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08 juin 2014

Gathering at a dance rehearsal

Deux mains

Merci à @IkAubert pour la photo !

Si je devais recommander une manifestation à quelqu'un qui a l'impression de manquer de connaissances pour apprécier la danse, ce serait quelque chose comme la séance de travail de Dances at the Gathering. La répétitrice, Clotilde Vayer, parvient à faire comprendre comment s'apprécie un ballet qui n'est ni pure démonstration technique ni œuvre narrative. Elle ne cède pas à la tentation, particulièrement forte pour les ballets narratifs, d'étendre la stricte équivalence geste-signification de la pantomime au ballet ; elle ne « traduit » pas au fur et à mesure les pas pour raconter une histoire qui leur pré-existerait (c'était par exemple le cas pour la répétition de Mademoiselle Julie). Ses métaphores, jamais filées, font comprendre au danseur que chaque geste doit être porté par une intention, quelle qu'elle soit (pourvu qu'elle soit claire pour lui), et au spectateur qu'il peut interpréter à sa guise les saynètes qui prennent ainsi vie. Ici, un salut à la Ghislaine Thesmar, merci public adoré ; là, une demoiselle qui tourne comme une abeille autour d'un garçon imperméable à ses bavardages ; là encore, un geste esquissé parce que c'est bien assez, on ne va pas démontrer ce qu'il est évident que l'on sait déjà faire...

On constate au fil de la répétition que l'imagination du spectateur se délie à mesure que l'image se fixe pour le danseur : plus le geste est précis, plus il suggère des interprétations diverses. C'est pourquoi, malgré tout le talent des jeunes danseurs que sont Pierre-Arthur Raveau et Héloïse Bourdon, Sabrina Mallem est beaucoup plus passionnante à observer, avec une maturité qui lui permet d'assimiler très rapidement les remarques de Clotilde Vayer. À se demander pourquoi diable je n'ai pas pris de place pour ce spectacle. La réponse est dans la suite du programme : Psyché, sur lequel il faudrait, à l'instar de son héroïne éponyme, fermer les yeux.

Pour un compte-rendu plus détaillé : nos greffières balletomanes, le petit rat et Amélie

09 septembre 2012

Capriccio, en allemand dans le texte

Cette année, j'ai pris peu de places de spectacles, donc je saute sur les occasions. La séance de travail de Capriccio en était une belle, surtout qu'elle ressemblait fort à un filage. J'aime l'ambiance du théâtre en pleine journée, avec ses lumières nocturnes, les tables de répétition installées sur les fauteuils – depuis un certain temps déjà, en témoignent lampes, ordinateurs et papiers posés dessus –, les allées et venues des machinistes – et de tout un tas de personnes dont on ne connaît pas bien le rôle, sinon qu'elles concourent à orchestrer les répétitions... et les loges que l'on ouvre l'une après l'autre rien que pour nous, où l'on peut étaler ses affaires et se coller contre les parois en velours rouge, faire la grimace dans le miroir et espionner le couloir en remettant en place la petite voilette du gros œil de bœuf. Mieux qu'une chambre, une loge à soi, où le spectateur se prépare, au même titre que l'artiste, qu'il baille, gelangweilt, ou ne tienne pas en place sur son siège, voll Ungeduld – le trac du spectateur.

Je surprends des mots, comme des bribes de conversation, et je crois pouvoir suivre sans prompteur, mais le secret de l'opéra est bien gardé. Les chanteurs en T-shirt ou en abyme vocalisent naturellement leur dispute artistique et savante ; ils ne s'entendent pas mais se comprennent – tout le contraire de la souris ex-germanophone que je suis. C'est un dîner de grandes personnes où l'on commence à somnoler sur fond de sujets sérieux. Quand soudain, une annonce retentit : « Schokolade ! » Le dessert est servi, finie la sieste suite au bol de riz surmonté d'oignons, d'escalope de porc panée et d'omelette, le divertissement dansé à une seule danseuse constitue une excellente promenade digestive. Ragaillardie, j'écoute mieux, même si je n'y entends toujours rien – jusqu'à la fin, épiphanie énigmatique, où la chanteuse s'avance en robe de bal tandis que la salle recule jusqu'au petit foyer. L'opéra de Strauss s'est développé, la danseuse, dernière colonne, le retient un dernier instant à la barre avant que le rideau tombe et que le jour se fasse : il faut que je reçoive mon Pass jeune avant la fin des représentations. 

Mit Palpatine.