08 novembre 2016
Him, Daniel Blake
I, Daniel Blake n'est pas La Part des anges. On ne rit pas dans le dernier Ken Loach. Surtout pas de l'absurde que l'administration a su élever au rang d'art. Daniel, à qui l'on a refusé une pension d'invalidité, se voit également refuser de faire appel à cette décision… parce que le refus ne lui a pas été notifié. Coincé dans une boucle temporelle qui ressemble furieusement à un nœud coulant, il voit sa situation se dégrader sans pouvoir rien faire d'autre que d'aider son prochain - en l'occurrence, une mère de famille seule, qu'il a rencontrée à Pôle emploi et qui, malgré le toit qu'on lui a offert (il faut voir en quel état), ne s'en sort pas.
Tendresse pour les personnages, virulence contre la société, notamment à propos de "la mascarade" humiliante que l'on impose aux demandeurs d'emplois, alors que le chômage est dans une large part structurel. Ken Loach détaille la chute d'un homme qui refuse de déchoir, avec une rigueur a-sentimentale qui rappelle Amour de Haneke : même difficulté à ne pas chialer, même refus de chialer alors que le personnage principal reste digne, lui, une dignité sans raideur ni grandiloquence, simple et lumineuse, comme l'était celle d'Une belle fin, d'Uberto Pasolini. On y sourit pareil, de compassion, pour s'empêcher de chialer devant cette misère dont on sait, parce qu'elle est filmée sans misérabilisme, qu'elle est réelle.
21:48 Publié dans Souris de médiathèque | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, daniel blake, ken loach