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15 avril 2017

Syndrome de Stockholm chez Disney

Emma Watson n'est jamais aussi piquante qu'en bookworm. Aussi est-ce un plaisir de la retrouver dans La Belle et la Bête. C'est même le principal intérêt du film, globalement un décalque du dessin animé, dont il conserve les numéros musicaux (parce qu'en plus, Emma Watson chante ; et oui, juste, bande de jaloux ; elle a même une voix fort agréable).

Seul ajout notable, un voyage dans le temps et l'espace jusqu'à Paris lors de la naissance de Belle, pour lever le soupçon d'une faute originelle : non, sa mère n'est pas morte en couches, comme on pourrait le croire, mais de la peste. Soit. Notre héroïne est prête pour une élection présidentielle, mais cette entreprise de blanchiment d'origine me dérange un peu, je dois l'avouer. Pour compenser, le casting comprend davantage d'acteurs et d'actrices noirs que dans le dessin animé (il en comprend, quoi). À la surprise d'en éprouver, on se dit qu'il était temps, effectivement (et pas d'effet Benetton - car absence de tout autre nuance ethnique ?).

La nature humaine est en tous cas mieux représentée que la nature tout court, totalement remodelée en images de synthèse : est-ce pour opérer une meilleure transition avec les scènes d'intérieur pleines d'effets spéciaux ou est-on devenu à ce point incapable d'apprécier ce qui n'est pas synthétisé ? Comme d'habitude, déception de voir la Bête, Lumière, Big Ben et compagnie perdre vie en reprenant corps… Il est décidément difficile de renoncer à la magie.

Planquée avec Pink Lady sous ma veste en polaire reconvertie en couverture contre la climatisation exagérée de l'UGC, j'ai en tous cas passé une excellente soirée pyjama en habits de ville.

20 janvier 2013

Le monde d'Emma Watson

Avec un ado engoncé dans sa vie et dans son corps, qui aimerait être aussi invisible que le correspondant imaginaire auquel il adresse son journal,

 photo the-perks-of-being-a-wallflower-logan-lerman_zpsff60a7d3.jpg

 

une héroïne en blouson de baseball,

 Le-monde-de-Charlie-Emma-Watson-Ezra-Miller

 

un groupe de gentils freaks comprenant entre autres une gothique bouddhiste et un gay canon (Ezra Miller, je note - même son prénom est canon) dont le boyfriend ne s'assume pas,

MONDE DE CHARLIE

 

et un instant Titanic-like à l'arrière d'un pick-up au passage d'un tunnel

 photo le-monde-de-charlie-the-perks-of-being-a-wallflower

 

... on aurait pu avoir un teen movie mièvre.

 

À l'inverse, avec un anti-héros qui sort de l'hôpital psychiatrique et des squelettes particulièrement osseux dans les placards du trio central, on aurait pu virer dans le glauque ou, à tout le moins, dans le mélo.

 

Sam et Charlie assis à l'écart pendant une fête


Le Monde de Charlie n'est ni l'un ni l'autre parce qu'il est l'un et l'autre : gravité du passé et légèreté des fêtes présentes font une toile de fond à la vie, irréfléchie, quotidienne, qui pour être irréfléchie et quotidienne n'en forme pas moins peu à peu une histoire, à partir de laquelle se construisent ces adultes en devenir. Il n'est pas tant question de choix que d'estime de soi, de ce qu'on a été et de ce qu'on pourrait (quand même) être.

Comprendre qu'on a l'amour que l'on pense mériter (et nos deux paumés ne pensent pas valoir grand-chose), c'est aussi comprendre qu'on ne peut pas aider les autres envers et contre eux-mêmes. On peut essayer de les amener à s'estimer en les soutenant, en les encourageant, comme Charlie qui fait travailler Sam pour qu'elle obtienne une bonne fac, mais le dernier pas, décisif, qui est d'une certaine façon le premier, ne peut être franchi que par la personne elle-même. Et cette personne, c'est peut-être aussi soi. L'avantage de faire tapisserie est qu'à force de les observant, on apprend vraiment à connaître les autres, parfois mieux qu'eux-mêmes ; l'inconvénient est que l'on risque de demeurer le spectateur de sa propre vie : ce sera alors au tour de Sam de faire comprendre à Charlie qu'il ne peut pas toujours s'effacer au profit des autres et qu'en l'occurrence, elle ne peut pas être aimée s'il n'ose pas, lui, l'aimer.
 

affiche

L'affiche ne rend pas justice au film, en faisant croire à un triangle amoureux là on il n'y a qu'un formidable trio : le demi-frère de Sam, redoublant, a déjà tout compris au film ; dandy et déjanté, il insuffle une certaine légèreté quand les deux autres risqueraient de se laisser entraîner par leur trop lourd passé.

Le titre français n'aide pas non plus : Le Monde de Charlie aplanit le propos, alors que The Perks of Being a Wallflower que l'on pourrait traduire par « De l'avantage de faire tapisserie » ou « De l'avantages de se fondre dans le décor » pose d'emblée le personnage au pied du mur. Et dans wallflower, il y a flower, une promesse d'épanouissement au milieu d'affreux motifs muraux.

 

Sam et Charlie collés au mur lors du prom

Dans la renaissance de Sam, il y a aussi la naissance de l'actrice : Emma Watson n'a pas fait ressurgir Hermione un seul instant.  
 

Apparemment, l'annulation de la miévrerie par le mélo et du mélo par la miévrerie fait fonctionner à fond l'identification : je soupçonne Palpatine d'avoir déjà envoyé ou reçu une compilation-déclaration maison.