22 mars 2008
Balles à blanc
Rapport de l’état-major
Nombre d’épreuves : 6
Heures passées en concours : 30
Galettes de riz englouties : une quinzaine
Carrés de chocolat croqués : une dizaine
Cartouches usées : 2
Copies doubles scribouillées : 14
Soupirs poussés : pas de données chiffrées disponible – estimation haute
En bouche et empalés
Mon estomac se devait de témoigner des épreuves qu’il a traversées. Peu courageux mais braillard. Il a fait un tel boucan que j’ai dû prendre des mesures et lui tendre dès 9h du matin des galettes de riz soufflées en guise de bâillon. Il faut dire que je l’ai mal dressé durant ce concours : en voyant le sujet déprimant de la deuxième épreuve, j’ai commencé par le chocolat. Déviance de souris lorsqu’un lapin (et non un de vos semblables, ânes que vous faites) carburait à la carotte. Et puis, il était désorienté ce pauvre estomac. Se voir accorder comme cela le droit de déjeuner à trois heures de l’après-midi, ce n’est pas humain – on pourrait m’objecter que l’estomac n’est pas humain, certes, mais dans la définition de mon humanité, l’estomac occupe une place aussi démesurée que son appétit. Le déjeuner à trois heures est une expérience à part. Non tant à cause de l’heure à laquelle elle se déroule qu’à celle de sa nature. Des plateaux entreposés comme pour une performance contemporaine où l’on exhibe les restes fossilisés du repas de midi : du fromage-savonnette préservé sous blister ou encore du riz à vague coloration indienne, mais plutôt chinois quant à sa texture gluante. Le tout se déroulant dans l’enclos professoral, avec participation exceptionnelle du micro-onde professeur-only, inclus température et temps de réchauffage.
La drôle de guerre
Résister à l’ennui pendant six heures, si vous vous souvenez bien (le cas n’échéant pas, vous pouvez donner un petit coup de molette pour descendre jusqu’à l’article précédent). C’était ne pas encore savoir que l’on aurait en français un sujet dont le seul problème était justement de ne pas en avoir. A l’ouverture (comme à la conclusion) rien de bien nouveau. Quelques obus le lendemain, sous forme d’éclats de rire latins. Il n’y a rien à faire, l’humour des Romains est une forteresse inexpugnable. Après les blagues carambars de Quintilien, nous avons eu le devoir de rire avec Sénèque, bien connu pour sa jovialité rabelaisienne et son rire débonnaire – ce que ne peut que suggérer un intitulé tel que « Le sage ne doit pas avoir peur face à la vieillesse et la mort ». A la réflexion, en se demandant s’il parlait d’un platane ou d’un homme, nous avons plus ri de Sénèque que cum illum. Une sorte d’allié peu franc du collier ou d’ennemi en trêve de plaisanterie. La seconde solution s’est imposée le lendemain lorsque Cicéron a filé à l’anglaise pour se retrouver dans les lignes d’une légion version étrangère. Je dois avouer n’avoir plus compris grand-chose à la bataille quand le lendemain un espion grec s’est égaré entre la bataille de Salamine et celle des Carthaginois.
Espionnage : les signes qui augurent mal
Quelques informations sont passées au travers des rayons X des yeux professoraux. Qui se sont plaint des désertions. Exagération de l’état-major : tout juste un repos à l’arrière. Mais entre corps ankylosés dans la crispation et les grandes rasades de gnôle pour se donner du courage, on n’a que faire d’entendre crier au feu : « Que d’eau ! que d’eau ! ».
Le service secret a joué à l’antique et s’est contenté de relever les augures. L’avis des douze Césars :
- L’hystérique historique prophétie
- Lorsque j’étais en attente de quelque inspiration divine, le soleil s’est mis à clignoter du morse sur le clocher de Notre-Dame. Note à moi-même : penser à apprendre le morse.
- Lorsque la carotte a été brandie par une lettre classique ayant apporté son déjeuner parce que disposant d’une heure de plus que les lettres modernes et les optionnaires philosophes, ces derniers y ont lu leur perte : les carottes sont crues.
Théâtre des opérations
Pour le sens figuré, figurez-vous un quartier de généraux penchés voire racornis sur leurs études, à faire et à refaire leur plan, pour, une fois dans le feu de l’action, ne plus chercher qu’à sauver leur peau. Marathon et sprint dans la même épreuve.
Pour le sens propre, nous sommes allés regarder les camps troyen et grec s’entredéchirer dans Troilus and Cressilla. Trois heures de Shakespeare sur-titré. Fin des hostilités vers minuit. Couvre-feu une heure plus tard. Une sortie scolaire au théâtre en plein concours blanc, mais c’est la débandade ! Où est passée la discipline militaire ?
Bilan : à venir – prions pour que les stylos des correcteurs ne déversent pas des flots de sang innocent (ou inconscient, au choix). On connaîtra peut-être également le nom du soldat inconnu.
13:54 Publié dans Souris de laboratoire | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Le soldat inconnu, ce sera peut-être toi (si j'ai bien compris la métaphore ^ ^) Je viendrai déposer une gerbe tous les 24 juin (date du résultat de l'ascension de la Montagne sacrée, il me semble) en ton honneur !
Question existentielle : pourquoi les métaphores filées "militaires" gagnent-elles tous les khâgneux ?
Écrit par : zED | 22 mars 2008
Une bonne chose de faite, non? Même si, je suppose, la suite ne sera pas non plus de tout repos.
> carrés de chocolat: dix seulement? Comme j'admire ta modération! Ta tempérance. Tu es raisonnable en tous points. Digne disciple de Sénèque... ^^
Quant aux commentaires qui me viennent sur ton discours latiniste, ils sont trop nombreux pour être étalés ici. Réponse sur mon blog dans peu de temps :)
Écrit par : inci | 23 mars 2008
Allez, plus qu'une dernière bataille (la plus rude), et l'armistice sera signée...
Écrit par : Aleks | 24 mars 2008
Entre la prépa et la danse ma cocotte, tu n'as pas fini d'en imaginer des métaphores filées militaires...
"Allez hop en cinquieme bras préparation basse et que ca saute, on a pas que ca a faire et on est en retard *coup de talon par terre*, Alors François, la musique, ca vient?!!!"
"Action mesdemoiselles, on est pas là pour s'amuser, bande de bras cassés"
A part ca ca fait juste deux heures et quarantes minutes qu'on travaille notre petite batterie, et bien sur, on est en pleine forme...
Courage courage courage!!!
Demain, quand le caporal chef entrera dans le studio, je penserai à toi, promis.
Écrit par : Bulle | 28 mars 2008
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