Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03 janvier 2012

Lose is beautiful

Cette fin d'année à Londres restera dans mes tablettes comme un "voyage à anecdote", expression pittoresque pour évoquer un certain art de la lose. Tout un roman...

 

Chapter 1: The omen

En partant de chez moi l'avant-veille du départ à Londres pour rejoindre Palpatine, je fais tomber mes clés. La poignée de la porte me semble un peu poisseuse et quand j'examine le porte-clef dans la paume de ma main, je constate plusieurs fissures. Ce porte-clé, remis par Palpatine voilà maintenant deux ans, est un petit coeur en plastique rempli d'un liquide rouge où baigne, en compagnie de quelques paillettes, un autre petit coeur en plastique rouge, embroché par une flèche de Cupidon. Objectivement, c'est atrocement moche, nous sommes d'accord, aucun problème là-dessus. Palpatine en était parfaitement conscient lorsqu'il m'a remis en riant de ma grimace la "love key", ancien achat de charité. A l'usage, elle s'est révélée rudement pratique, sa grosse forme permettant de retrouver aisément ses clés au fin fond d'un sac en vrac (et dieu sait que je fais le baudet depuis que je suis aventurée dans cette garde alternée). Dans la poche, je l'avais sous la main pour me rappeler le second degré qui a fait notre complicité ; il était entendu que la tendresse ne devait pas tourner à la kitschounerie, tout entière contenue dans le porte-clé (j'espère ne pas devenir un bisounours parce qu'il s'est déversé). En somme, la love key s'était parfaitement intégrée, jusqu'à former une boucle kundérienne :

Un seul porte-clés. La clé de chez moi accrochée à un autre summum de kitschounerie offert par la famille qui m'avait hebergée lors de mon stage de danse en Alabama, et sur lequel on pouvait lire "I can't help it if I'm good-looking".

Deux porte-clés. Après une période d'essai, où j'ai surtout essayé de ne jamais oublier le trousseau du jour, j'ai incisé mon porte-clé et y ai ajouté la love key. 2 en 1. Le gros coeur ironique tire la langue au premier porte-clé. Il était temps, j'allais finir par le prendre au pied de la lettre.

Un unique porte-clés. Un jour, le premier porte-clés en a eu assez de n'être plus pris au sérieux et il s'est cassé. Toutes les clés sont restées sur le même porte-clés, celle de Palpatine et celle de chez moi, qui est devenue synonyme de chez ma mère tandis que chez Palpatine, je faisais comme chez moi. (Pour éviter un chez nous abusif ou un chez ma mère qui laisse penser que ce n'est plus chez moi, j'ai pris l'habitude de dire à Ivry, à Versailles.)

Et voilà que la boucle casse avec le gros coeur. J'ai le coeur gros, forcément, et les mains dégoulinantes, fatalement. Opération à coeur ouvert : d'un mouchoir, je fais un sparadrap au porte-clés blessé et je file attraper le train. Mais voilà que bientôt le seul mouchoir à portée d'une seule main est détrempé alors que le petit coeur n'a pas fini de verser sa bile. Impossible de le ranger sans dégueulasser mon sac, impossible de mettre mes gants, j'ai le coeur sur la main et les doigts gelés par le liquide qui continue de couler. Enfin je retrouve Palpatine et,

contrite, lui avoue que j'ai le coeur brisé. 

23 février 2011

Se gaufrer à Bruxelles

Souvenir de voyage

 

Ce week-end, j'ai mangé une pomme. Inutile de déguiser, elle avait le même goût que d'habitude. Il a plu, j'ai eu froid, j'en avais assez d'avoir l'air d'un sac à patates, je suis partie en jupe, j'ai eu très froid, la batterie de mon appareil photo s'est révélée n'être pas compatible avec celle du modèle précédent de Palpatine, j'ai râlé, j'ai eu froid, je lui ai piqué son appareil, la section moderne du musée des Beaux-arts était fermé pour rénovation, je n'ai pas vu les tableaux de Khnopff, qui comptaient pour un tiers de ma motivation (gaufre et Magritte pour les deux autres), je me suis fait avoir avec les contingents de place du musée Magritte, je n'ai eu qu'une heure pour le visiter, j'ai encore eu froid, la nuit tombait tôt sur la brume et la bruine, la ville n'est pas très souriante en-dehors de son centre, j'ai eu froid et j'ai été épuisée.

 

 

Pourquoi faudrait-il toujours réussir tout de son voyage ? Quadriller la ville pour avoir tout vu et surtout rien loupé ? Aimer ce qu'on découvre plutôt que la découverte ?


 

De ce week-end, j'ai peut-être préféré le voyage à la destination / la fin d'après-midi et la fin de la nuit à l’hôtel dans les coussins adossés au miroir / la chemise à boutons de manchette de Palpatine / le brunch au saumon, fabuleux œufs brouillés, thé orangé et brioche aux morceaux de sucre, partagé avec Ariana / ce plaisantin rêveur de Magritte / le livre un peu daté mais enfin sur Khnopff / l'attente d'une averse musardée dans une boutique de Cds classiques, musique religieuse, et juste en face, les vitraux d'une église / feuilleter les dessins de Khnopff dans une salle commune de l'hôtel / attendre sur un fauteuil-caisson que l'opéra d'Ariana et Palpatine se finisse et les achève, tandis que je somnole en toute bonne conscience de touriste épuisée, entre les voix qui traversent les murs et les ouvreurs comme des garçons de café qui s'ennuient.


Je suis pessimiste, dit Palpatine et je trouve ça curieux quand on parle du passé immédiat (perfectionniste, plutôt, lorsque le moindre détail peut défigurer l'ensemble). Mais il suffit qu'il s'éloigne un peu (le passé immédiat, pas Palpatine) pour que je puisse dire qu'il est bon de se gaufrer à Bruxelles et que c'est rendre hommage à cette ville que d'imiter sa spécialité1.

 

  1Nous avons également honoré les moules-frites comme il se doit. Parfaitement conforme au régime : pas de dessert après les moules-frites à volonté (il a bien fallu en reprendre pour le vérifier) et pas de chantilly ni chocolat fondu sur la gaufre, juste un cheesecake au spéculos comme dernier dîner.

La Belgique, aller et retour

Aller en BD
(finalement, je n'ai pas eu le temps d'en visiter le musée)

 

Retour sur les amants de Magritte
(tête enrubannée ; je me suis fait grillée et ne me sentant pas d'expliquer le pourquoi de la photo-tableau, j'ai fait mine de faire des réglages de couleur)

Gaufre de Bruxelles

 

 

Mais non, je ne vous ai absolument pas floués avec le titre de ce post : ne voyez-vous pas les alvéoles carrées de la gaufre dans toutes ces fenêtres à petits carreaux des façades de la Grand Place ?

N'ayez aucune crainte pour ma santé mentale morfale,  je n'ai pas manqué de manger une vraie gaufre ; il ne va pas neiger, c'est déjà fait :

 

 

Gaufre au sucre, donc. Croustillante à l'extérieure, brûlante et à peine cuite à l'intérieur, comme un de ces chichis qu'on ne trouve qu'à Sanary, parce que "chez Noune, les chichis ont un goût de paradis". Les madeleines peuvent aller se rhabiller.