer dans la troisième dimension… Certes, khûber nous donnerait peut-être plus de profondeur. Mais c’est aussi là que se présente le gouffre. Avant de sauter à pieds joints et poignet délié (on ne joue pas à la marelle où le dernière case est toujours le septième ciel), je préfèrerais m’assurer d’un parachute – alors je me sers de l’attente des résultats comme un parapluie. Les baleines ploient un peu sous les giboulées professorales. On a compris que la formation n’était pas « hypokhâgne, khâgne » mais « hypokhâgne, khâgne, khâgne ». Encore heureux que l’on n’incite pas les khûbes à bikhâter, on pourrait croire entendre des chèvres chevrotantes. Et nous de suivre comme des brebis, d’ânonner pendant encore un an au bic. Débilitant. Pourtant la tortue devrait le savoir d’après ce bon vieux Marx : en histoire, les événements se répètent deux fois, la première comme tragédie, la seconde comme comédie. La khâgne classique a eu ses grandes répliques, ses tirades sans rime(l) ni saison , son décor très Louis XIV et son destin arbitraire, car « tel est notre bon plaisir ». Nous de majesté aimerions bien ne pas être ridiculisés en une seconde année burlesque. La khâgne class-hic répliquerait avec la grande artillerie, nous tiraillerait à tire larigot pour à la fin de sa révolution réclamer notre abdication. Le comique de répétition à ses limites. La perspective du burlesque ne me fait pas rire et je n’ai pas grande envie que l’actuel dilemme cornélien du mauvais histrion m’expédie ratio militari dans le théâtre de l’absurde. Temps du salut (à la fac). Mais le rideau ne tombe pas.

Voyez-vous, je préférerais ne pas khûber. Pas franchement envie.
Mais le problème est que je voudrais vouloir khûber.
Donc je voudrais ne pas vouloir vouloir khûber.
Je me dis qu’ils vont déguster l’année prochaine, avec toutes les épreuves en six heures, le commentaire latin, la science comme thème de philo… rien que pour ça,  ça vaut la peine de ne pas khûber. « Donc tu es toujours en train de te convaincre de ne pas khûber », souligne ma mère. La porte du frigo est restée un moment bouche bée et a répondu à ma place par une sorte de bruit de mouche. I would prefer not to.

Commentaires

Ne dit-on pas que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures?

Écrit par : inci | 15 juin 2008

"Je voudrais vouloir khûber"

Waou, ça donne le vertige ! Je vais méditer cela et je recommenterai... (là, j'ai vraiment pas la force)

Écrit par : zED | 16 juin 2008

Chez nous, avant même les résultats, les pauvres K sont déjà harcelés par les professeurs qui les supplient (presque à genoux) de khûber et qui en profitent au passage pour nous rappeler, aux HK, que seuls les khûbes ont une chance réelle aux concours... Ca promet, pour l'année prochaine.

"Donc je voudrais ne pas vouloir vouloir khûber."
Uhm... ça me rappelle la volonté voulante et la formule magique de mon professeur de philo... (A=NNA, négation de négation de lui-même)... Il nous parle tellement de négation que je ne m'étonne plus de vivre dans l'absurde.

Écrit par : Bamboo | 17 juin 2008

Les commentaires sont fermés.