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03 juillet 2012

Alvin Ailé

Mercredi 27 juin

Alvin Ailey, c'est une compagnie qui me faisait rêver sans avoir rien vu d'elle - que des photos de danseurs noirs suspendus dans les airs. L'affiche des Etés de la danse n'y fait pas exception, et le cliché a du bon : il s'agit bien d'une danse puissante, athlétique, enracinée dans la culture noire. Il n'y a pas plus de diversité ethnique qu'à l'Opéra de Paris, souligne Palpatine (des métis plus clairs, comme nous avons des danseuses légèrement typées asiatiques, voilà tout), et pourtant le métissage de leur danse ne fait aucun doute : technique classique, énergie jazz, sens du rythme africain, les danseurs sont aussi à l'aise dans le contemporain qu'en hip-hop, et le mélange est détonant.

 

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Night Creature (1974) est la seule pièce d'Alvin Ailey de la soirée. Les costumes blancs très pailletés lui donnent un petit côté suranné - à moins que ce ne soit le roulement des épaules accordé aux hanches, coudes près du corps, exactement la façon de danser de ma grand-mère (qui a longtemps vécu aux Antilles : coïncidence de génération ou de latitude ?). Les demi-pointes et collants blancs me surprennent comme une convention plaquée sur ces corps noirs ; si l'on ajoute à cela les pieds pas toujours tendus des danseuses, on obtient une impression de maladresse, comme un enfant qui aurait cherché à reproduire ce qu'il voit sans l'adapter à sa personne. Seule la meneuse sort vraiment du lot parmi les femmes. Cela me surprend d'autant plus que les danseurs qui débarquent sont des bêtes de scène et de technique. Je ne me suis toujours pas remise de cette diagonale en remontant où le danseur s'assommerait avec son grand battement devant s'il ne plongeait aussitôt en un cambré arrière à faire pâlir la Bayadère, tête aux genoux.

 

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Quoiqu'il en soit, cet In the night jazzy plein d'humour, avec ses petits signes de main mondains, permet de faire la connaissance de la compagnie grâce au rôle donné au groupe, qu'il soit éparpillé en duos démultipliés ou rassemblé en grappe – avec les bras en seconde retournés vers le sol, on dirait une nuée de faucons.

 

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Changement de décor pour Urban Folk Dance (Ulysses Dove – 1990) : finie la soirée endiablée, on rentre à la maison. Deux lampes qui pourraient servir pour un interrogatoire, deux tables, quatres chaises et autant de danseurs font le portrait simultané de deux couples qu'on imagine vivre à côté. Sans jamais vraiment disparaître, la symétrie entre les couples est entamée par le caractère de chacun : la même situation s'exprime à travers leurs histoires particulières, banales dans leur redondance mais poignantes dans leur singularité. Rencontre de personnes entières, les relations sont aussi brutes que le mobilier est sommaire. La violence du désir et du ressentiment se confondent dans des duos abrupts où tout sentiment devient sensation. J'adore la force brute qui se dégage d'une maîtrise totale du corps – et des objets autour d'eux : le danseur qui, sans élan, bondit sur le rebord de la table et s'en repousse aussitôt fait paraître Le Jeune Homme et la Mort une promenade de santé...


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Episodes (1987) me le confirme : Ulysses Dove est un chorégraphe sur lequel je vais devoir me pencher. Les diagonales de lumière où apparaissent courses, sauts et chassés-croisés sont autant de traversées d'un espace que l'on n'embrasse jamais, tandis que des cercles de lumière percent ponctuellement ces mouvements obscurs. Que des bribes, brutes, jamais balbutiantes. Jamais d'histoires, beauté de l'épisodique.


Love Stories (J. Jamison/R. Harris/R.t Battle – 2004) : je n'ai pas trouvé où étaient les histoires d'amour, mais j'ai adoré cette pièce où après un doux réveil matinal (ouverture contemporaine, solo tranquille), la danse sort de sa torpeur et monte en puissance, jusqu'à déferler en jubilation hip-hop : des vagues de danseurs se succèdent, baskets aux pieds, dans des enchaînements plus incroyables les uns que les autres. Secousses sexy du corps entier, déplacements de folie où le groupe avale l'espace comme un rien, sauts de malades qui provoquent la chute et la transforment en passage au sol... n'importe qui d'autre aurait déjà fait une crise cardiaque au milieu du truc, mais ils continuent dans la surenchère. Du délire, face auquel il faut se retenir pour ne pas se tortiller sur son siège et déranger ainsi tous les spectateurs en enfilade. Délire qui s'achève par l'image apaisée d'une marche en tuniques amples. On s'attendrait presque à des negro spirituals, à ceci près que ce sont des lumières et non des voix qui s'élèvent : des lucioles électriques, à l'image de cette dernière pièce.

 

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24 mars 2012

Clavecin et cosplay

Une place contre une chroniquette, c'était le deal. Je ne suis pas devenue blogueuse influente, rassurez-vous, seulement la repreneuse de la place d'Orlando Paladino de Joël. Lequel m'a bien précisé que la mise en scène était de Kamel Ouali, afin que j'accepte en toute connaissance de cause et ne crie pas au don empoisonné. J'avais déjà vu Autant en emporte le vent et, s'il s'agissait indéniablement d'une daube sur le plan musical (la chanteuse principale, notamment, sélectionnée pour sa généalogie ascendante, chantait à peu près aussi juste que moi), la mise en scène m'avait plutôt plu dans son genre (une sorte de Petite danseuse de Degas en musical, quoi). Et puis j'aime bien Haydn. C'est-à-dire que j'ai un a priori positif sur Haydn d'après le CD que j'avais emprunté à la médiathèque à l'époque où graver un CD donnait autant de frissons d'extase qu'une belle histoire de pirates des Caraïbes. J'avais même confectionné une jaquette violette et argentée pour le CD, trop contente de pouvoir utiliser ma plume à portée ; les notes devaient représenter quelque chose d'aussi complexe qu'Au clair de la lune, mais j'étais ravie... Mais trêve de souvenirs introductifs, cette chroniquette prend des allures de jeudi confession alors qu'elle devrait plutôt se faire Jedi pour taper sur Orlando, ktisssch un coup de sabre laser dans ta face, avec un vrai morceau de Wagner dedans sur la mise en scène.

Il faudrait expliquer une ou deux choses à Kamel Ouali, une ou deux spécificités de l'opéra ; au hasard, que c'est mieux quand on entend la musique. Et que, donc, on ne demande pas à la chanteuse de mettre ses mains devant sa bouche pour crier son effarement. On ne fait pas non plus sauter des moutons sur scène, surtout lorsque les moutons bêlent en choeur, ne retombent pas en rythme et que leur toison rendent la soupe très chevelue. Car j'ai un scoop pour vous, Kamel : à l'opéra, il n'y a pas de bouton à tourner pour jeter des décibels à en défriser les moutons. Mais je vous accorde que j'ai bien ri au contrepoint comique de leurs bêlements (surtout que vu d'en haut, le costume est très crédible), comme aux mille et une âneries qui adviennent en votre étable. Je passerai donc sur l'histoire (un couple mineur qui aide un couple majeur à ne pas se faire dézinguer par Orlando, pas content du tout de se voir préférer un autre), pour faire une revue du bestiaire.

Honneur à la bergère Eurilla qui, avec ses cornes de bouc-macarons à la Leïla, ses cuissardes en plastique vert et sa cape de chauve-souris en ciré assortie, ressemble plutôt à une grenouille. Pasquale, l'écuyer d'Orlando, qui la verrait plutôt en chienne, jure gentillement en jaune, un peu moins vaniteux mais aussi poltron que Rodomonte, dont l'épée bande mou. Medoro est une sorte de mangaka marin aux cheveux bleus assez insipide, mais il a chaviré le coeur d'Angelica dont le costume rouge (comme les lanternes du décor) aurait beaucoup plus à Palpatine (d'une manière générale, Kamel Ouali a trouvé des chanteuses hyper bien gaulées -- tout le monde ne peut pas se permettre de faire des vocalises en justaucorps et cuissardes) : haut de kimono, tablier de soubrette et faux-cul façon fourmiz pour cette geisha coiffée d'un fronton de temple japonais. Les deux amoureux sont aidés par Alcina, venue en paix avec une capuche en balle de golfe, comme les fauteuils-oeufs des années 1970. Elle les défend contre Orlando, monstre noir et blanc légèrement moins toc que le technicolor Rodomonte, mais affublé de longues manches hérissées comme le dos d'un dinosaure si bien que les bras qui lui en tombent tout le long du spectacle cliquetent par terre.

A ce stade, vous devriez en arriver à la même conclusion que moi : what the fuck ? Il y a pourtant de bonnes idées qui, en les faisant rire, font taire pour quelques secondes l'affreuse troupe de collégiens à mèche qui grignotent comme au ciné et n'ont pas plus de considération pour l'introduction musicale que pour les bande-annonces et publicités. Le problème, en réalité, c'est qu'il y a trop de (potentiellement bonnes) idées. On distingue au moins deux univers qui auraient chacun constitué un axe suffisamment fort de relecture.

L'univers du jeu vidéo est à l'origine de l'excellent décor tout en cubes du deuxième acte, qui, avec ses différents niveaux de plateformes, ses vagues cartonnées au-dessus desquelles flottent des créatures comme les cibles d'un stand de tir à la fête foraine, son palmier et même son petit pont en rondins de bois, transforme Medoro en Mario. Quant au démon qu'il combat, c'est évidemment un dragon de jeu vidéo géant, surgi derrière le décor comme King Kong derrière sa tour. L'héroïcomique fonctionne à plein régime. Du coup, la sirène qu'on sort des eaux dans son filet de pêche (probablement la meilleure trouvaille pour intérgrer les galipettes de haute voltige de la fascinante contorsionniste) n'a aucun Ulysse à séduire dans ce monde qui n'est pas le sien.

L'univers du dessin animé est peut-être une meilleure idée encore. Le poids en carton de 500 kg qui écrabouille Orlando une première fois est la parfaite traduction toonesque des infinies péripéties que nous prépare ce personnage à la mort toujours différée. Quant au coup de la douche qui bouge sans arrêt et dans laquelle Pasquale s'efforce de rester pour chanter, quitte à se ratatiner par terre ou à sauter après le cercle envolé, c'est énorme. On dirait un chat qui essaye d'attraper une lumière d'un coup de patte. Et quand il n'est pas là, les souris et leurs amis animés en noir et blanc dansent (je récupérerais bien le masque de ce Mickey générique).

A ce mélange suffisamment déjanté, on a malheureusement ajouté toutes les geekeries auxquelles on pouvait penser : le combat Orlando-Rodomonte est doublé par des voltigeurs à sabre laser, Pasquale et Rodomonte ont leur batmobile, un monstre fait des saltos arrière sur échasses... et on injecte les eaux du Léthé à Orlando avec une seringue tout droit sortie de Dark City. L'opéra devient un clip de R'n'B, cela remue dans tous les sens, on ne sait pas où fixer son regard et on en oublie qu'on a des oreilles. J'imagine que l'idée était de transposer le foisonnement baroque par celui de l'animé, et c'est assez réussi sur l'affiche, mais c'est aussi assez raté dans l'ensemble. Cette profusion relativement sobre en noir et blanc perd sa cohérence dès qu'on y amalgame d'autres univers ; on a complètement perdu de vue l'étoile d'Haydn dans cette galaxie, et je serais bien incapable de dire si j'ai apprécié la musique, alors que les chanteurs (et particulièrement l'interprète d'Alcina) ne devaient pas être mauvais.

J'ai bien essayé de fermer les yeux mais tout ce que j'entendais alors était le bavardage des gamins. Je les aurais bien massacrés, tiens, histoire d'achever la tuerie de Toulouse, au sujet de laquelle le Châtelet-qui-reçoit-plein-de-scolaires a tenu à se montrer concerné par une annonce en début de soirée. Depuis quand est-il de bon ton de s'excuser de vivre ? Je me demande si l'annonce aurait été quand même faite si l'opéra avait été plus sérieux. Assumez la nature du divertissement ! Elle est de se détourner. Et tous les jours nous nous détournons de guerres et de massacres qui ont lieu dans le monde. Ill faut aussi voir ça en face. Le seul moyen qu'on ait trouvé de ne pas faire l'autruche est de scuter la scène médiatique. Le reste du temps, on se détourne pour ne pas se figer dans une fascination morbide, et on vit. Pendant que d'autres meurent. Mais on vit. C'est le seul hommage qu'on puisse rendre à la vie, vivre. Alors on se passera de rotomondades d'aussi bonne foi bien pensantes que déplacées. 

02 novembre 2011

Tanguera

Pourquoi les balletomanes auraient du (doivent ce soir) aller voir ce spectacle de tango au Châtelet :

L'héroïne s'appelle Giselle.
Les bons dockers et les mafieux, menés respectivement par Lorenzo, amoureux de l'apparition, et Gaudencio, se livrent pour elle à un West Side Story argentin.
La scène du balcon a lieu en haut des escaliers mais c'est le mac réjoui (gaudet Gaudencio) qui se prend pour Roméo (main du Titanic sur les lamelles des rideaux).
Du coup, forcément, c'est le bordel et Giselle prostituée donne lieu à une débauche de corsets : cabaret !
Lorenzo tue Tybalt sans même qu'il y ait de Mercutio, si bien que Giulietta (Giselle-Juliette) s'enfuit avec un mort en sursis. Le chant du cygne retentit au port, d'un coup de couteau et d'archet.

Les filles ne sont pas vraiment belles : danseuses, elles sont autrement séduisantes. Quant aux dockers, malgré leur belle gueule gominée, c'est une tuerie - à commencer par celui qui porte un tablier de boucher. Cette rapidité ! Cette liberté ! Durs et désinvoltes, ils envoient tout valser d'une jambe brusquement repliée en arrière, s'introduisent genoux en avant entre les jambes de leur partenaire et, d'un crochet, fauchent toute réticence. Les femmes se cambrent et se cabrent. Arrière ! Ils reculent alors le torse en avant, sans les mains, et les jupes se mettent à virevolter autour des hanches et des cuisses serrées qui pivotent à toute allure. Si jamais elles hésitent à se fendre d'un sourire, leurs jupes printanières s'en chargent pour elles ; je n'aurais jamais cru que le tango pouvait être une danse légère, légère. De simples gambettes que ces cuisses fermes et renflées. Et pourtant, une seule grande quatrième fendue jusqu'à terre tranche la question : leurs jambes sont une belle arme, une belle lame. Dans le cabaret, les duos se font duels. Gaudencio cherche à étrangler toute résistance, Giselle à briser là. Aucun abandon, elle refuse de ployer, devient raide et retorse, re-torse et cambré. Les autres prostituées s'enroulent autour des clients, les roulent en même temps que leurs fesses (dont l'un profite bien, tiens, je tiens là un argument pour mettre Palpatine au pas argentin lorsqu'il cessera d'être tout à la fois cadre, chômeur, entrepreneur, étudiant). Leur danse est trop séduisante pour qu'elles soient vulgaires et le plaisir est réel : à tel point que les saluts se muent en démonstrations où il n'y a plus de personnages qui se tiennent, seulement des couples, désireux de danser, de jouer, de l'énergie, de la force, et des sourires pour l'entailler. Le pied.

28 juillet 2011

Mammamiami city ballet

À défaut de pouvoir assister à leurs spectacles, je suis allée voir un cours public du Miami City Ballet avant de partir en vacances. La file d'attente est étonnement respectée alors même qu'il faut renseigner chaque nouvel arrivant pour qu'il aille prendre place à la fin de l' escargot – donc près des premiers arrivés. C'est anormal mais rassurez-vous, au moment où deux entrées s'ouvrent, on se défile et c'est la ruée vers l'or. Heureusement, contrairement à la majorité des spectatrices qui essayent d'estimer le moindre mal entre être séparées quoique assez proche de la scène et rester ensemble mais loin, je suis venue seule et me case ainsi au premier rang à côté d'une charmante dame aropeuse qui profite bien de sa retraite, veut me montrer qu'elle est très au fait et n'a de cesse de répéter qu'Edward Villella était vraiment un danseur balanchinnien incroyable en son temps. Lorsqu'il arrive sur le plateau et tape la discute à une danseuse tout juste placée à la barre, c'est néanmoins un homme voûté qui apparaît. Cela ne l'empêche pas d'être d'excellente humeur tout au long du cours, tant avec les danseurs qu'avec le public qu'il instruit en VO – et de s'éloigner du micro avec quelques pas de profil façon beau gosse de comédie musicale.

Les danseurs ne sont pas en reste niveau bonne humeur et la nonchalance qu'ils affichent au début ne cache en rien une attitude blasée. Le rideau ne s'est pas levé parce qu'il n'a pas été baissé, les danseurs vivent leur vie : on se chauffaille en consultant son téléphone portable, une blonde arrive les cheveux défaits et entreprend tranquillement de se faire une tresse avant de traverser la moitié de la scène pour taxer un élastique à une camarade tandis que les derniers arrivants font le tour du propriétaire pour trouver une barre libre ou n'ayant pas atteint son encombrement maximal. Hormis un danseur en boxer vert, tout le monde adopte la technique de l'oignon et ôte précautionneusement ses pelures (wow, les guêtres roses, flashy) au fur et à mesure de l'échauffement (pour les remettre et recommencer le strip-tease au milieu). La grande fille à l'écharpe est particulièrement agréable à regarder, avec ses bras infiniment étirés en arrière. Je la fixe souvent pour essayer de comprendre l'exercice mais avec tous ces changements d'accents (intérieurs et extérieurs cohabitent joyeusement dans le même exercice) et de tempo, j'ai un peu de mal à suivre. Et lorsqu'on reprend l'exercice précédent, c'est pour mieux le dédoubler mon enfant.

Les exercices de dégagés et battements tendus me surprennent un peu, non tant par la vitesse, qui est un pré-requis balanchinien, que par leur nombre, quatre ou cinq au bas mot. Cela m'a rappelé C. qui faisait consister son échauffement express pré-représentation en une centaine de dégagés. Remarque, à la fin, les cinquièmes ferment.

Curieux également qu'on puisse avoir une telle vitesse de bas de jambe alors que le travail de pied n'est pas vraiment brossé ; je me suis même demandé si la miss côté jardin n'avait pas un problème genre ongle incarné qui l'empêche de mettre du poids dessus mais lorsqu'elle se mise à faire la toupie au milieu, force a été de constater que ce n'était nullement le cas. Les différences techniques sont toujours amusantes à observer. On a beau savoir que les Américains prennent leurs tours bras (et jambe arrière) tendus, c'est surprenant de les voir les prendre ainsi en diagonale ouverte (et de constater que la jambe tendue se plie souvent avant de partir).

La véritable surprise, cependant, c'est l'ambiance : une diagonale de grands battements jazzy (je n'ai jamais vu faire cela qu'en modern'jazz, d'ailleurs) se transforme ainsi en chorus ligne à mesure que les danseurs partent en groupes plus nombreux. Les claquement de doigts qui les accompagnent se muent ensuite en applaudissements lorsqu'on se met à rivaliser de virtuosité à la fin du cours, et le public ne se fait pas prier pour venir en renfort car, vraiment, c'est réjouissant. Et heu, c'est qui, là, le grand dadais à mèche qui fait des sissonnes à l'écart en guise d'entrepas ? Les sauts rajoutent à l'étourdissement qui culmine dans les diagonales des filles : les piqués déboulent à une telle vitesse que je n'ai tout bonnement pas compris ce que les demoiselles tricotaient, malgré les passages réitérés sur la piste de décollage.

Les danseurs sont tous jeunes, très jeunes (ils partent poursuivre leur carrière ailleurs ou l'âge de la retraite est inférieur du tiers à celui de l'opéra ?) mais forment comme une grande famille de frères et sœurs, auxquelles une lointaine cousine rend parfois visite (petite danseuse à T-shirt gris qui a pris le cours en invité). On aimerait bien les adopter.