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19 juin 2016

Julieta

À en croire les critiques, Julieta ne serait pas un vrai Almodóvar : pas assez exubérant, pas assez loufoque, pas assez comique. Un drame, forcément… Et pourtant : des années 1980 flamboyantes, des femmes complexes, fortes et fragiles, lumineuses, aux sourcils épais, qui bouffent l'écran, des prénoms qui se prononcent avec la langue qui vient taper sur les dents ou rouler au fond de la gorge, Julieta, Antía, mère et fille, mer et père, mort, filiation et abandon, la tragédie grecque aux couleurs ibériques. Même dans le drame (surtout dans le drame ?) Almodóvar conserve son style, qu'il sait parfaitement abstraire de ses tics (il faut qu'il en soit conscient pour s'être auto-parodié dans la joie et la bonne humeur des Amants passagers). Son dernier film est sans doute pour beaucoup trop aldmodovarien et pas assez almodovaresque. Je trouve pour ma part splendide la manière dont il met en sourdine son extravagance stylistique pour laisser libre cours à celle de la vie, des destins qui s'y dessinent, et peint le drame en couleurs vives, étoffes rouges, villes et visages lumineux dans les remords et la joie. 

Mit Palpatine

MILF's day

Joyeuse fête des mères : totalement dispensable, tout à fait délectable. Même rouillés, les ressorts de la comédie romantique polyphonique fonctionnent toujours.

On notera toutefois que, pour masquer la rouille, on a un peu abusé de vernis : il n'y a rien qui dépasse, ni les coupes de cheveux ni les pelouses à la Desperate Housewives - pas même la barbe d'un papa-Ken ou la tignasse poivre et sel d'un FILF (une MILF au masculin, quoi). La maladresse, qui fait tout le charme de la comédie romantique, paraît de plus en plus organisée, cadrée, millimétrée, tout juste tolérée. Mais curieusement, cet aspect kitsch n'empêche pas des thèmes plus durs d'affleurer, avec une fille adoptée, un père veuf de sa femme soldat ou des parents racistes et homophobes (il n'est d'ailleurs pas improbable que le kitsch esthétique soit la conséquence de ces thèmes : il faut un maquillage à la truelle pour masquer cette merde). On guette vainement chez Julia Roberts le sourire de Coup de foudre à Notthing Hill ; c'est clairement Jennifer Aniston, avec son air de mom next door, qui s'en tire de mieux (et Kate Hudson, Juno-like).

(Quand j'étais ado, les personnages de comédies romantiques étaient adultes, sans enfants ; maintenant que je suis adulte, ils ne sont plus nullipares mais n'ont toujours pas, hommes, femmes, le mode d'emploi.)