27 mars 2016
La Passion selon Ian Bostridge
Pourquoi retourner écouter La Passion selon Saint Jean1 alors que je n'ai toujours pas découvert La Passion selon Saint Matthieu ? Mais pour Ian Bostridge, pardi ! « Le plus grand Évangéliste des vingt dernières années » selon le théâtre des Champs-Élysées (le plus ianesque selon une proche source murine).
Je ne sais pas si c'est la place en hauteur ou l'accompagnement plus léger, mais sa voix m'a semblé plus forte que pendant le récital de l'avant-veille. Son phrasé « parlé » fait merveille dans le récitatif, et j'accorde au final plus d'attention à l'évangéliste2 qu'aux personnages auxquels il prête parole – fusse pour faire passe-plat entre les uns et les autres, un fragte ici, un antwortete là. Grâce soit d'ailleurs rendue à la langue allemande et à sa conjugaison, car cet antwortete mainte fois répété est un régal. Ne parlons même pas de la rythmique plaintive de weinete bitterlich (quand Pierre, qui a renié Jésus, se souvient de sa parole et pleure amèrement), pfiou…
La musique de Bach m'a paru encore plus belle, plus charnelle, que la dernière fois3, depuis le Herr, unser Herrscher du début, jusqu'au Ruht wohl de la fin, que j'ai chantonné (faux) jusque chez Palpatine. Beaucoup aimé aussi les arias chantées par Iestyn Davies (« Pour me délier des liens de mes péchés, mon Sauveur est enchaîné ») et Stuart Jackson (« In allen Stücken / Dem Himmel gleich geht »), même si leurs voix me font moins d'effet que l'orchestre (Orchestra of the Age of Enlightenment). RuUuUht wohl… ruUuUuht wohl…
1 Je n'en étais pas certaine, jusqu'à l'épisode de la tunique jouée à pile ou face pour ne pas être déchirée. Le détail-qui-tue de trop dans le bric-à-brac biblique. La matériau serait laïque qu'on en aurait tiré une tragédie intitulée Pilate.
2 J'ai profité d'une pause de l'orchestre pour me replacer et voir enfin, entre un coude et une barrière, Ian Bostridge, le visage pénétré, proclamer et éructer l'évangile, accroché à son pupitre.
3 En même temps, théâtre des Champs-Élysées / Philharmonie, il n'y a pas photo niveau chair-de-poule.
15:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
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